Le casque dynamique qui se prenait pour un planar.
Beaucoup d’encre a déjà coulée sur ce Nighthawk mais comme il n’est jamais trop tard pour tester du matériel audio voici mon feedback sur ce joli trublion.
Audioquest est un fabricant renommé de câble haute qualité. Mais ces dernières années la marque américaine a décidé de se diversifier. Elle compte aujourd’hui trois dacs - le DragonFly Black, le DragonFly Red et le Beetle - Et a plus récemment sortie une ligne de casque. Le Nighthawk, objet de ce test qui n’est plus produit, le Nighthawk Carbon qui est le remplaçant du premier et le NightOwl. Qui n’est autre qu’un Nighthawk Carbon en version fermée. Ces casques sont très particulier. Ils exploitent des techniques et des solutions peu communes. De véritables innovations qu’on aimerait voir plus souvent chez les concurrents.
Revenons à notre petit camarade le Nighthawk. Pour son premier casque Audioquest a vu les choses en grand et a mis le paquet sur les accessoires. À la réception du carton... Pardon, vous avez dit carton ? Mais il n’y a pas de carton ! Le Nighthawk arrive dans housse rigide en cuir (similicuir je suppose mais je n’en suis pas sûr) de grande qualité. Le service marketing a simplement entouré cette housse d’un imprimé de grande qualité montrant le casque et quelques spécifications. A l’intérieur on découvre le casque lové dans un espace rembourré, deux câbles, l’un de 3m pour une écoute sédentaire l’autre plus fin et plus petits pour une écoute nomade et deux chiffon micro fibre. Un noir pour nettoyer le casque et un argent pour nettoyer les connecteurs du câble de 3m. Car une des particularité de ce câble est d’être en argent. Enfin pour être plus précis il s’agit de cuivre plaqué argent. Le chiffon micro fibre permet de nettoyer les connecteurs. En effet l’argent demande un peu d’entretien. Et dernier petit bonus de la part d’Audioquest, l’adaptateur jack 3.5mm vers 6.35mm est lui aussi en argent et bénéficie du même soin que le câble.
Voyons de plus près ce Nighthawk. Dès le départ, on remarque les coques en bois. Enfin en bois... C’est du Liquide Wood, première innovation d’Audioquest. Le Liquide Wood est un mélange de sciure de bois et de résine. Ce mélange permet d’être moulé à la forme que l’on souhaite et possède des propriétés acoustiques supérieures au plastique. La forme des « cups » est ergonomique et épouse (plus ou moins) la forme de l’oreille. Les deux oreillettes sont relié par un arceau a structure suspendue. Similaire à ce que l’on peut voir chez AKG ou encore Audio-Technica. Cette structure est composé d’une tige rigide (comme chez Pioneer alors que chez les autres marques nous en avons plutôt deux) et d’un bandeau souple. Ce bandeau est ici en cuir/alcantara et parfaitement rembourré. L’emploi d’une seule tige permet d’avoir un clamping (force d’appui sur les côtés de la tête) relativement faible. Cela évite d’avoir cette sensation d’étau. Néanmoins pas de risque de perdre le casque ou de le voir tomber. Son poids est parfaitement répartie et tien bien sur la tête. Les oreillettes possèdent des pads en similicuir très doux et très confortable. Deuxième innovation, les oreillettes sont maintenues à l’arceau par un autre système à suspension signé Audioquest. A chaque bout de l’arceau est présent une pièce circulaire métallique sur laquelle est rattaché quatre « élastiques » qui vont à leur tour maintenir les oreillettes. Cela permet une liberté de mouvement totale des oreillettes (liberté tout de même limité par le débattement des élastiques). L’ajustement se fait donc dans toutes les directions et conviendra à toutes les morphologies.

Voilà pour l’aspect extérieur. Mais Audioquest n’a pas délaissé l’intérieur pour autant. Les drivers de 50mm sont en bio-cellulose. Un matériau qui selon Audioquest est plus rigide que le Mylar souvent utilisé et beaucoup moins déformable. La déformation d’un drivers peut causer de la distorsion. En plus de ce matériau, la membrane se voit équipé d’un anneau en caoutchouc renforçant le fonctionnement « en piston » exactement comme pour les enceintes ou les casques orthos.

Autre que la membrane du driver, le moteur a également bénéficié d’un soin particulier. La bobine et l’équipement mobile on reçu une conception particulière permettant un meilleur contrôle des flux magnétique. En plus de la refonte du moteur, le support de celui-ci a reçu une série d’évent permettant une meilleure circulation de l’air et éviter des « retours » de déplacement d’air indésirable. Et pour finir, les grilles de chaque oreillettes ont été imprimé en 3D et conçu selon une structure bio-mimétique inspiré des ailes de papillons. Au delà de ce « blabla » marketing, il s’agit d’une grille dont la structure forme un maillage entrelacé sur quatre niveau. Le but de ce maillage est de disperser les ondes sonores vers l’extérieur afin, encore une fois, de ne pas subir de « retour » d’onde indésirable. Étrangement, bien qu’Audioquest parle de papillons, ce système fait beaucoup plus penser à la peinture « anti-onde » utilisé sur le célèbre avion furtif qui... tiens, tiens, s’appelle Nighthawk.

