1964 Ears
C’est une société toute récente qui s’est lancée dans la fabrication d’écouteurs personnalisés. Mais pas seulement.
1964 Ears fabrique aussi des embouts personnalisés, des bouchons d’oreille, des oreillettes bluetooth et propose même un système de moulage d’intras universels.
Les produits sont bien évidemment testés et contrôlés avant de les envoyer aux clients.
L’essentiel des contacts avec l’équipe (5 personnes) se fait via e-mail et par téléphone. Les réponses obtenues sont plutôt expéditives. Pas le temps de trainer.
L’antithèse d’Earsonics !
La lettre Q de 1964-Q signifie Quad, c'est-à-dire Quatre drivers. Il existe aussi chez 1964 Ears ces mêmes écouteurs
avec trois drivers (1964-T),
avec deux drivers (1964-D)
ainsi que des écouteurs avec un seul driver (1964-S).
Les seuls renseignements que j’ai réussi à obtenir concernant les 1964-Q venaient d’Head-Fi.
Sur Head-Fi comme chacun sait, il y a toute sorte de personnes qui s’enflamment très vite pour des nouveautés. On y trouve des avis sérieux et réfléchis côtoyant des réflexions de comptoir.
De plus, une écoute vaut mieux que tous les avis réunis.
C’est donc, comme je le disais un peu plus haut, avec une certaines appréhension que je déballais de leur boite ces très prometteurs 1964-Q.
Malheureusement les délais de réalisation sont longs.
Il existe cependant une possibilité de les avoir en moins de 10 jours. A condition de rajouter 75$ au prix.
Après avoir effectué un achat compulsif mêlé de curiosité, qui se finissait en passage forcé par la douane et une aumône versée en l’honneur de Sainte TVA, c’est avec une certaine appréhension que je déballais mes 1964-Q.
Bundle
Le bundle est assez complet, on y trouve
une boite de transport sérigraphiée avec numéro de série,
un sac de velours pour ranger ses intras,
un kit de nettoyage,
un gel lubrifiant,
un mousqueton,
un adaptateur Jack et enfin
un petit clip pour attacher le câble.
La boite semble plutôt résistante, de plus son intérieur est tapissé d'une sorte de caoutchouc tendre qui doit servir à amortir les petits chocs.


Mais comment ça rentre ?
Et oui on peut en rire, mais voir moulés pour la première fois posés sur une table ne peut qu’éveiller en vous un sentiment de scepticisme quant à la capacité qu’ont vos oreilles à engloutir ces choses énormes.
On les observe, on se les représente dans l’espace. On essaie de reconnaitre son oreille.
Après m’être trompé de côté, je parvenais enfin à les insérer dans mes oreilles (même si la distinction entre oreille droite et gauche se fait aisément au moyen de couleurs).
Dès lors, mes 1964-Q se faisaient oublier.
Pas le moindre désagrément, pas le moindre frottement. Aucune pression ne s’exerçait sur mes oreilles. La taille est parfaite.

Au bout de plusieurs heures d'écoutes je n'ai pas ressenti la moindre gêne. Il est bien évident qu’une bonne prise d’empreinte contribue pleinement à ce résultat.
La finition est très correcte. Cependant ces 1964-Q me semblent fragiles. Mieux vaudrait ne pas les faire tomber.
Petit bémol tout de même, à très faible volume les frottements du câble se font bien entendre. Mais rien de grave à cela, une fois la musique lancée, je n’ai plus eu le moindre désagrément.
Isolation
A faible volume, je n’entendais plus les pseudo-musiciens des rames de métro.
Au bout de quelques semaines d'utilisation, finalement je ne trouve pas l'isolation si bonne. A volume équivalent, j'obtiens un meilleur résultat avec des simples flanges, des biflanges ou même des mousses comply.
L'isolation est tout de même correcte.
Ecoute
Préalable :
Toute l’écoute a été réalisée à partir d’un Cowon S9. Effet à plat et effet perso.
Les 1964-Q connectés en direct sur la sortie audio. Les fichiers musicaux écoutés sont tous codés en Flac et réalisés par votre serviteur.
Ces 1964-Q étant mes premiers intras personnalisés, il est bien évident que je ne saurais les comparer à d’autres intras personnalisés concurrents.
