Cette fois au programme, un test/feedback/review (appelez ça comme vous voulez) des To Go! 334. S’en suivra de petits comparatifs avec quelques uns de ses petits camarades de classe. C’est parti mon kiki !
kesako Francine?
Il était une fois FitEar, une petite entreprise de moulés créée par monsieur Suyama (au passage au Japon on n’utilise pas trop le nom FitEar mais on dit plutôt « les écouteurs de chez Suyama » plus classe !). Et puis le monsieur a eu l’idée folle un jour d’universaliser un de ses modèles moulés et paf !...ça a fait des choc…euh… des To Go! 334. Basé à Tokyo, dans le quartier de Ginza (leur loyer doit être bien high end aussi) FitEar s’est imposé chez les artistes japonais, mais comme ça ne leur suffisait pas, les voilà partis à la conquête du marché des universels haut de gamme.
On se retrouve donc avec un premier modèle d’universels, les To Go! 334, version universalisée des moulés MH334. MH pour Mitsuharu Harada, un éminent ingénieur du son japonais qui s’est occupé personnellement du réglage des MH334 et de leur grand frère, les MH335DW. Le 334 quant à lui, c’est pour 3 Way, 3 Unit, 4 Driver. Pour payer leur loyer à Ginza, FitEar se doit de pratiquer des tarifs stratosphériques. Ainsi comptez environ 1700€ pour des MH335DW, 1500€ pour les MH334 et 1000€ pour le modèle qui nous intéresse ici les To Go! 334. Avec ça, on arriverait presqu’à nous faire croire que les To Go! sont une affaire.
Le première chose qui choque lors de la première rencontre avec les T334 (j’en ai marre de taper To Go! 334 désolé) c’est leur taille. Nous sommes certainement en présence ici des universels les plus massifs qui existent. Autant le dire tout de suite, le fit ne risque pas de plaire à toutes les morphologies d’oreille. En ce qui me concerne, je n’ai eu aucun problème de fit. C’est même l’un des intras les plus confortable qu’il m’ait été donné de porter, j’ai par exemple un meilleur confort qu’avec des Westone 4 pour citer une référence bien connue. Mais je ne saurais que conseiller de les essayer avant tout achat, il serait dommage de ne pas pouvoir en profiter à cause d’une incompatibilité de design d’oreille. Enfin une fois introduits dans les cages à miel, une partie de l’intra ressort assez grossièrement de l’oreille vous donnant un petit air de la créature du docteur Frankenstein.
Le second gros choc avec l’entrée en contact d’un produit FitEar, c’est le niveau de finition et de qualité de fabrication juste formidable et jamais vu ailleurs. J’en connais qui devraient prendre exemple (ça commence par « JH » et fini par « Audio » pour ne citer personne). On a du mal à croire que l’on a affaire à un produit fait à la main : les coques sont parfaitement lissées et symétriques, le tout semble extrêmement robuste, le câble vient s’emboîter à la perfection dans le connecteur avec un petit « clic » de sécurité, ce dernier n’est pas en reste et respire la solidité. Jamais vu un câble d’une telle qualité de série sur un écouteur. Je regretterais cependant sa rigidité et le jack droit qui n’en feront pas un modèle de praticité. Aussi il s’avère être un peu plus sensible aux microphoniques que les câbles tressés classiques des moulés que l’on retrouve chez beaucoup de concurrents. Rien de dramatique cependant.
Concernant le package, pas de fioriture ici pour ne pas dire un peu radin : une boîte plastique Pelican résistant à tout épreuve, un petit sac en tissu pour bien emballer les écouteurs, un petit outil de nettoyage, 3 paires d’embouts en silicones classique de 3 tailles différentes et une paire de double flanges. Les embouts classiques auront ma préférence et m’offriront un confort et une isolation optimale, là encore, au dessus de tout ce que j’ai pu tester sur un universel.
