Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… C’est donc avec Lui que ma balade a commencé en compagnie des Casques, des "boîtes à musique" de chez Grado Labs.
Lui, autrement dit le SR125, prédécesseur du SR125i (pour improved) Car si l’on évoque régulièrement, et à juste titre d’ailleurs, les célèbres « boisés » de la marque américaine, les « plastiques » ne manquent pas pour autant d’atouts pour charmer les amateurs. J’en sais désormais quelque chose.
Flash-back : L’année 2009, quelque part sur Headphone Road...
…Serait-il possible que je sois un Grado addict qui s’ignore ? Honnêtement, ça tenait plus de la boutade qu’autre chose étant donné ce que j’avais pu lire au sujet de la signature sonore des Grado vis-à-vis de mes affinités, voire de ma tolérance.
Mais, s’il y a bel et bien une chose que j’ai apprise, c’est qu’il ne faut jurer de rien. Et ce n’est pas la rencontre du Beyerdynamic DT 880, avec les conséquences qui s'ensuivront pour l’AKG K340 qui le démentira.
Après tout, qu’est-ce que je connaissais vraiment des Casques conçus par Joseph et John GRADO ? Très, trop peu de choses si l’on fait abstraction des retours d’expérience de ceux qui s’y étaient essayés et le cas échéant, en avaient adoptés.
En dépit de l’excellent souvenir que je garde du meeting GMP3 auquel j’avais été convié, la brièveté durant laquelle j’avais écouté le GS1000 et le HF-1 ne m’avaient pas permis d’avoir une substantielle opinion à ce sujet.
J’étais au moins certain d’une chose : Impossible de confondre d’aspect un Grado, sauf avec un Alessandro. Ce qui n’a rien de surprenant puisque ces derniers sont des… Grado d’origine.
Et peut-être aussi d’une seconde, celle qui laisse entendre qu’un Grado ne laisse pas indifférent celui qui le coiffe. Soit, il l’aimera, soit il le détestera… D’accord, un auditeur averti en vaut deux.
Si on m’avait demandé il y a encore peu de temps de définir en deux mots les Casques Grado, j’aurais donc eu tendance à dire sans grande réserve : Look vintage et son brut de décoffrage à l’exception du GS1000, lequel semblerait se démarquer suffisamment de ses congénères au point d’avoir déçu certains aficionados de la marque.
De l’aveu même de certains fans, le confort n’est pas le point fort des Grado. Et de ma brève expérience réalisée lors dudit meeting, j’y ai adhéré. Y compris avec le GS1000, tout circum-aural qu’il soit, dont les jumbo pads en mousse manquaient trop de fermeté et de maintien à mon goût.
Bon, redescendons sur Terre et laissons le GS1000 et autre HF-1 puisque c’est « juste » du SR125 dont il sera question dans la brève de comptoir qui va suivre.
Difficile de s’y perdre : Que ce soit la gamme Reference ou Prestige, tous les modèles affichent les mêmes impédances et sensibilités : 32 Ω & 98 déciBels, une architecture ouverte ainsi qu’une conception de type supra-aural. La bande passante théorique est plus étendue à partir du SR225, mais je n’y accorde pas plus d’importance que ce critère n’en possède concrètement.
Le SR125 est donc issu de la première des 4 gammes en production actuellement chez Grado Laboratories, c’est-à-dire la Prestige Series.
Ca n’a en rien influé sur le contenu de ce qui va suivre, mais pour la petite histoire, le SR125 s’était vu attribuer plusieurs distinctions par les magazines Stereophile et Hi-Fi Choice.
Je contemple le SR125… Il a de sérieux atouts pour faire cheap à mes yeux, avec ses pads en mousse, la minceur de son arceau et une structure moulée en plastique. Mais je dois reconnaître que son look vintage va peser suffisamment lourd dans la balance au point de la faire basculer finalement du bon côté.
Et à part çà ? Et bien, il est doté d’un câble symétrique droit, inamovible, d’une longueur satisfaisante en usage sédentaire mais avec une propension à s’entortiller à l’usage.
