AKG K319, Blox ANV3se, Creative Aurvana Air, Dasetn Audio MX1,
Dasetn Audio MX760, Sennheiser MX985 & Yuin PK1.
Un grand merci à westmat pour le prêt de ses PK1 et à Valentin pour celui de ses K319!
Le reste du panel testé m’appartient.
Aucun intérêt professionnel ni commercial ne me lie aux marques évoquées dans ce comparatif.
Protocole adopté
Panel retenu:
Ce test n’a pour objets que les paires d’oreillettes qui m’ont paru de qualités comparables.
Qu’on ne se méprenne pas sur l’écart de points entre celle que j’ai estimée être la meilleure (Dasetn MX760) et celle qui m’a paru la moins convaincante (Sennheiser MX985): tous ces écouteurs-boutons appartiennent selon moi à la crème de ce genre de système d’écoute.
D’autres, qui étaient également à ma disposition, ne m’ont pas semblé dignes de leur être opposés. Il s’agit des modèles suivants : Atomic Floyd AirJax, Blox M2C, Cresyn C500E, Dasetn Audio AP8, Sennheiser MX90VC et Yuin PK2 DIY.
J’ai également eu l’occasion d’écouter assez longuement (avant de les revendre) des Hisoundaudio PAA-1 Pro ainsi que des Yuin PK3 et je pense qu’ils auraient encore moins mérité de figurer dans ce tableau…
Il est enfin des modèles que, faute de moyens ou d’occasion, je n’ai pas pu tester mais qui auraient peut-être pu intégrer ce comparo : je pense notamment aux Ubiquo UBQ-ES903 ainsi qu’aux Audio Technica ATH-CM700 TI.
Source et play-list:
Ma source exclusive pour ce comparatif a été mon iBasso DX50 tournant sur le firmware alternatif « DX50 MIX V2 BY DOC2008 », sans effet ni gain (sauf pour les PK1 dont la forte impédance m’a obligé à utiliser le gain maximal disponible sur ce lecteur).
Le DX50, je tiens à le souligner, s’est révélé pour ce test un formidable outil d’analyse, fin et discriminant.
Ma play-list de test a été celle à laquelle renvoie le lien dans ma signature. Je la connais très bien et la réécoute régulièrement sur tous mes lecteurs et combos, nomades comme sédentaires.
Méthode suivie:
Le travail accompli pour vous livrer ce comparo s'est déroulé sur trois semaines.
J’ai d’abord procédé à une écoute individuelle de chaque paire d’oreillettes en navigant dans la play-list selon les critères à étudier. J’ai rédigé au fur et à mesure un premier jet des articles de synthèse qui sont présentés à la suite du tableau.
J’ai ensuite comparé les oreillettes entre elles, critère par critère, en les notant. Cette mise en relation de leurs défauts et qualités respectives m’a parfois incité à corriger les articles que je leur avais consacrés.
Enfin, j’ai mis au point le tableau et la rédaction définitive des articles de synthèse. Il est donc probable que les questions que vous risquez de vous posez à l’examen du tableau trouvent leur réponse ou, à tout le moins, un début d’éclaircissement dans la lecture de ces articles…
Ce classement n’a, dans mon esprit, rien de figé.
Il peut évoluer. Vos remarques peuvent notamment m’amener à réviser certains des mes jugements. N’hésitez pas à m’en faire part !
Enfin, je dois vous avouer que je ne suis vraiment pas arrivé à me convaincre de classer ces écouteurs par leur aspect (trop subjectif), leur confort (trop variable selon les oreilles), leur solidité (variable aussi selon les personnes…) ni par leur accessoirisation.
Avant de passer à la pièce de résistance de ce comparatif, permettez-moi de vous livrer quelques mots d’explication qui vous seront sans doute utiles pour comprendre la signification des notations.
Vous remarquerez en premier lieu que ce classement est relatif. Il n’a absolument pas pour prétention de noter chaque paire d’oreillettes dans l’absolu (ni même par rapport à l’ensemble des écouteurs-boutons disponibles sur le marché).
La note qu’a reçue chaque paire d’oreillette selon chaque critère (dans chacune des cellules du tableau) ne reflète que le positionnement de cette paire d’oreillettes par rapport aux autres paires du comparatif en fonction de ce critère précis.
C’est pour cela que les notes s’étagent de 1 à 7, les écouteurs-boutons les mieux notés dans un domaine particulier recevant 7 points, les suivants 6, etc… jusqu’aux derniers qui sont crédités d’1 point seulement. J’ai adopté un code de couleurs qui suit cet échelonnement, depuis le rouge le plus chaud qui correspond à la note maximale, jusqu’au bleu le plus froid qui correspond à la note minimale, et ce afin que les qualités et défauts respectifs de chaque modèle (horizontalement donc) soit visibles le plus rapidement et le plus clairement possible.
Venons-en maintenant aux critères proprement dits…
La note de soundstage reflète essentiellement le degré de séparation latérale (précision de la localisation des sources dans le panoramique) ainsi que la clarté de l’étagement des plans en profondeur. Cette note n’évalue pas la forme ni les dimensions de la scène sonore non plus que la position de l’auditeur par rapport à cette scène. J’ai estimé en effet que ce genre de jugements relevait du goût de chacun. La largeur et la profondeur du soundstage n’ont été prises en compte que si elles nuisaient à la séparation latérale ou à l’étagement des plans en profondeur. De même la position de l’auditeur n’a-t-elle affecté la note que si cette position manquait de fermeté. J’ai en revanche pris en considération la perception d’une éventuelle hauteur de soundstage, celle-ci contribuant à l’impression de réalisme de la restitution des espaces acoustiques.
