Voilà un an que le Balancing Act est devenu le compagnon de mes écoutes quotidiennes.
Durant cette première année d’idylle, je me suis attaché (beaucoup amusé aussi) à découvrir toutes ses facettes en
rollant son tube préamplificateur. Je n’ai d’ailleurs pas été très raisonnable car quand on a goûté à ça, on tombe très vite dans la marmite de tubes : Rca, Tung-Sol, Fivre, Ken-Rad, Mullard, Brimar, National Union.
![Image](http://img15.hostingpics.net/pics/97074620150620141601.jpg)
Chasseur de NOS je suis ainsi devenu avec un plaisir renouvelé à chaque fois, sauf peut-être à la vue de mes relevés de compte en fin de mois…passons !
Si son tube préamplificateur lui affine le visage, ses tubes de puissance, eux, lui donnent tout son caractère et c’est pourquoi le Balancing Act ne lasse jamais : il se réinvente sans cesse !
Je dois, tout d’abord, remercier le plus chaleureusement possible, Lorenzo12 qui m’a proposé d’essayer une paire de tubes de puissance qu’il utilise lui-même sur son ampli. C’est grâce à lui que j’ai pu découvrir les fameuses triodes 300B et les comparer à celles que j’utilise : des PX4 très neutres mais dynamiques avec une bande passante très large.
La 300B est une triode de puissance mise au point par la très célèbre firme américaine
Western Electric et produite la première fois dans les
laboratoires Bell en 1936.
![Image](http://img15.hostingpics.net/pics/560510300BWE.jpg)
Sa forme caractéristique nommée
‘Coke Bottle’ est immédiatement reconnaissable ; c’est la star des hifis de salon et quand on parle d’amplification à lampes c’est à la 300B que l’on fait référence le plus souvent. Il y’a même des shows qui lui sont consacrés c’est dire !
C’est aussi la raison pour laquelle on en produit toujours aujourd’hui. La paire dont j’ai disposée est fabriquée par
Electro-Harmonix en Russie dans les usines Sovtek situées à Sarakov et ce, alors, que la marque, bien connue des gratteux qui apprécient leurs pédales de distorsion, soit new-yorkaise. EH fabrique aussi les tubes estampillés Tung-Sol mais qui n’ont plus grand-chose à voir avec ceux produits par l’emblématique firme américaine du siècle dernier aujourd’hui disparue.
Une première différence : la luminescence.
![Image](http://img15.hostingpics.net/pics/92628620151010190016.jpg)
![Image](http://img15.hostingpics.net/pics/51407420151010190256.jpg)
La tension de chauffage de cette triode étant de 5 volts (au lieu de 4v sur mes PX4) on remarquera un rougeoiement davantage prononcé. C’est peut-être banal, mais moi ça m’a fait son petit effet, comme si cela préparait le terrain à une sonorité différente. J’ai parfois lu que tout le monde aimait la 300B et j’ai vite compris pourquoi.
Seconde différence : du miel dans les oreilles.
Instantanément j’ai perçu un équilibre très différent de ce que je connais avec le Balancing Act. La sonorité est bien plus midcentric et ça n’est pas qu’une nuance car le médium est vraiment projeté par devant la scène sonore. Les voix sonnent très chaleureuses comme les instruments acoustiques, la guitare et les bois qui en seraient presque charnels. L’ouverture sur les hautes fréquences est également un point fort, l’aigu file haut tout en étant scintillant et pétillant à la fois. Clairement, la 300B se destine aux grands amateurs de musique naturelle, vocale et de jazz. Son euphonie globale s’exprime pleinement dans ces registres là.
Mais mon petit doigt me dit que si
‘tout le monde aime une 300B’, c’est aussi et surtout parce que le son pose son assise sur un grave très rond. Le haut grave, en particulier, est très développé et il confère un moelleux, un confort d’écoute rassurant à bas volume. Je suis quasi certain que c’est ça que tout le monde appelle ‘
le son tube’ en fait. Cette chaleur d’ensemble assez sirupeuse et grasse est immédiatement envoûtante. Elle profite pleinement, il faut le dire, à casque un peu froid comme l’est le Fostex par exemple, ça lui donnerait presque parfois de petits airs de W3000.
Troisième différence : pas la reine de la polyvalence
Là où l’on pourrait moins adhérer à cette signature est sur la question de l’appairage et de la polyvalence.
L’appairage parce que je pense qu’il faille un dac plus droit que mon master 7, pour éviter l’excès de midbass. Pour autant il s’accorde ultra bien pour donner de l’impact, du détail et du naturel à la 300B mais j’ai dû compenser et utiliser des tubes de préamplification plus neutres, plus secs comme les tung sol (les round plate en particulier plutôt que les flate plate) ou les rca afin de rendre davantage de lisibilité et de transparence au son.
D’autre part, sur les styles un peu chargés en basses comme les productions musicales actuelles, on manque de transparence sur le grave qui, trop chargé, devient un peu boueux comme la corde d’un arc qui serait détendue et qui aurait du mal à stopper ses vibrations. Enfin, l’extension du grave est aussi un peu plus limitée quand il est question de faire sonner l’infra jusqu’au tréfonds.
Conclusion
Honnêtement, l’expérience vaut le coup (merci encore une fois à Lorenzo12). J’ai trouvé cette sonorité ultra séduisante avec les styles que j’écoute le plus : ainsi un autre Balancing Act s’est révélé à moi. L’écoute en tube 300B c’est surtout une alternative sonore possible, pas une concurrence à mes PX4 plus polyvalents et un peu plus équilibrés je pense cependant.
Si l’on ajoute les dizaines de combinaisons offertes par l’ajustage du tube de préamplification il y’a vraiment moyen d’être heureux longtemps…encore très longtemps.