Tout ces considérations technologiques sont bien belles, mais le son qui en résulte est-il à la hauteur de tout ces efforts ?
Et bien oui et non. Oui car les choix technologiques sont pertinent et les performances associés sont de haut vol. Après tout, vu le positionnement du casque, on en attendait pas moins. Mais aussi non, car ces choix techniques imposent également un choix dans le rendu sonore et celui-ci ne fait pas l’unanimité.
L’Audioquest Nighthawk est un casque qui sonne doux. Très doux et même parfois « Dark ». La signature est clairement descendante. Les graves sont flattés, les médiums sont choyé mais à leur juste place et les aigus sont en retrait. (Et pourtant bien présent ? J’y reviendrai). Le plus flagrant dès la première écoute, ce sont les timbres. Ils sont riches mais chante une octave en dessous de ce que l’on a l’habitude d’entendre. C’est un choix osé mais qui n’est pas dénué de sens.
Audioquest à fait le parti de proposer une signature physiologique, au plus proche de l’oreille humaine. Pari réussi ? Nous allons voir ça.
Basse : Les basses sont très généreuse. Elles descendent très bas et ont un niveau de détail rarement atteint sur un casque. Mais elles ne sont jamais boomy à la différence des casques « tendance ». Elles font preuve d’une maîtrise incroyable. Malgré cet embonpoint elles ne masquent jamais le reste du spectre sonore. Sur une formation d’orchestre symphonique même la plus faible contrebasse est parfaitement audible. Sur des musiques acoustiques tel que Agnès Obel, ces basses donnent une profondeur assez impressionnante et donne un côté vraiment vivant voir « live ».
Médium : Les médiums bénéficie de la même « puissance » que les basses et donne aux voix et autres instruments évoluant dans cette zone une profondeur très agréable. Le Nighthawk ne propose pas vraiment de texture très détaillé ni de grain, mais le « corps », « l’assise » des médiums emplissent chaque notes d’une fort belle manière. Je ne sais pas si je suis très clair dans mes propos, mais la voix d’Agnes Obel par exemple (encore elle ?

Orinoco Flow de Enya, est une musique qui évolue principalement dans les médiums. Le Nighthawk nous donne une restitution très « enveloppante » et très profonde. Les médiums n’ont pourtant rien d’exceptionnels, mais la maitrise qu’ils ont laisse baba.
Aigu : Les aigus sont la partie la moins chiadée du rendu du Nighthawk. Ils sont clairement en retrait. Voir très en retrait. Mais ça ne veut pas dire que le casque s’arrête à 15 KHz. Non, non, les aigus sont capable de filer aussi haut que sur un Beyerdynamic ou qu’un Ultrasone. Il faut voir ces aigus comme le « Wolfson » d’un casque. Simplement, ils ne sont pas accentué. C’est une volonté de la part d’Audioquest. La marque désirait ne pas pas avoir d’aigus qui donnerai une fausse impression de détails ou d’aération. La marque ne voulait que de l’authentique. Rien d’artificiel. Et bien le pari est une fois encore réussi. Les aigus ne sont jamais piquant, ils sont très très doux. Et le quantité de détails est bien là. Sur la musiques « Hypocrite » de l’album « Cascades » de « Jean-Michel Blais & CFCF » il y a un son « cyclique » dans l’aigu, son qui est parfaitement reproduit par le Nighthawk. Jamais masqué. Les aigus soutiennent la musique comme il se doit.
Scène sonore : La scène sonore du Nighthawk est relativement ample. Elle n’est pas aussi large que sur des casques ouverts (après tout il n’est que semi-ouvert) mais la scène est très, très profonde. Je crois que c’est le casque qui donne le plus de relief qu’il m’ait été donné d’écouter. L’écoute de musiques symphoniques est grisante tellement on perçoit parfaitement les différents placement en profondeur de l’orchestre. Du soliste qui joue au premier plan jusqu’aux chœurs au fond de la scène, c’est tout simplement bluffant. L’aération est sidérante et montre la grande maitrise de tout le spectre sonore. Et grâce à cette profondeur, l’espace sonore est entièrement rempli. On ne perçoit jamais aucun « trou » dans l’espace. On est comme enveloppé au cœur de la musique. L’impression holographique est fabuleuse. Je dirai que c’est le Dolby Atmos du casque.
Conclusion
Que dire de plus sur ce casque ? Pas grand chose. Audioquest a tenté un pari avec ce casque et selon moi il est plus que réussi. D’ailleurs si la marque à pu lancer deux nouveaux modèles c’est que c’est une réussite non ? Le son est grisant, la fabrication est exemplaire et le package tout autant. Le casque est facile à driver et associé au DragonFly Red du même Audioquest on obtient une solution légère facilement transportable et doté d’une performance exceptionnelle.
Seul défaut, sa signature sonore. Les timbres une octaves plus bas, les basses mises en avant et les aigu en retrait. Il faut s’y faire. Tout le monde n’apprécie pas et je pense que c’est la raison pour laquelle on aime ou on déteste ce casque. Mais comme l’on déjà dit d’autre médias, on ne peut vraiment pas y rester indifférent.
Dernière petite chose étrange à propos de ce casque, il nécessite un « temps de chauffe » comme nos chers amplis à lampes ou à transistors. Je ne sais pas ce qui provoque ce comportement mais le casque n’a pas le même rendu lors des dix premières minutes d’écoute par rapport aux suivantes. Alors bien sur, la différence n’est pas énorme mais elle est suffisamment audible. Après son temps de chauffe, le casque parait légèrement moins dark et de fait un peu plus équilibré. Ce qui avec ça maitrise globale, le rend encore plus addictif.
Voilà donc ce qu’on pouvait dire cet oiseau étrange. A 600€ la bête, je trouve que c’est un des meilleurs rapport qualité / prix / plaisir disponible sur le marché. Enfin, plutôt son petit frère car ce Nighthawk n’étant plus disponible il faudra forcément vous tourner vers le Nighthawk Carbon.