Avec un ratio impédance/sensibilité identique aux SR40, SR60 et SR80, le SR125 aurait pu également être livré avec un adaptateur 6,35/3,5 mm. Le moins que l’on puisse dire avec ce modèle-ci, c’est : Accessoires, connais pas ! Je me consolerais donc avec la lecture du feuillet de congratulation et de mise en garde qui est glissé sous la mousse.
Si je n’ai pas cherché à en savoir plus à propos des récompenses et autres distinctions dont avait fait l’objet le SR125, j’ai eu l’absolue certitude au premier regard que son packaging ne pouvait avoir fait l’objet de la moindre distinction, hormis éventuellement dans un concours de… boîtes à pizzas. J’ouvre donc ladite boîte pour trouver le Casque enchâssé dans un écrin de mousse légère.
Les présentations étant faites, on peut entrer maintenant dans le vif du sujet et… des grosses surprises.
Qui diable a écrit que les Grado étaient inconfortables ? Il vient d’y avoir moi quelques lignes plus haut, par exemple, et je dois bel et bien réviser partiellement mon jugement. Tout au moins en ce qui concerne la catégorie « plastique » à laquelle le SR125 appartient. Car le SR125, très léger, se révèle assez agréable à porter, les pads ne m’irritent pas, l’inconfort jouant toutefois sans ambiguïté les trouble-fêtes à vouloir chausser mes lunettes. Dans la foulée, mes réticences vis-à-vis des Casques supra-auraux et la pression qu’ils sont susceptibles d’exercer sur les oreilles perdront aussi du terrain. Une opinion que chacun devra évidemment se forger en fonction de sa propre morphologie et de son degré de sensibilité.
Avant même d’entrer en sa possession, j’avais décidé de soumettre en majorité le SR125 à des écoutes d’albums au style énergique (enfin, à mon goût, hein…) puisqu’il semblerait que ce soit là le domaine de prédilection des Grado. Ah oui, comme de coutume, c’est donc ma « Main de Fer » et mon « Gant de Velours » trônant, impassibles, derrière le comptoir qui seront à la manœuvre.
Mmm… C’est tout moi, ça : Je passe du temps à établir une nouvelle playlist pour jeter, pris d’une impulsion subite, mon dévolu sur d’autres choses dès le premier galop d’essai. Mon côté bohème ?... Bon, enfin bref… Où en étais-je ? Ah, oui…
…En train d’aller de surprise en surprise avec ce Casque.
En effet, là où je m’attendais à entendre une signature live et dédié à l’épate, le SR125 offre une restitution effectivement live et… moins typée que je ne m’y attendais. Il ne se démarque donc pas autant que je l’avais imaginé vis-à-vis du DT 880, à l’exception d’un registre grave sensiblement plus en retrait.
N’étant pas adapté à ce que requiert les extraits choisis, j’avais décidé d’écarter le K340 de la confrontation. Ce sera donc exclusivement le Beyerdynamic DT 880/600 Ω Edition 2005 versus le Grado SR125.
J’ouvre les hostilités avec l’album sacred love assez fatigant avec sa tendance « bass boost » et la sibilance rapidement crispante sur les labiales de STING. Un choix très discutable, car je suis convaincu que je n’ai pas affaire à un mastering exemplaire. Enfin, puisque de toute manière, je n’ai pas absolument l’intention d’en rester là…
A l’écoute de never coming home, je me rends vite compte que le Grado s’avère… moins éprouvant que le Beyerdynamic. Les labiales se font plus acérées avec ce dernier. Un constat qui me surprend, et pas qu’un peu, vis-à-vis de ce que j’avais pu lire sur le caractère incisif des Grado dans le haut du spectre. De facto, le SR125 a pris le parti d’arrondir, ici, un chouïa les angles.
C’est... entendu, les basses du DT 880 sont plus texturées et plus pleines que son rival natif de Brooklyn. Vis-à-vis de celles du SR125, elles me paraissent plus saillantes et légèrement plus trainantes. A sa décharge il faut dire que l’écart d’impédance entre les deux challengers n’est pas mince : 32 Ω versus 600 Ω. Alors, en dépit de la maîtrise dont fait preuve le RudiStor, ça se ressent tout de même un peu à l’oreille.
