de manière empirique je constate un phénomène lors de l'écoute avec un casque fermé que je ne m'explique pas : dès lors que l'environnement est bruyant avec un casque fermé moyennement isolant finalement la gêne auditive est plus importante qu'avec un casque ouvert .

de fait avec un casque ouvert finalement les sons les voix mais également les bruits plus fort (train par exemple finissent par quelque peu masquer la musique mais ce n'est pas vraiment plus gênant que lors de l'écoute d'une chaine hi fi au moment du passage d'un avion

avec un casque fermé le bruit est évidemment atténué en revanche il perturbe beaucoup plus l'écoute car j'ai l'impression qu'il se mélange à la musique et curieusement les basses notamment semblent disparaitre

je ne sais si j'exprime bien cette sensation mais je l'ai rencontré assez fréquemment et à vrai dire j'aimerai bien en comprendre techniquement l'origine et ou le principe

Bon, comme personne ne répond à tes interrogations que, pour ma part, je trouve très intéressantes...
J'aurais peut-être le début du commencement d'une idée: l'opposition de phase... et ton âge!

Avec un casque fermé, les bruits extérieurs deviennent étouffés, ce qui doit correspondre
à une baisse de la fréquence moyenne. Parmi toutes les fréquences qui composent ces bruits,
certaines doivent être originellement en opposition de phase avec le signal que tu écoutes,
d'où la diminution des basses que tu constates sur un casque fermé.

Pourquoi, en ce cas, ne perçois-tu pas l'effet de cette opposition de phase sur les fréquences
plus hautes quand tu portes un casque ouvert? Eh bien, parce que, de toute façon, vu ton âge
(il me semble que tu es père d'un ado, non? et donc... plus très jeune?), ces fréquences hautes,
tu les perçois moins, alors qu'au contraire tu es justement en train de devenir plus sensible
aux fréquences basses. (C'est une double altération typique d'une baisse de l'acuité auditive.)
J'ai constaté ce même phénomène chez moi (j'ai 47 ans), sans toutefois noter l'atténuation des
basses que tu as remarquée sous casque clos.

Si tu veux avoir le coeur net sur ton spectre d'écoute, je ne saurais trop te conseiller
ce test de l'University New South Wales. C'est... édifiant.
Je te conseille tout de même de ne t'y risquer que les jours où tu te sens un moral en acier trempé!
Moi, je le fais tous les ans et chaque année, ça me déprime.

je te remercie de cette explication à double entrée pour l'âge, enfin le mien, c'est pile poil ça (un demi siècle au compteur )

A l'occase faudra que je tente ce test

Une question en complément : "l'opposition de phase" correspond elle à ce que certains appellent un effet bass roll of sans que j'ai vraiment compris ce que recouvre cette expression ?
est ce cette méthode, ce phénomène, qui est utilisée de manière inversée pour les casques à réduction de bruit ?

jxh a écrit :Une question en complément : "l'opposition de phase" correspond elle à ce que certains appellent un effet bass roll of sans que j'ai vraiment compris ce que recouvre cette expression ?

Bon, c'est d'abord le traducteur qui va parler: "roll off", en anglais signifie
sortir et/ou tomber d'un endroit en roulant et, plus particulièrement, chuter, dévaler.
Le "roll off" d'une courbe de réponse d'un système d'écoute indique la chute de cette courbe
aux deux extrémités, vers les graves mais aussi vers les aigus.
La littérature critique parle cependant très peu d'un "roll off" vers les aigus car serait abusif.
Au-delà des 2 kHz, en effet, les casques et écouteurs ont en règle générale un rendu des
fréquences qui devient trop chaotique pour y discerner une pente quelconque.
Pour illustrer mon propos, je me permets de te fournir la courbe de réponse par fréquences du très
bon petit casque nomade Jays-V-Jays (que j'utilise assez souvent car elle est plutôt exemplaire):
Comme tu peux le constater par toi-même, on voit bien sur ce graphe d'une part le "bass roll off" des Jays-V-Jays et d'autre part l'irrégularité notable de la courbe au-delà de 2 kHz.

L'expression d'"opposition de phase", quant à elle, désigne la superposition sur une onde (simple ou complexe)
de sa réplique décalée dans le temps d'une demi-période, l'addition des deux ondes en opposition de phase
générant un rendu silencieux.
La période est la durée séparant deux "creux" ou deux "ventres" de l'onde.
L'opposition de phase, en décalant la réplique d'une demi-période, fait correspondre chaque
"ventre" de l'onde d'origine à un "creux" de sa réplique et réciproquement,
d'où l'annulation résultante... qui, à mon sens, n'est pas vraiment un silence mais une suppression
auditive.

Et, oui, je crois bien que c'est ce système qui est utilisé sur les systèmes d'écoute dits
à réduction "active" de bruit, tels que les supra oraux de chez Bose (les systèmes dits "passifs"
procédant simplement par isolation matérielle du canal reliant les écouteurs au conduit auditif):
ces casques comportent un circuit composé d'un microphone captant le bruit extérieur
et d'un processeur audio qui génère une réplique de ce bruit en opposition de phase.
(Encore faut-il que ce bruit soit un minimum modulé, c'est-à-dire qu'il présente une certaine
périodicité dans le temps: je doute que ce type de casque puisse éliminer, par exemple, le bruit
d'une conversation animée. Je suppose qu'en revanche il doit se révéler particulièrement
efficace pour supprimer le ronronnement d'un moteur d'avion...)

Je suis épaté par la richesse et le soin de ta réponse et te remercie d'avoir pris le temps de la rédiger

Merci également pour le graphe plutôt parlant


Je me coucherais moins niais ce soir sur ces questions même si cette affaire d'âge et de vieillissement de l'ouie n'est guère rassurante en soit

Je suis musicien sur ordinateur depuis vingt ans.
Et si j'ai constaté une déficience globale, progressive et, malheureusement, irréversible
de mon acuité auditive, je me suis aussi rendu compte que ma passion analytique
pour la musique m'avait offert un outil de compensation formidable: la discrimination
acoustique.
En clair, si ma plage de perception de fréquences s'est réduite, je perçois de mieux en mieux,
à l'audition d'un signal sonore, les éléments essentiels qui le composent ainsi que les
caractéristiques propres à chacun de ses éléments: hauteur, volume, timbre, écho,
réverbération, déphasage (des canaux entre eux), part de bruit blanc, etc...
Du coup, si ce que j'écoute a sans doute moins d'impact sur mes sens que sur ceux
d'un jeune, j'ai une plus grande facilité pour m'immerger dedans: la musique me remue moins
mais, peut-être, m'emporte plus. La comprenant mieux, je crois aussi qu'elle me touche plus.
Comme tu es toi-même amoureux du son (et plus particulièrement d'après ce que j'ai compris,
du grain de la voix et de la présence des guitares), alors dis-toi que cette passion, de toute façon,
éduque ton oreille, grandit ton être perceptif et rajeunit toujours plus ton âme.