Salut !
Il est temps de mettre à jour mes impressions. J'ai pu passer quasiment deux semaines en la compagnie de ce casque, et mon feedback rendra compte de son utilisation, à la fois nomade et sédentaire.
Tout d'abord, voici quelques photos de l'engin :
L'emballage et le contenu sont un peu rapides ; là où des concurrents comme
Focal ou
Sennheiser livrent une pléthore d'accessoires et une pochette de transport
rigide encavés dans une belle boite cartonnée,
Ultrasone se contente simplement de nous présenter le casque dans sa pochette souple, avec un morceau de mousse. Mis à part le câble et la garantie, il n'y a rien. Même pas un adaptateur 6.35mm ou un deuxième câble sans télécommande.
Le casque en lui-même est un peu massif et proéminent. La construction, tout en plastique, a l'air sérieuse. Pourtant, en inspectant de plus près, et en manipulant le casque, je suis soudainement moins persuadé d'avoir entre les mains un objet de 150€, moins par sa construction en plastique que par les divers grincement qu'il émet lorsque je sollicite l'arceau. Cet arceau a d'ailleurs le malheur d'être extrêmement rigide, davantage encore que celui du
Focal Spirit One S. Par conséquent, il faut forcer beaucoup pour l'écarter. Retentissent alors tous ces bruits mécaniques et peu rassurant. Sur ce côté-ci, le Focal m'inspirait davantage confiance.
Sur la tête, avec le temps, je le trouve bien moins confortable que la première fois où je l'ai chaussé. La structure circum-auriculaire des mousses (à mémoire de forme, je précise) n'est malheureusement pas suffisante pour que le casque s'oublie, puisque si ces dernières exercent bien une pression - forte - autour des oreilles, elles manquent sensiblement de fermeté. Ainsi, au bout d'une dizaine ou d'une vingtaine de minutes, je suis obligé de régler l'arceau afin de le positionner autrement, dans la mesure où mes oreilles entrent rapidement en contact avec la paroi du transducteur. Le réglage de l'arceau est à l'image de celui-ci, c'est-à-dire difficile et grinçant.
En revanche, rien à signaler au niveau du crâne, là les mousses sont fermes et le contact, doux.
Le confort est donc moyen je trouve, et j'émets des difficultés à le (sup)porter plus d'une heure en général. Quant aux accessoires (c'est un pluriel, mais un timide pluriel que j'utilise hein...) fournis avec, ils se limitent au strict minimum. Même le packaging minimaliste du
AKG K545 était plus sérieux, et offrait deux câble ainsi qu'un adaptateur jack.
Une heure d'écoute avant d'enlever le casque m'a l'air suffisant pour rendre compte de la signature audio et de la qualité de cette dernière.
Si la rigidité peut mettre mal à l'aise au niveau de la construction, elle est bienvenue en audio, puisqu'elle est synonyme d'un message sonore rapide et énergique.
C'est en effet ce qui m'est venu à l'esprit la première fois que j'ai écouté des morceaux via ce casque : on a de la rapidité, du choc, beaucoup d'énergie, et surtout, beaucoup de muscle ! Si avec le K545 je prenais le TER, avec l'Ultrasone je prendrais davantage le TGV ou l'avion.
Cette rapidité me fait beaucoup penser à la restitution du Focal Spirit One S, qui joue dans la même cour que l'Ultrasone à ce niveau. C'est étrangement dans le registre aigu que les deux casques sont rivaux à mes oreilles, en ce que ces derniers crachent un aigu à la fois fin, vivant, mais aussi très mordant dans son attaque.
Hormis cela, ce qui frappe d'emblée ce sont ces basses. Ces grosses basses même. Je n'ai peut-être pas l'impression d'avoir deux sub-woofer sur les oreilles, mais ce registre affiche une présence remarquable, qu'une
extension très profonde dans les infra-basses vient mettre encore plus en valeur.
Mais est-ce que ça déborde ? Vu le renforcement de ce registre, oui, parfois j'en ai bien la nette sensation. L'information dans le medium est l'aigu est très facilement accessible, à ceci près que le medium semble atténué, et sonne un peu plâtreux, pas des plus expressifs.
Le Focal Spirit One S, lui, proposait un registre bas un brin plus rapide, mieux contrôlé, mais peut-être pas suffisamment délimité. Il ne débordait en revanche pas sur le reste, mais ses mediums, notamment dans leur partie haute, rendaient quelque chose de voilé, de blafard, voire d'un peu lunaire (pâle quoi).