Mes impressions étant tout à fait personnelles, elles ne sauraient en rien vous paraitre semblables aux vôtres. En effet, le cerveau joue beaucoup sur le ressenti audio.
Aussi je vous demanderai de bien considérer ces impressions dans leur contexte global et non pas de vous arrêter aux termes utilisés.
Comme vous le savez déjà, rien ne vaut une écoute.
Volontairement, j’ai fait l’impasse sur certains types de musiques que je n’écoute que très rarement. Il n’aurait pas été cohérent dans ma démarche d’en intégrer dans mon écoute. Il en va de la même logique pour les fichiers mp3.
Une fois mes 1964-Q correctement insérés, j’allumais mon S9.
Le but de cette playlist est de vous faire découvrir mes sensations. Si vous souhaitez avoir plus de détails, plus d’explications concernant ces morceaux, nous pourrons en discuter dans les commentaires.
Nina Simone – Be My Kind
Dans ce morceau presque a capella, dès le début je suis placé au devant de la scène. A l’oreille je pourrais presque définir la taille de la salle où à été enregistré cette chanson.
Je fais incroyablement bien la distinction entre les sons donnés par la batterie et les applaudissements synchro de Nina Simone qui rythme par moment la chanson.
Les 1964-Q se montrent très à l’aise, la musicalité n’est pas sacrifiée sur l’hôtel de la précision. La spatialisation est très bonne. J’avais eu les même sentiments avec les SM3, à la différence que cette fois, je suis debout devant la scène au lieu d’être en plein milieu des musiciens.
Nina Simone – Wild is the Wind
Même remarques en tous points que pour la chanson précédente, sauf que cette fois on se retrouve avec un piano et une contrebasse.
Le choc est grand, je redécouvre cette chanson, je me rends compte que la contrebasse et les piano font plus que simplement accompagner la chanteuse.
Ils équilibrent la chanson. Les crescendos sont intenses, la séparation des instruments est parfaite. Les 4 drivers y sont pour beaucoup. Pour une fois le piano sonne accordé. La contrebasse tient parfaitement son rôle.
Rien à redire.
Ray Charles – What’D I Say
Quel bonheur d’entendre différents niveaux d’intensité pour la batterie. L’impact de la baguette sur la caisse se fait entendre. Merci ici aux médiums. La voix de Ray est sublimée par toutes ces variations d’intensité audible. Les petites cassures de sa voix n’en sont que plus émouvantes. L’entendre reprendre son souffle sans tendre l’oreille est un réel bonheur.
La batterie sonne vraiment très juste. Les cuivres semblent être mis en sourdine.
Sensation que je n’avais pas auparavant avec d’autres modèles d’intras universels.
The Spinners – I’ll be Around
Ce morceau gagne en espace, la scène me semble beaucoup plus grande qu’à l’accoutumée. Les chœurs sont plus présents. En réalité je ne les imaginais pas aussi présent. Encore une fois, la clarté de ce morceau me surprend. Le pouvoir séparateur est (très) convaincant.
Prince - Lavaux
Comment ai-je fait pour passer à côté de tant de sons !!
Les SA-6, les TF10 sont clairement en retrait. La seule paire à tenir difficielemtn la comparaison sont les SM3.
Au niveau du son, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une partition différente. Des percussions inaudibles jusqu’à présent.
En écoutant, j’ai l’impression que certains sons viennent de mon environnement. Ces sons sont en fait très légers dans le morceau. Les effets stéréo et la réverbération aidante, je me suis retourné plus d’une fois de mon siège en croyant que quelqu'un venait vers moi.
Les aigus sont parfaitement maitrisés. Les basses descendent vraiment très bas. Très très bas. Elles sont controllées et ne bavent pas le moins du monde. Les médiums amplifient les sons électroniques.
Là je suis bluffé ! Les 1964-Q se montrent ici très dynamiques.
Leon Haywood – I Want’a Something Freaky To You
Passons le fait que j’ai découvert de nouvelles lignes musicales, des sons me semblent venir d’outre-tombe. L’effet de profondeur est saisissant. Les cuivres sont magnifiques. Rien ne m’était arrivé de tel depuis les SM3.