It’s alive ! It’s alive ! It’s aliiive !
Comme expliqué précédemment, les T334 sont la version universalisée des MH334, un moulé à 3 voies et 4 driver. Cependant FitEar n’a pas fait un simple « portage » de moulé à universel. Les To Go ont à leur bord une canule en titane au design unique, qui aurait des propriétés magiques, limite vaudou sur la restitution sonore. On en pensera ce qu’on voudra, enfin tout ça pour dire que les T334 seraient plus exactement une version 1.2 des MH334. Si vous voulez vous pouvez toujours me faire un don gracieux de 1500€ pour que j’aille tester la version moulée et je vous ferai un comparatif des 2 (Quoi !? on me dit que les gens s’arrêtent de lire mon feedback après avoir lu cette phrase !?).
Bon allez, presque 2 pages que je vous gonfle avec des futilités, parlons du son maintenant cousin !
Fidèle à mes habitudes cette partie sera composée de remarques générales sur les T334, puis je viendrais agrémenter le tout de comparaisons plus ou moins pertinentes.
Mon tout premier contact avec les To Go n’avait pas été des plus probants. Dans mon parcours d’audiophile mes goûts se sont de plus en plus affinés vers la recherche de la rigueur, de la « neutralité », de la fidélité à l’enregistrement. C’est comme ça que j’ai fini avec un T1 en mode sédentaire et des JH13 (enfin j’essaye) pour le nomade. Force est de constater que les T334 ont une présentation du son clairement du côté obscure de la force. Pour vous faire une idée, ils sont un peu plus sombres que des Westone 4 avec les embouts en silicone gris (je précise parce que les W4 sont très sensibles du bout…zzz…). Rien d’excessif cependant, mais si votre casque de prédilection est le K701, un passage aux T334 risque de vous provoquer une crise cardiaque. Vous voilà prévenus.
Tout ça pour dire que ce ne fût pas le coup de foudre au début. Après un petit rodage du cerveau d’une trentaine de minutes, les innombrables qualités de ces intras me sont apparues.
Groove romantique (sans lunettes)
Commençons par les basses, très généreuses, bien articulées, texturées et de type très enveloppant, tout reste sous contrôle cependant. Les T334 prennent le parti pris de basses fluides, donc les fanatiques de basses sèches et rapides pourraient trouver mieux ailleurs. Ces basses me rappellent pas mal celles du DX1000…en plus contrôlées étendues et détaillées, avec moins d’impact, intras oblige. Ce qui est assez remarquable cependant, c’est leur capacité à « circuler » et à arriver jusqu’à vos oreilles très naturellement. J’ai rarement, voir jamais eu ce genre de sensation sur un intra jusqu’à aujourd’hui. Cette sensation va se retrouver aussi dans les mids.
Comment pourrais-je vous parler des médiums des T334 ? Je crois que pour résumer : meilleurs médiums de la création de la galaxie depuis le big bang. Non sérieusement, c’est un des gros points forts des ces T334. Dans mon test des JH13, j’avais trouvé les médiums de ces derniers très texturés, mais ils ne tiennent pas vraiment la comparaison pour le coup avec ceux des T334. Chauds, organiques, articulés à l’extrême, ils se fondent en harmonie parfaite avec les basses donnant à la fois un groove de folie, un romantisme et un réalisme palpable et organique à la restitution sonore (Oh mon Dieu! cette phrase ne veut absolument rien dire!). Avec tout ça ont pourrait croire que les T334 sont colorés, que nenni ! La fidélité des timbres dans tous les registres est belle et bien là. Tout apparaît clairement. Aucune sensation de manque nulle part n’est venue me frapper durant mes longues écoutes.