Maintenant, si je fais abstraction du caractère basseux de l'Ultrasone, je me surprends à être témoin d'une présence honorable dans les autres registres, qui ne sont pas phagocytés, et encore moins voilés. Combien de casques dans cette gamme de prix sonnent trop voilés, voire carrément louches dans cette gamme de prix ? L'Ultrasone sort un medium, qui s'il n'est pas des plus expressifs et des plus vibrant, a le mérite de donner du caractère et de la joie aux instruments, et plus spécialement aux voix. Les timbres sont réalistes je trouve,
pas d'effet plastique, ni de surcouche artificielle, ni de sensations caverneuses ou bouchées. Ca sonne juste. Le haut-medium est un peu renforcé, mais pas à l'endroit où ça peut vite partir en délire, non. Ici, pour une fois, c'est fait intelligemment, enfin... Le léger renflement s'effectue quelque part entre 950Hz et 2Khz, et a pour conséquence de mettre en avant les voix féminines, les jeux de violons et de flûte (oui, c'est avec ce casque que je me suis mis à apprécier la musique classique !) sans acidité aucune. Contrairement à un
Q701, on ne sent pas une pointe parfois affligeante de +5dB pile dans la région où la sensibilité de l'oreille humaine est la plus forte. Encore une fois, c'est effectué avec précaution, et intelligemment.
L'aigu est lui aussi très réaliste je trouve. J'ai eu peur d'écouter ce casque la première fois, car j'entends souvent de vilaines choses pas belles en ce qui concerne le haut-medium et l'aigu de cette marque. Alors peut-être que ce casque est une exception, mais tout comme je l'ai avancé lors de mes premières impressions, le registre aigu du Performance 820 m'a bien l'air inoffensif, à condition de ne pas écouter en sourdine non plus...
C'est tout de même un aigu net, très vif, acéré, voire
parfois tranchant auquel on a affaire. Prenez celui du Focal Spirit One S, affinez et affûtez-le encore plus, vous avec celui de l'Ultrasone. L'aigu est là, peut-être pas assez prononcé pour que ce casque sonne en V, mais étant donné qu'il est bien rendu, et qu'il a beaucoup de mordant dans son attaque, il ne faut pas être étonné si de temps à autre, une petite sibilance peut péter de ci-de-là. Rien de bien méchant, mais à volume élevé, on peut parfois se croire chez le dentiste, à se faire détartrer les dents (ouille). Pour ma part, je ne suis pas sensible à la zone des 8-10Khz, mais je présume que pour les personnes sensibles à ce registre, cet aigu saillant peut faire grincer des dents...
Pour ce qui est de l'extension de ce registre... Franchement, je n'en sais rien. Quand je rends compte du registre aigu, je m'intéresse en particulier à tout ce qu'on peut entendre de prime, sans effort, dans n'importe quel morceau, c'est-à-dire jusqu'au 11-13Khz (et encore... Je ferai mieux de m'arrêter à 12, histoire d'être prudent !). Je n'ai donc aucune idée de savoir si le casque coupe à 15Khz, ou à 17Khz. Ce que je peux certifier avec assurance, c'est que l'aigu fait preuve de suffisamment de présence et de réalisme pour rendre compte d'une clarté honorable, et d'un certain nombre de micro-détails, perceptibles également, et avec aisance (des petits bruits d'étoile, de poussière que j'entends sur des instruments à corde, dont je ne m'étais jamais rendu compte avec le Focal ,par exemple).
Il est donc clair que, rien que par le réalisme restitué sur toutes les plages de fréquence, ce casque s'en sort admirablement bien je trouve. Et pourtant, je n'ai pas encore touché un moindre mot du point clef de ce casque, à savoir le
S-Logic.
Lors de ma première écoute, ce procédé ne m'a pas choqué outre mesure. Logique, puisque je venais d'un casque ouvert - en l'occurrence l'
AKG K612 Pro - et qu'en prime, j'en attendais autant en terme de largeur et de profondeur de scène, sur un casque fermé.
Après quelques jours, je me suis rendu compte que le S-Logic, s'il ne permet pas à un casque fermé de sonner comme un ouvert, est surprenant de par le relief et l'aération générés entre les notes. En fait, sur beaucoup de casques fermés de cette gamme, lorsque plusieurs parties mélodiques, mêlées à un choeur et à une (voire deux !) partie(s) vocale(s), jouent en même temps, le message sonore a tendance à être compacté (pas forcément brouillon ! Entre un AKG K545, un AKG K551, un Nad Viso HP50, un Focal Spirit One S / Pro, chaque partie était discernables, mais avec plus ou moins d'aisance) et agglutiné. De ce fait, il m'était difficile de me concentrer seulement sur une partie en particulier, sans qu'une autre partie ne vienne s'y mélanger avec imprudence. Avec l'Ultrasone, chaque partie se détache - mais ne joue pas dans son coin pour autant - avec propreté, et les notes viennent simplement se glisser sur les autres, au-lieu de les bousculer !
En résulte ainsi une écoute facile, et surtout, qui ne bourre pas le conduit auditif. Et j'ai envie d'ajouter que par rapport à d'autres casques fermés, les -40% de pression en moins, à volume équivalent, se ressentent ! (bon peut-être pas au niveau des basses, qui cognent un peu trop fortes par moment).