Sans exagération, ce morceau qui était pour moi latéral droite-gauche du fait de la stéréo devient en 3 dimensions avec la profondeur et la hauteur.
Dans ce morceau, même la batterie gagne en profondeur.
Du coup je m’interroge sur les conditions d’enregistrement.
A moins que ce ne soit mon cerveau qui me joue des tours.
Isaac Hayes – Shaft
Je frémis, la pression est mise dès le début. J’appréhende l’explosion musicale. La pression monte toujours. La basse est très présente. Les cuivres sonnent. Les violons entrent.
La voix d’Isaac Hayes me semble plus grave et plus douce. Plus feutrée.
La musique devient omniprésente. Les basses soulignent et soutiennent parfaitement l’ossature de ce morceau. Elles descendent de nouveau vraiment très bas, on croirait voir les fondations de ce morceau. Sauvage !
Kool & The Gang – Jungle Boogie
Les 1964-Q se montrent précis
Tout y est,
Comme sur le morceau précédent les voix me semblent mieux contrôlées et adoucies.
Un modèle de précision ! Ce qui me semblait trop policé me semble désormais très juste et très précis.
Kenji Kawai – Encounter At the Shrine (Seven Swords)
Des violoncelles qui sonnent comme des violoncelles au début.
Des basses abyssales et des percussions mêlées aux tambours résonnent dans ma tête comme un marteau piqueur. Les mediums se dressent devant moi.
Tout au long du morceau, l’ambiance mystérieuse demeure. Du grand Kawai ! La fin du morceau apparaît telle une lueur dans les ténèbres avant de se laisser s’évanouir dans les ténèbres qui s’étendent.
Ici les 1964-Q parviennent parfaitement à retranscrire cette ambiance si particulière.
Une lueur d’espoir dans le chaos.
Yokko Kanno – Zero Signal (Ghost In the Shell SAC Solid State Society)
Après plusieurs écoutes en boucle de ce morceau mêlant différentes influences (voix de synthèse mélangées, électro, rock, techno) je peux affirmer tout simplement que ces 1964-Q en ont encore beaucoup sous le pied.
Précis, rapides, aérés, l’entrée en scène de la guitare électrique (1’59’’) nous mène dans un tourbillon de sons.
Ça joue dans tous les sens mais le flux sonore est contrôlé. Les 1964-Q semblent s’y plaire.
Ces derniers maitrisent leurs sujets sans être trop démonstratifs.
La composition de Yokko Kanno me fait penser à une cathédrale.
C’est monumental ! Toutes les notes sont audibles, il n’y a pas de bouillie sonore.
La dynamique est la encore impressionnante. Ca monte très haut et ça descend très bas, plus bas encore.
Khaled – Gnaoui (Liberté)
Difficile de retranscrire cette chanson qui invite à la danse. La musique sonne bien. Les voix sont un peu en retrait.
L'équilibre semble parfait. Une fois habitué à la sonorité de mes 1964-Q, je trouve que cette chanson ne pourrait sonner autrement. Tout parvient naturellement. L'impression de lire une partition, tant c'est limpide.
Tant de nuances vocales passées inaperçues.
Berlioz – Symphonie Fantastique (Boston/Munch 1962 - enregistrement analogique numérisé)
Je ne le trouve pas assez enveloppant, pas assez entraînant.
La Marche au Supplice en devient presque une fanfare (j’exagère oui).
J’ai du mal à me situer. Le son d’un orchestre est à considérer dans son ensemble.
Les détails m’empêchent de me concentrer sur mes sensations.
Après un rodage intensif de mes oreilles et de mes quads, je ne peux dire que bravo !!
Tout est là, une fois mes oreilles habituées à la signature, je prends plaisir à écouter du classique avec ces écouteurs.
Kesha – Backstabber
La voix de Kesha se fond dans la musique. Le synthé sert de fil de conducteur à la musique. C’est très marqué. Je commence à bien apprécier l’équilibre des ces écouteurs sur cette chanson. On est loin de la signature en V de mes TF10. Je redécouvre les médiums !
Médine – Self Defense
Pas assez de basses. La voix est bien retranscrite. Il me faudrait ici les basses du HFI-780.
Néanmoins les basses ne bavent pas.
Avec un EQ perso, ça cogne mieux.
