BQEYZ Autumn
Les BQEYZ Autumn m’ont été donnés pour test par la marque. Ils sont vendus $199 fdpin dans les boutiques du net spécialisées que vous connaissez tous et sont proposés en deux couleurs, vert et bleu, ainsi qu’avec le câble pourvu de la terminaison de votre choix (3.5, 2.5 ou 4.4).
Il est à noter que mon contact chez BQEYZ, Elle Zhou, est également membre de TN, même si elle n’y a jamais rien posté.
J'ai eu droit à la version bleue câblée en 3.5 TRS.
Les BQEYZ Autumn ont une sensibilité de 110 dB pour une impédance de 46 Ω et ce sont les derniers modèles en date de la série des « Saisons » de BQEYZ qui comprend déjà les printaniers Spring (1 et 2) et les estivaux Summer. Ce sont aussi les premiers de cette série à ne pas être des hybrides DD+BA+Piézo puisqu’ils sont simplement dotés d’un unique driver dynamique de 13 mm de diamètre. (Je ne sais cependant si c’est le même que celui de leurs prédécesseurs.)
Autre différence, et non des moindres, avec les précédents modèles de la série : un système de filtres magnétisés fort pratiques à mettre en place et à extraire grâce au stylet aimanté fourni.
Le filtre "bass" enlevé à l'écouteur
se trouve à l'extrémité du stylet aimanté.
se trouve à l'extrémité du stylet aimanté.
Ces filtres sont au nombre de trois et permettent une modification aussi sensible que régulière de la courbe de réponse fréquentielle de ces intras en affectant essentiellement l’intensité sonore des basses (< 200 Hz) par incrément de 5 dB environ.
J’ai choisi pour ma part le filtre « bass », les deux autres générant à mon oreille trop d’agressivité dans les aigus, avec des sibilances trop marquées. Évidemment, cela ne devrait pas être le cas puisque les filtres affectent surtout la partie grave du signal, mais c’est bien ce que j’entends et je pense que ce phénomène est simplement dû au fait que j’ai besoin d’un certain niveau de basses pour satisfaire mes penchants acoustiques comme pour rendre fidèlement le type de musique que j’écoute et qu’en conséquence, avec les autres filtres, j’ai tendance à monter le volume et donc, mécaniquement, la partie haute du spectre aussi.
Une accessoirisation fort complète, d'autant
qu'elle comprend également un étui représenté
dans la photo suivante.
qu'elle comprend également un étui représenté
dans la photo suivante.
Maintenant, possédant par ailleurs les Spring 1 qui m’ont toujours écorché les tympans, je tiens à souligner que les Autumn sont presque entièrement dépourvus du pic quasi himalayen dans les aigus dont était affligée la réponse fréquentielle des précédents modèles de la série des Saisons. À ce propos, il est à noter que les Autumn sont par ailleurs accompagnés de deux sets de trois paires d’embouts présentant, d’un set à l’autre, une sortie de canule de diamètre différent, les sorties à diamètre le plus court étant celles qui filtrent le plus les aigus.
Les Autumn gardent toutefois la signature montante de la série et une certaine agressivité dans les hauts registres, ce qui m’a amené, en plus de choisir le filtre « bass », à leur adjoindre des embouts à sortie de canule encore plus étroite, en l’occurrence des Spinfit CP100 (nouveaux modèles), ainsi qu’un câble dont j’ai déjà pu éprouver les capacités pour diminuer les sibilances et redonner de la présence aux médiums, à savoir un bon vieux Linum MMCX Balanced que, pour l’occasion, j’ai branché sur la sortie symétrique d’un non moins vénérable A&K Kann.
Les Autumn équipés du câble et des
embouts que j'ai choisis pour ce test.
embouts que j'ai choisis pour ce test.
Ainsi dotés, les Autumn ont une sonorité plutôt en V que j’ai trouvée pour ma part immédiatement agréable, voire séduisante, et que j’ai parfaitement supportée sur le long cours ainsi que sur tous les genres de musique. Maintenant, ces modifications n’ont pas été sans impact sur la technicité des Autumn qui en a peut-être été un peu amoindrie, notamment en termes de micro-dynamique et plus particulièrement dans la restitution du swing, comme on le verra plus loin.