Et ce malgré des aigus plutôt en retrait. Les aigus des T334 ont ce parti pris plutôt rare dans le haut de gamme. Ca ne les empêche pas d’afficher une clarté et une précision à toute épreuve. Pour faire simple, en retrait mais cristallins, très aiguisés, voir un peu secs. Là aussi l’intégration au reste du spectre est minutieuse, tout s’assemble naturellement pour former un tout d’une grande cohérence. J’ai pu cependant faire l’expérience de dureté dans certaines fréquences dans l’aigu, sur certains enregistrements, sur certains instruments, notamment la cymbale crash, sur une certaine source (le J3, qui pour le coup n’est pas le meilleur mariage avec les T334) à un volume légèrement élevé. Bon vous me direz que ça fait beaucoup de conditions, mais ça a suffisamment attiré mon attention lorsque la chose se produit pour en parler ici.
Avec tout ça, qu’en est-il de la transparence. Je dirais que l’on a ce qu’on est en droit d’espérer d’un produit de cette gamme là. Certains autres produits seront peut-être plus exubérants sur ce point-là, mais le moindre pet de mouche présent sur l’enregistrement se fera bien entendre sur les T334. Ils ont un petit côté force tranquille ces T334 : bien qu’ultra performants ils ne cesseront d’attirer votre attention sur la musique et rien que la musique.
Cela ne serait pas possible sans une spatialisation venue d’ailleurs. Oubliez vos préjugés sur la spatialisation avec les intras. Les T334 ont une nette longueur d’avance sur tout ce que j’ai pu écouter qui s’incère dans l’oreille. Contrairement à d’autres intras qui vont s’amuser à faire illusion en élargissant grossièrement la balance droite-gauche ce qui abouti souvent à un rendu « dans la tête », les T334 eux resserrent tout ça et donne l’impression de se retrouver devant l’orchestre. Cela n’aurait pas fonctionné sans une profondeur, un étagement des plans absolument incroyable et une sensation de circulation du son jamais vue dans un intra. Le tout est juste saisissant ! Quelle cohérence ! Les Westone 4 proposaient un peu ce genre d’approche, mais là les T334 vont beaucoup plus loin dans ce sens. En plus de donner cette illusion d’être devant un orchestre live, avec les musiciens, cette spatialisation permet une écoute des moins fatigantes et les heures en compagnie de ces ToGo peuvent s’enchaîner sans aucun souci. Même les vieux enregistrements de jazz assez extrêmes sur la balance droite-gauche passent à merveille. Un véritable tour de force. Ils auraient pu nommer les T334 : « les Intras…EN 3D ! et même pas besoin de lunettes 3D »
Les filles d’à côté (épisode 2)
T334 VS JH13
C’est assez amusant de voir que ces 2 intras qui ont une approche radicalement différente du son, aboutissent tous les 2 à un grand réalisme de la restitution, chacun dans leur style propre. Outre mes soucis de fit/SAV avec mes JH13, je suis toujours un grand grand fan de leur son. C’est neutre, rigoureux, ultra détaillé, ça a une pêche et une rapidité inégalées. Les JH13 sont pour moi de gros frimeurs, ils balancent à la tronche toute ses qualités. Surtout quand il s’agit de la transparence et de la rapidité. Les T334 ont plus une approche au service de la musique sans en faire des tonnes au premier abord, mais pas moins performants. Personnellement, si on ne prenait en compte que le son, il me serait impossible de trancher. Les JH13 ont ce côté jouissif, eargasmique que j’aime beaucoup notamment grâce à leurs basses ultra speed, leurs aigus fabuleusement texturés et contrôlés. Les T334 ont pour eux des médiums et une soundstage incomparables, une signature au groove et au romantisme inégalé, un côté plus contemplatif et plus vicéral à la fois. J’ai une tendance à préférer les T334 sur de l’acoustique et les JH13 sur de l’électrique, mais ça ne veux pas dire que l'un ne sais pas faire l'autre magistralement non plus.
