Une personne m'a ramené ce matin même une pile de plusieurs centaines de Compact Discs, afin que je puisse l'aider à sauver sa collection (avec de nombreuses références excessivement rares).
Mais il m'a été impossible de pouvoir l'aider car toutes les couches de plusieurs disques étaient carrément rongées par une oxydation/corrosion.
Image d'illustration de mes propos
Je me suis équipé au fil des années, notamment de plusieurs machines pour combler les manques.
Compensant les erreurs de lecture au niveau logiciel, par une détection profonde des erreurs ou des algorithmes prédictifs ou heuristiques, pouvant recréer des valeurs par déduction -les Compact Discs sont équipés de pistes de contrôle et de corrections (subchannels)-.
Ou carrément raboter à l'échelle micrométrique les surfaces en polycarbonate dans les cas les moins profonds (rayures simples en surface ou sur la peinture/encre), mais cela n'a rien pu changer dans le cas présenté aujourd'hui.
Les premiers Compact Discs commerciaux ont été lancés il y a plus de 30 ans dans le monde, dont on les pensait presque indestructibles d'un point de vue physico-chimique.
Malheureusement, comme tout support physique ils commencent à se dégrader (et pas forcément les plus anciens), sur des échelles temporelles relatives à celles d'un être humain.
Face à des supports comme le papier, qui nous perdure bien plus longtemps, il existe actuellement des débuts de catastrophes dans des collections d'amateurs, ainsi que de professionnels de l'archivage physique.
Ce problème apparaît de plus en plus sérieux, que l'on appelle DiscRot dans le jargon technique.
Il existe une variante plus complexe pour les supports magnétiques (bandes magnétiques, disques durs), opto-magnétiques (disquettes Zip, Jazz et variantes) que l'on appelle le BitRot, car les données perdent leurs valeurs sur des petits secteurs de manière soit naturelle (démagnétisation) ou par accidents, avec des corruptions bien plus difficiles à détecter.
Le Compact Disc, de sa fabrication en polycarbonate avec des peintures et/ou des colles ont tendance à réagir entre eux, avec l'air ambiant.
Alors qu'une bande magnétique peut facilement perdurer entre 50 et 75 ans (en condition d'utilisation assez modérée) ou nos bons vinyles 33' et 45' sont encore en excellent état (si rangés bien serrés et à plat, pour ne pas qu'ils se déforment avec les variations de température/hygrométrie).
Nous ne parlons même pas des supports (ré)enregistrables, fabriqués à base de colorants et produits organiques, très prisés dans la fin des années 90 et surtout utilisés dans les années 2000, avec les CD-R(E) - DVD-R(E) - BD-R(E).
Mais, dont la durée d'utilisation varie entre 6 mois (exemplaires vraiment très bas de gamme, extrêmement transparents) à une dizaine d'années maximum (je pense notamment aux VERBATIM EZO ou certains modèles chez SONY entre 1998 et 2002).
Le DiscRot n'est pas à proprement parler sur des disques anciens ou peut même être très subtil à voir à l’œil nu, contrairement à mon image d’illustration précédente.
Pour preuve, voici une photo d'un disque de jeu pour console Nintendo WiiU (Xenoblade Chronicles X), daté en fabrication du second batch en mars 2016.
Image d'illustration provenant d'un utilisateur du site NeoGAF, mais de cas de figure exactement identique à celui que j'ai pu avoir pour un utilisateur. Pour les personnes avec des difficultés de vision, il faut voir un trou au niveau de la lettre S dans 'Chronicles'. La console se bloque littéralement au chargement du jeu et éjecte le disque en le considérant comme invalide.
http://www.lesinrocks.com/2017/02/10/mu ... -11911608/
Cet article dérive d'un autre, bien plus détaillé mais en langue anglaise; je vous fournis le lien également pour les personnes anglophones.
http://tedium.co/2017/02/02/disc-rot-phenomenon/