PLAY-LIST DE TEST
Par ordre de citation dans le texte, avec des liens vers les vidéos YouTube correspondantes :
Com Truise, "Futureworld"
Gianni STILETTO, "Reality Port 23 "
Fugees, "Fu-Gee-La"
A Perfect Circle, "The Package"
Eels, "Daisies Of The Galaxy"
John TCHICAI & Vitold REK, "Hullo"
Swell, "In The Morning"
Grant Leee Buffalo, "Mockingbirds"
Nostromo, "Still Born Prophet"
Karma To Burn, "Mt. Penetrator"
Pixies, Where Is My Mind
Max REICH , "Thigh Toner"
Vista Le Vie, "Kids With Gloves"
Robert RICH & Lustmord, "Elemental Trigger"
The Flaming Lips, "All We Have Is Now"
Nirvana, "Dumb" (version live acoustique)
RÉPONSE FRÉQUENTIELLE
BASSES
Les basses des Autumn sont bien définies, avec beaucoup de texture, depuis le haut du registre jusqu’aux mid-basses, c’est-à-dire de 80 à 250 Hz environ. Les Autumn respectent ainsi parfaitement aussi bien le côté à la fois gras et percutant de la ligne de basse du petit chef-d’œuvre synthwave de Com Truise que le caractère « grondant » et impérieux, mais tenu, de la basse du morceau de Gianni Stiletto.
Côté présence, les basses des Autumn en ont quand il le faut et ne débordent jamais sur les médiums, même avec le filtre « bass ». Globalement, le registre grave délivré par les Autumn reste constamment à sa place dans le mix et n’a de surcroît de présence que lorsque cela a été programmé par la prod — comme, par exemple, au début du « Fu-Gee-La » des Fugees, où la ligne de basse est un peu « gonflée » pour donner au morceau sa coloration hip-hop, tel un indicatif de genre, avant de se fondre ensuite harmonieusement dans le mix et de remplir uniquement, mais avec efficacité, sa fonction de soutien rythmique et sub-harmonique.
Il peut arriver toutefois, notamment dans les octaves les plus bas, que les graves et donc, plus spécifiquement, les infra-graves (< 80 Hz) paraissent un peu confus, « cotonneux » ou brumeux. Je pense notamment à la ligne de basse, tellurique et envahissante, du titre d’A Perfect Circle, ou encore à la grosse caisse de march band du morceau des Eels. Ce n’est pas que les infra-basses, voire le bas des mid-basses, m’aient semblé lents. J’ai simplement cru discerner comme un manque de définition dans ce sous-registre particulier — mais cela dépend en fait des morceaux et je me suis parfois demandé si, au fond, les Autumn ne me présentaient pas des basses une image « sans fard » et si, quand je percevais de la confusion dans leur rendu de ce sous-registre, celle-ci ne venait pas en réalité de la musique elle-même. (Je me suis d’ailleurs fait la même réflexion à propos de leur restitution de la dynamique relative, comme on le verra plus loin.)
MÉDIUMS
Le rendu des médiums par les Autumn est clairement déficient, selon moi, dans sa partie basse. Il y a là comme un creux ou un défaut de présence, qui, entre autres effets, désincarne la voix dans le titre des Eels (où elle est pourtant fortement mise en avant par la prod), rend plus aigus certains instruments ayant leur fondamentale dans le bas-médium, tel le saxophone alto de Tchicaï, et tend à enlever du corps aux cordes.
Dans les mid-médiums, en revanche, ainsi que dans les hauts-médiums, les Autum délivrent pour moi ce qui n’est pas loin d’être un sans-faute tonal. Hormis quelques aigreurs occasionnelles dans la restitution des cordes — les violons de la chanson des Eels, par exemple —, le haut-médium est expressif et maîtrisé, que ce soit dans le rendu du picking de la guitare rythmique dans le morceau d’A Perfect Circle (à partir de la troisième minute), dont l’agressivité est parfaitement contrôlée, ou dans la restitution des voix masculines « fraîches », c’est-à-dire à la tessiture relativement aiguë et enregistrées sans trop d’effet qui, dans le titre de Swell ou celui de Grant Lee Buffalo notamment, ont du corps sans exagération et de la plénitude tout en étant très bien filées, sans heurt ni démonstrativité excessive.