Finalement, choisir cet album n’est pas une si mauvaise idée que çà, pour être riche en effets de studio. Et là encore, j’adhère davantage à l’interprétation qu’en fait le SR125, certainement moins rigoureuse sans être outrancière, plus fun, plus insouciante que celle du DT 880. L’équilibre tonal du Grado est plus montant, ce qui impacte sur la propagation des échos, lesquels résonnent moins longtemps à l’écoute du Beyerdynamic, ce dernier étant attaché à davantage de droiture. Ce que l’on ne peut décemment lui en faire le grief.
L’image du Grado offre davantage d’aération, la conséquence d’une architecture totalement ouverte ? D’un équilibre plus haut perché ? D’un registre grave plus discret ? Oui, probablement. Quoiqu’il en soit, celui-ci est en passe de faire ma conquête, armé de cette présentation atypique, située aux antipodes de celle d’un K340. Tellement accrocheuse de proximité et de sensations inédites.
J’enchaine avec l’album de Chris REA the road to hell, au mastering beaucoup plus ancien, mais moins compressé.
the road to hell (part I & II)… La pluie battante, le va-et-vient monotone des essuie-glaces, les voix à la radio s’estompent… Chris surgit alors du néant et entonne son évocation. (02.42mn)
Dans un premier temps l’absence du grain distillé habituellement par le DT 880 sur le timbre de sa voix se fait cruellement ressentir. Mais les accords lancinants qui s’échappent peu après de cette guitare électrique vont… et bien, m’électriser à mon tour ! Bon sang, je n’ai jamais entendu une guitare sonner comme le SR125 me la restitue. En deux mots ? Quel pied !
Au fur et à mesure du morceau, je me rends parfaitement compte que je suis en train de me laisser séduire par son interprétation… Et oui, c’est bien du Grado dont je suis en train de parler. Avec la signature qui est la sienne, avec cette sonorité au caractère moins « trempé », un peu simplifié dans ses timbres comparativement à ceux que recèle le DT 880, mais qui regorge diablement de présence et de rythme.
Je le constate à nouveau, la localisation des guitares sur ce titre étant éloquente (04.05/04.26mn) Le SR125 n’a pas omis d’être précis et aéré.
Je m’attendais avec the road to hell (part II) à entendre le Beyerdynamic être surclassé insolemment par le Grado sur le tempo. Objectivement, le Beyerdynamic aura défendu chèrement sa position, affublé de 600 Ω d’impédance et de 02 dB de moins (96 dB) que le Grado, ce qui est un écart conséquent.
Vous prendrez bien une rasade de New Wave des eighties ? Avec plaisir ! Et nous voilà partis avec l’album motels, lequel recèle quelques titres assez nerveux, ce qui aura pour conséquence de faire bouger les lignes suffisamment pour me conforter dans le fait que ma préférence va, sans réserve d’aucune sorte, au Grado.
Celui-ci est plus exaltant avec un sens du rythme, une sorte de fluidité, d’allégresse qui tranchent avec le Beyerdynamic. Celui-ci n’en devient pas pour autant à la ramasse, il a beau se retrouver en seconde position, il n’en serait pas pour autant en queue de peloton le cas échéant, loin s’en faut. Il est même plus abouti dans son équilibre, raffiné dans ses timbres… Mais le Grado a quelque chose, un je ne sais pas quoi d’enjôleur, mais qui fait que j’accroche comme rarement à son interprétation.
L’intro de celia me confirme que les basses du Grado sont plus mates comme je l’avais déjà ressenti à l’écoute des premiers extraits. Celles du DT 880 sont plus abruptes, plus pléthoriques et un peu plus profondes que celles du SR125. Mais ce que j’apprécie avec le Grado, c’est que ses basses allient impact et rapidité sans que cela se paie par de l’agressivité. Et je ne fais pas qu'apprécier, j’aime.
closets & bullets… Ce morceau conforte mon sentiment sur la restitution d’un haut de spectre plus incisif de la part du DT 880. Il n’y a pas un monde entre les deux Casques, mais la différence se fait tout de même bien sentir sur deux passages (0.49 & 1.44mn) à l’intensité éprouvante. Le Grado s’en sort mieux sans aller jusqu’à dire qu’il m’a cajolé.