La scène sonore quant à elle n'est pas renversante de grandeur, enfin pour ma part. La largeur est bonne, au niveau de la plupart des bons casques fermés trouvables dans les 150-250€, mais ne provoquera certainement pas une perte de repère lors de la première écoute. De même pour la profondeur.
Justement, un détail à ce niveau-là. Sur un morceau où l'information sonore ne provient pas de très loin, le casque est très performant, et la sensation de grandeur est là. Pour autant, quand l'information sonore est censée provenir du fond d'un couloir, avec le 820, elle proviendra plutôt de la partie médiane de celui-ci.
En tous les cas, l'AKG K612 est meilleur sur ces deux points, et l'AKG K545 surpasse (pas de beaucoup toutefois) l'Ultrasone en terme de profondeur.
Par ailleurs, outre l'aération et le relief entre les notes, le S-Logic surprend beaucoup par le rendu des effets stéréophoniques. Les canaux gauche / droite sont délimités à merveille, mais surtout, on est dedans, dans la musique. À cette belle aération, se côtoie un côté très intimiste. Ne rêvez pas pour autant, la sensation que le son provient d'un casque continuera de présider lors des sessions d'écoute, mais par rapport à beaucoup d'autres casques que j'ai écoutés, l'Ultrasone se démarque notablement à ce niveau-là.
En résumé, ça ne sonne pas comme un casque d'entrée de gamme, mais plutôt comme un bon concurrent face à beaucoup de références pour le prix.
Ce qui frappe d'emblée ? L'
abondance des basses, qui sont parfois débordantes , plus rondes que tendues, plus caverneuses que précises, le
rendu de la stéréo, ainsi que l'
aération entre les notes. Pour ma part, ce sont ces trois aspects du message sonore qui m'ont le plus marqué lors de la première écoute.
Ce qui est agréable au fil du temps ? La présence régulière de tous les registres, ainsi que le soundstage, très cohérent, qui n'est pas étiré outre mesure.
Ce qui peut rebuter ? Les basses... On peut trouver plus rapide, plus défini, mais surtout mieux contrôlé ailleurs. Les aigus, peut-être, pour ceux qui sont sensibles aux sifflantes.
En soi, au niveau sonore, de très belles qualités pour un casque à 150€, malgré des petites lacunes, tout à fait pardonnables pour le prix, et plus particulièrement en regard de ce si beau réalisme.
Désormais, je souhaite toucher quelques mots sur le comportement du casque en milieux hostiles.
Tout d'abord, l'isolation, que je trouvais bonne à la maison, ne l'est plus autant en voiture, ou dans un centre commercial. Les aigus sont parfaitement atténués, mais le bruit d'un moteur ou celui de la foule passera sans encombre. L'AKG K545, voire le K551, faisaient mieux. Le Focal, pas besoin d'en parler, je pense hehe ! ^^
Ce qui fait que je devais pousser le son quasiment au maximum. Or, souvenez-vous, l'aigu est mordant, et peut être agressif à volume élevé. Si en plus de cela, les basses (pourtant béantes, mais qui se taisent trop rapidement en milieu extérieur...) passent à la trappe, le confort d'écoute en prend un coup, et il n'y a que lors des feux rouges où je pouvais apprécier mes morceaux.
Ne comptez donc pas écouter de la musique classique en nomade. Ni même de la Trance douce, ou le bruit du moteur se substituera au son de la grosse caisse.
Le temps du trajet, l'inconfort dû à la pression exercé par le port du casque ne se fera pas trop ressentir, ce qui n'empêchera pas les oreilles de chauffer.
En fait, ce casque a une prétention nomade, si l'on se fie à son câble cachectique et à ses oreillettes repliables, mais en pratique, c'est moyen, et pour ma part, le défi n'est pas relevé haut la main.
Le mot de la fin... J'ai lu sur un site que ce casque « a l'air d'écraser des concurrents tels que l'
AudioTechnica MSR-7, l'
AKG K553 et le
Sennheiser HD-25, en terme de clarté et de niveau de détail » Je n'ai écouté aucun de ces trois casques, mais sincèrement, je doute que l'Ultrasone ne les enterre. Il constitue un concurrent sérieux, plus spécialement au niveau sonore - malgré le côté basseux - et nul doute que sur certains points, il peut rivaliser, voire mieux faire.
Mais l'on ne peut pas ne pas ignorer sa construction peu rassurante, son port peu réconfortant et son manque d'isolation, qui, en sédentaire ou en nomade, ne feront pas de ce casque un compagnon qui prendra soin de vos oreilles, et qui rapidement montrera ses limites. Il n'empêche que c'est surprenant, pour ce prix là, de voir coïncider à la fois clarté, scène sonore conséquente, et réalisme des timbres.
Si les basses avaient été mieux maîtrisées, et si le confort et la construction avaient été moins hasardeux, je dirai sans hésitations qu'on tient là une nouvelle référence. Mais pour ma part, je pense qu'il s'agit surtout d'une belle surprise au niveau sonore, mais ça s'arrête là...