Dans l’ensemble le rythme est bien suivi, les 1964-Q ne se laissent pas piéger cette fois par des petits détails. L’important est sauf, la voix et le rythme.
CONCLUSION

Pour :
- Le prix
- La finition
- Un bundle bien fourni
- Le son dans son ensemble
- Les détails qui fourmillent
- La customisation/personnalisation
- Ecouteurs très dynamiques
- Qualité de fabrication
Contre :
- ?????????
Musicalement, ces écouteurs envoient du bois !!
Ils sont très polyvalents.
Le slogan de la société est « Hear Everything ». Ils ne croyaient pas si bien dire.
Ces écouteurs font à merveille ce qu’on attend d’eux.
La séparation des instruments est excellente. Les détails sont omniprésents.
Aucunement besoin de tendre l’oreille. Ils nous viennent tout naturellement.
Ces écouteurs au rapport qualité/prix imbattables sauront tirer la quintessence de vos fichiers musicaux.
Il est bien sur fortement conseillé d’avoir des fichiers musicaux encodés de manière satisfaisante.
J’avais longuement hésité pour cet achat. Personne ne pouvait m’en prêter une paire pour tester, ce qui semble normal pour des moulés. Et comme cette société ne fabrique que des intras personnalisés il était d’autant plus difficile de définir le son. En effet il n’existe pas à ce jour d’intras universels 1964 Ears.
Après avoir lu quelques retours sur Head-Fi (avec toutes les incertitudes liées aux ayatollahs de l’audio) je décidais de franchir le pas et de commander ces écouteurs.
Bien m’en a pris !!
En les comparant à des intras universels, les 1964-Q sont bien au dessus. En considérant le champ musical auquel s’adresse ces intras, les seuls modèles à s’en rapprocher sont les SM3 grâce à leur polyvalence exceptionnelle. Mais de très loin !!
Cette comparaison moulés – universels n’est faisable qu’à cause du prix de vente de ces intras.
En effet le prix annoncé, hors personnalisation et hors frais de port est de 500$.
Avec la conversion $->€ on retrouve donc les 1964-Q sensiblement plus chers que les intras universels haut de gamme.
Financièrement c’est une bonne affaire. Enfin si vous êtes chanceux ou astucieux avec la douane.
Quelque soit votre style musical, ces écouteurs devraient vous ravir.
En effet, malgré toute la technicité de ces IEM, la musicalité est excellente.
On chante, on bouge, on tape du pied et on hoche la tête.
Dois-je m'offrir ces écouteurs?
D'un point de vue purement sonore: OUI <- Ces IEM frôlent la perfection !
D'un point de vue purement économique: OUI <- Comparé à la concurrence ces IEM sont très abordables.
Néanmoins, des moulés ça ne se revend pas. Mieux vaudrait ne pas se lancer dans l'inconnu comme je l'ai fait.
Pour ces 1964-Q, il est impossible de les écouter (à moins bien sûr de faire un détour par Portland).
Votre déception pourrait être inversement proportionnelle à vos espoirs.
Confrontez les avis, posez vos questions, ne vous lancez pas à la légère !
De plus, ces customs requièrent la plus grande attention, l'entretien, l'utilisation et le stockage.
Inutile de vous préciser que ces écouteurs se rangent soigneusement dans un étui dédie. Si vous avez l'habitude de jeter vos écouteurs au fond de vos poches ou de votre sac/cartable, ces écouteurs ne résisteront pas très longtemps
Une fois de plus, j’insiste sur le caractère subjectif de mes interprétations.
En remerciant les personnes qui ont eu le courage de tout lire, je vous invite à me poser vos questions, j’essaierai d’y répondre le plus clairement possible.
J’attends désormais avec impatience le comparatif 1964 Ears/ Earsonics que nous réalisera David Sylvian pour pouvoir les situer face à un poids lourd reconnu du secteur.
Mihmoh pour Tellement Nomade

Nous rappelons que les appréciations sont à remettre dans leur contexte. Niveau gamme du produit, prix pratiqué, public visé. Il n’est pas conseillé de comparer les notes de deux produits différents. Cette note est à titre d’information pour un produit donné dans une gamme bien précise. Nous vous conseillons plutôt de lire attentivement le test dans son intégralité.