Mes derniers doutes sont levés, le Grado s’est imposé là où je m’attendais à entendre le Beyerdynamic conserver l’avantage. A l’instar de la restitution des percussions, moins scintillantes avec le Grado, et ce quelques soient les extraits choisis.
Tout arrive ! Je deviens enfin raisonnable en sollicitant ma playlist !
J’opte donc pour les passantes de Francis CABREL.
Sans surprise, les passages sélectionnés (0.24 & 1.14 & 1.33 & 1.46mn) me confirment une plus grande richesse de timbres de la part du DT 880, mais empreinte d’une certaine âpreté dans le haut-médium/aigu. Le SR125, quant à lui, est plus lissés dans ce registre-là. Il me paraît, une fois encore, être attaché à une certaine sobriété tout en usant de l’Art de la séduction. Ses timbres me plaisent et comme précédemment, les accords de guitare qu’il restitue, me feront systématiquement frémir l’oreille.
La restitution du Grado SR125 dans son entier témoigne donc d’une bande passante un peu simplifiée face à celle que détient le Beyerdynamic DT 880/600 Ω. Mais dans la gamme où il se positionne, il va falloir compter avec lui. Ce qui m’épate, c’est qu’il sait à la fois offrir de la tempérance tout en insufflant de l’exaltation à son auditeur, sans jamais partir en vrille. Et puis, impossible pour moi de faire l’impasse sur l’interprétation qu’il fait des guitares sèches ou électriques, lesquelles se sont avérées à chaque reprise réellement formidables d’émotion.
SR125 ceci, SR125 cela… Pff, et mon infortuné Beyerdynamic DT 880, alors ?
Plus confortable, plus rutilant, nettement plus robuste, il offre une palette de timbres plus riche, une homogénéité accrue, une présentation plus classique, une image plus profonde, mais se voit défavorisé par ses accents parfois incisifs. Il serait caricatural de s’en tenir à ce dernier point pour justifier mon récent et fervent attrait en faveur du Grado. Oui, cela serait déloyal de ma part. De facto, le DT 880 n’est rien de moins que celui qui a mis un terme à la suprématie, le terme n’est pas usurpé, du K340 dans mon bar. Ce qui n’était pas une mince affaire, parce qu’elle imposait de détenir de grandes qualités.
Quant à mettre en lice le SR125 face au K340 dans la mesure où le premier s’est affirmé d’une façon à laquelle je ne m’attendais pas, j’en ai rapidement conclu que nos deux Casques étaient de tempéraments diamétralement opposés. D’emblée par leurs présentations, et ensuite par la tempérance charmeuse du second contrastant avec l’énergie tellement communicative du premier.
Une dernière chose avant de mettre un terme à cette brève de comptoir. N’en déduisez pas pour autant que je suis sur un petit nuage vis-à-vis du SR125. En fait, j’aurais même tendance à penser qu’il pourrait aisément faire parler la poudre et mettre son auditeur à rude épreuve en étant lui-même soumis à des masterings approximatifs. Indéniablement, il n’arrondira pas autant les angles comme un K340 sait si bien le faire en jouant l’apaisement, si je puis l’exprimer ainsi « au bon endroit et au bon moment »
Alors ?! Grado addict ?... Ma foi, ça semble bel et bien en prendre la tournure. Pfiou, je dois bien reconnaître que l’interprétation « live » que ce Grado me chuchote à l’oreille est fichtrement accrocheuse. L’avenir le dira…Pour avoir d’ores et déjà décidé que lui et moi ferions un bout de route ensemble.
Headphone Road
Juin 2009
Merci d'avoir été l'artisan de cette merveilleuse rencontre, Eric.