T334 VS Miracle
Là aussi un match intéressant. Les Miracle se rapprochent beaucoup des JH13 lorsqu’il s’agit de la réponse en fréquence, avec une légère emphase sur l’aigu. On retrouve un peu plus de la fluidité des T334 dans ces Miracle comparés aux JH13 qui sonnent plus secs dans les médiums et les basses et qui gardent l’avantage en terme de rapidité. La spatialisation me paraît un peu meilleure que sur les JH13 mais toujours pas au niveau de celle des T334. Ils m’ont particulièrement plu sur de l’acoustique. Quelques rares enregistrements sont très mal passés dessus lors de mes tests. Le niveau de transparence très élevé et cette petite emphase sur les aigus ne doivent pas y être étrangers. Pour quelqu’un qui cherche un son neutre, les Miracle sont un concurrent à sérieusement considérer. Je sais que si j’avais pu les essayer avant, j’aurais longuement hésité entre eux et les JH13.
T334 VS MH335DW
Le MH335DW est le modèle le plus haut de gamme de FitEar. A l’instar des 334, c’est monsieur Mitsuharu Harada qui est derrière le réglage de ces derniers et ça se sent bien. La signature générale est très similaire aux 334. Je les décrirais comme des 334 auxquels on aurait mis un peu de JH13 dedans : basses un peu plus sèches et rapides, aigus un peu plus mis en avant. Sachant cela, je crois que je peux dire en toute objectivité que ce sont les moulés les plus performants qui m’ont été donnés de tester. Après je suis sûr que beaucoup préfèreront les 334 car les 335 perdent un peu de ce romantisme si particulier des 334. Moi, je crève d’envie que FitEar nous sorte un jour un To Go! 335. Si telle chose arrivait, je me jetterais dessus car à 1700€ la paire de moulés, ça m’est (pour le moment) inaccessible. Pour les taxer de SR009 du monde de l’intra, il n’y a qu’un pas.
EDITAmplification
Les TG334 sont des petites choses sensibles et requièrent une source impécable (très sensibles au souffle). Dans l'univers de l'audio j'ai toujours été plus ou moins septique du gain réel qu'apportent les sources et amplifications hors de prix. Cependant les T334 sont certainement les écouteurs les plus exigeants sur la qualité de la source que j'ai eu dans les mains (intras et casques compris). En comparaison les JH13 par exemple s'avèrent être bien plus dociles et sonnent bien sur tout et n'importe quoi. Du coup j'ai une tendance à préférer les JH13 en mode nomade branché au cul de mon J3, alors que sur mon installation sédentaire (Corda Stage Dac + Corda Concerto, en Jan Meier rocks mode) les T334 vont foutre une petite claque aux JH13. Conclusion: il faut absolument que j'upgrade ma source nomade mais aucun produit ne me convient à l'heure actuelle...la vie est dure!
Le mot de la fin.
Quel magnifique produit nous a sorti FitEar avec ces To Go! 334. Précurseur de l’intra moulé universalisé, qualité de fabrication tout simplement jamais vue, qualités audiophiles du niveau des meilleurs moulés du marché. Ils arrivent même à surpasser nettement la concurrence sur certains points (les médiums et la spatialisation) à mon sens. On sent l’énorme travail de recherches, de réglages en amont pour sortir un produit si exceptionnel. Mais ce perfectionnisme à un prix et il est de 99 500 yen. J’espère voir de tout cœur de nouveaux produits tout aussi prestigieux de la part de FitEar, les horlogers suisses de l’intra.
Qu’est-ce que c’est qu’est bien :
+ Qualité de fabrication et de finition
+ Qualité du câble
+ Confort
+ Son en général, mids et spatialisation en particulier
Qu’est-ce que c’est qu’est pas bien :
-Câble qui pourrait être plus pratique (plutôt rigide, un poile sensible aux microphoniques et jack droit)
-peut ne pas "fiter" toutes les oreilles
-accessoires un peu radin
-aigus capricieux dans de très rares occasions
-onéreux