AIGUS
Il n’y a plus, dans les aigus des Autumn, le « pic » typique de la série des Saisons mais ce registre reste quand même un peu acide et agressif dans le rendu de ces intras. Si, par exemple, le piqué de la ride est assez satisfaisant dans le morceau des Eels et présente même une belle clarté dans le titre de Nostromo, les frappes de crash, sur ce même morceau grind-core, ont tendance à être assez « sales »
En fait, deux défauts entachent la restitution des aigus par les Autumn : d’une part un certain retrait du bas-aigu qui se remarque particulièrement sur les musiques les plus « énervées », comme la trance d’n’b fiévreuse de Gianni Stiletto ainsi qu’on le verra plus loin, et d’autre part une légère acidité ou aigreur aux abords de la zone de dureté, vers 7 kHz, qui est peut-être le symptôme d’un manque de définition de ce sous-registre et qui, comme on l’a vu plus haut, se signale par des « salissures » dans la restitution des frappes de cymbale.
Cependant, hormis ces deux travers, le rendu des aigus par Les Autumn est globalement plutôt satisfaisant, notamment par sa faible production de chuintement et de stridence, y compris sur des prods particulièrement « crissantes » qui auraient eu besoin d’un bon passage par le dehisser, comme celle du titre de Grant Lee Buffalo..
DYNAMIQUE
MICRO-DYNAMIQUE (swing et rapidité)
Des graves aux mid-médiums, les Autumn ont une excellente réactivité dans le traitement des transitoires ou, en d’autres termes, un indéniable sens du swing. Que ce soient la guitare basse et la voix dans le titre de Karma to Burn ou encore les violons du morceau des Eels, chaque intervention vocale ou instrumentale « balance » à souhait, avec tout le rythme et, parfois même, la « nervosité » requis. Dans les hauts-médiums et les aigus, en revanche, c’est moins flagrant, peut-être à cause d’un relatif effacement du sous-registre bas-aigu dans la réponse fréquentielle, effacement plus audible — et plus dommageable — sur certains genres de musique que sur d’autres. C’est le cas en particulier dans l’interprétation de la drum’n’bass de Gianni Stiletto : la scansion de son rythme par les Autumn, notamment dans les passages les plus syncopés, m’a paru un peu trop flottante et/ou « molle », en manque de gnaque et d’entrain.
MACRO-DYNAMIQUE (impacts)
Les Autumn sont des intras qui cognent de façon claire et tendue à la fois, en proposant d’excellents impacts non seulement dans les basses et infra-basses, comme on peut l’entendre par exemple sur les titres des Eels et d’A Perfect Circle, mais aussi dans le médium et le haut-médium : la caisse claire du morceau des Pixies, notamment, ou encore celle de la chanson d’A Perfect Circle ont tout autant de mordant que de plénitude et présentent cette forme de sécheresse particulièrement bien dosée, de précision sans agressivité qui prouve un respect du decay qui n’est ni allongé ni raccourci. Il arrive parfois que les impacts sur les autumn souffrent d’un zeste d’aigreur dans la zone de dureté, vers 8 kHz, mais c’est finalement assez rare. De manière globale, la macro-dynamique des Autumn est irréprochable de fidélité et de précision dans tous les registres, comme on peut par exemple le constater à l’écoute du morceau de Max Reich, véritable festival rythmique, à la fois primaire et savant, qui, à mon oreille, n’a jamais aussi bien sonné que sur les Autumn ; ça « claque » de partout, avec une rigueur et une autorité qui accroissent encore le plaisir percussif procuré par cette compo acid-techno old school.
DYNAMIQUE RELATIVE
Les Autumn offrent beaucoup de naturel dans le rendu des intensités sonores simultanées : il y a un léger effet de « gommage » et de fusion qui, joint à une bonne résolution générale, contribue à un respect intelligent et vivant des dynamiques relatives, dans la restitution du titre de Swell, par exemple. Et si certains morceaux, tel celui de Vista le Vie, peuvent donner sur ces intras une certaine impression de maximisation forcée, de « nivellement par le haut », c’est peut-être dû à un choix de prod, le morceau de Vista le Vie étant pas mal compressé (sans doute pour donner une sensation d’« étouffement » en rapport avec le sujet de la chanson). Mais lorsque le titre est réglé de façon plus aérée, comme celui de Flaming Lips, le très bon placement latéral des Autumn aide beaucoup à la lisibilité à tout instant de ce genre de tableau compositionnel assez touffu où chaque source instrumentale est affectée d’effets propres et divers touchant aussi bien à sa dynamique qu’à sa reverb : on entend, seconde par seconde, le moindre détail de l’orchestration, aussi ténu soit-il, avec ses caractéristiques singulières — ce qui, soit dit en passant, permet vraiment de juger de la réussite d’un mix.
RESPECT DES TIMBRES
Le rendu des timbres par les Autumn est de qualité contrastée en fonction du registre considéré. C’est sans doute dans le haut-médium qu’il est le plus respectueux, conférant tout le mordant requis aux guitares grind-core de Nostromo et une fort belle présence aux guitares sèches du titre folk de Swell ainsi qu’aux voix féminines qui, de manière générale, s’imposent sans emphase ni acidité dans le rendu qu’en proposent ces intras.
Dans la partie basse du spectre, en revanche, l’authenticité timbrale est moins évidente. Ainsi, dans le duo jazz de Tchicaï et Rek, la contrebasse du second manque-t-elle selon moi d’ampleur et surtout de corps et sonne-t-elle un peu trop le creux, tandis que le saxo alto de Tchicaï, lui, donne plutôt l’impression d’être un saxo normal, avec une fondamentale assez sensiblement rehaussée. En revanche, pour rester sur le rendu de ce saxo, j’ai retrouvé dans la restitution des craquements de l’anche et du souffle de l’instrumentiste la même fidélité que j’ai déjà pu constater dans le traitement du haut-médium par les Autumn.
SCÈNE SONORE
(spatialisation, placement, séparation...)
(spatialisation, placement, séparation...)
Les Autumn ne sont pas loin, à mon oreille du moins, d’avoir une spatialisation exemplaire. Leur soundstage ne cherche pas à être « hors-la-tête » mais restitue fidèlement l’atmosphère spécifique de chaque morceau, que ce soit la prise de son un peu distante et trop vaste à la fois de la chanson des Pixies, la scène superbement distribuée du titre de Swell ou la spatialisation savante et carrée en même temps du titre d’A Perfect Circle.
Les Autumn n’ajoutent ni vastitude ni proximité artificielles au soundstage des musiques et peuvent, de ce fait même, être fidèles aussi bien aux amples déploiements, tant latéralement qu’en profondeur, de la dark ambient de Rich et Lustmord qu’aux efforts de séparation des sources de la pop acidulée des Flamings Lips qui aident grandement à la lisibilité de son orchestration. Enfin, acid test s’il en est, le morceau live des Nirvana sonne sur les Autumn ainsi qu’il devrait sans doute toujours sonner, c’est-à-dire comme une captation assez foireuse dans sa spatialisation recomposée, avec un set de batterie trop en avant, un chanteur trop lointain et nasillard et un placement général des instruments très difficilement lisible dans toutes les dimensions.
En bref, la scène sonore des Autumn frôle la perfection en ce qu’elle sait constamment s’effacer au profit de la spatialisation propre à chaque morceau.
CONCLUSION
Au final, comme vous avez pu le constater, la sonorité des BQEYZ ne présente qu’une poignée de défauts vraiment marqués qui, par ailleurs, sont assez typiques des signatures en V ou en W, à savoir un creux dans le bas-aigu et un autre, beaucoup plus audible en l’occurrence, dans le bas-médium. Ils gardent aussi un peu l’aigreur dans les hauts registres qui était jusqu’alors typique de la série des Saisons mais qui, tout en persistant chez les Autumn, n’en est pas moins considérablement atténuée.
Certains de ces défauts, en particulier le manque de corps dans le bas du spectre, sont pour moi rédhibitoires et me feront toujours préférer aux Autumn des intras peut-être moins « techniques » mais au rendu plus plein — comme mes chouchous du moment, par exemple, les Audio Hekili qui, à mes oreilles du moins, savent mieux allier sensualité et rigueur.
Au prix où ils sont proposés, toutefois, et avec l’atout du jeu de filtres qui permet un réel ajustement de l’importance relative des basses par rapport au reste du spectre, j’estime que les BQEYZ Autumn sont assez recommandables aux audiophiles de toutes chapelles, qu’ils soient basseux ou fans d’aigus