La réponse fréquentielle des sept écouteurs-boutons a été jugée d’un point de vue à la fois quantitatif et qualitatif, le manque de basses, par exemple, pouvant baisser la note tout comme leur texturation ou encore leur extension étaient susceptibles de la remonter.
La rapidité évaluée dans le tableau est la précision du rendu dans le temps, à distinguer donc de la séparation latérale et de l’étagement en profondeur qui mesurent la précision du rendu dans l’espace. Ces deux groupes de critères définissent la notion globale de résolution ou de niveau de détail. J’ai trouvé plus intéressant de les étudier séparément.
Le terme de timbres est une abréviation pour « respect des timbres et des acoustiques ». La note sous ce critère rend compte de la capacité à restituer avec justesse un timbre, tant dans son émission que dans sa réverbération. Elle reflète plus globalement tout ce qui fait que tel ou tel instrument « sonne » bien et sonne juste dans telle ou telle prise de son ou prod.
Enfin, par dynamique, j’entends la fidélité à la dynamique du signal, c’est-à-dire le respect de ses écarts de volumes tant globalement (d’un passage « calme » à un passage plus bruyant d’un même morceau) que dans le détail des attaques instrumentales (micro-dynamique) ainsi que leur réalisme (en gros la juste proportion entre attack et decay). La fidélité à la dynamique conditionne donc en partie le respect des timbres… mais pour partie seulement car, comme le montre le tableau, les performances dans ces deux domaines ne sont pas toujours corrélées.
Les Dasetn MX760 et les Creative Aurvana Air (CAA) se détachent clairement du lot et sont au coude-à-coude en tête du classement… mais pour des raisons nettement différentes, tellement différentes, à vrai dire, qu’ils pourraient presque être considérées comme des paires d’écouteurs-boutons complémentaires, les MX760 charmant par le naturel de leur restitution, surtout sur des morceaux acoustiques, tandis que les CAA frappent par leur énergie et leur autorité, notamment dans les musiques électroniques (même si je crois savoir que les baroqueux les apprécient beaucoup aussi…). Ni les uns ni les autres ne présentent de défauts rédhibitoires mais seulement des faiblesses ponctuelles (les extrémités du spectre pour les Dasetn et la relative lenteur des CAA).
Les AKG K319 et les Dasetn MX1, à égalité de points, forment un deuxième peloton… et sont également assez complémentaires l’un de l’autre, les K319 se faisant remarquer par leur aération et leur clarté, idéales pour le rendu des petites formations acoustiques, jazz ou classique, et les Dasetn par leur précision et la richesse de leurs médiums qui, à mon sens, les prédisposent assez nettement pour la pop. Hélas, ces deux paires souffrent de faiblesses relatives assez lourdes : le manque de graves pour les AKG et la dynamique mollassonne pour les MX1. S’ajoutent à ces lacunes plutôt marquées d’autres menus défauts (une certaine mollesse également chez les AKG ainsi que des timbres un peu « cartonnés », et des extrémités du spectre encore plus écourtés chez les MX1 que chez les MX760) qui achèvent de creuser l’écart entre ce groupe et les premiers de la compétition.
Un troisième groupe les talonne d’assez près, formés par les Yuin PK1 et les Blox ANV3se. Là encore, curieusement, nous avons affaire à une paire de complémentaires. Ce qui les relègue en arrière de la course est la relative hétérogénéité de leurs caractéristiques, avec des qualités évidentes (acuité des aigus et rapidité pour les PK1, forte présence des graves doublée d’une superbe fidélité timbrale et d’une très bonne dynamique pour les Blox) malheureusement gâchées par des failles gênantes (scène sonore à la ramasse pour les Yuin, aigus en berne et lenteur du rendu pour les ANV3se), le reste étant trop médiocre pour relever la moyenne.
Les Sennheiser MX985 sont la lanterne rouge de ce classement… ce qui, sincèrement, m’a pas mal surpris moi-même! Je ne m’attendais pas à une aussi piètre performance de leur part, d’autant qu’à défaut de les écouter depuis que je connais les produits Dasetn, j’en avais gardé un assez bon souvenir. Mais la comparaison a été impitoyable pour eux et ils n’ont finalement jamais réussi à me séduire face à leurs concurrents, et cela quasiment pour une seule et unique raison: la très forte (et très artificielle) réverbération qui affecte leur restitution générale et l’altère dans pratiquement tous les secteurs.
Mais je vais vous reparler de tout cela plus en détail dans les articles de synthèse qui suivent…
Si vous voulez en savoir plus sur chaque paire d’oreillettes et surtout connaître un peu mieux les motivations de mes notes, c’est par ici que ça se passe…
Je vous ai également pris des photos des compétiteurs pour vous montrer les aspects marquants (ou pas) de leur physique : les coques (avec et sans bonnette), le séparateur de câbles et la fiche jack (du 3,5 mm pour tout le monde). Vous n'avez qu'à cliquer dessus pour les agrandir.
Seuls les clichés des K319 sont des emprunts, Valentin m’ayant prêté une paire recâblée qui, m’a-t-il assuré, présente exactement les mêmes performances qu’avant son recâblage (sans l’inconvénient du contrôleur de volume qui avait selon lui tendance à s’actionner intempestivement).
J’ai ajouté en fin de chaque article les spécifications techniques qui m’ont paru importantes à connaître (le diamètre de la coque sans bonnette, l’impédance et la sensibilité) ainsi que le prix moyen constaté, frais de port compris, et la disponibilité de tous ces précieux...
Dasetn Audio MX760/M760
Les Dasetn MX760 ont un soundstage plus tassé et encore moins profond que celui de leurs prédécesseurs historiques, les MX1, mais avec un étagement des plans plus fin et plus réaliste, grâce à une meilleure maîtrise des reverbs, et aussi plus de hauteur: le soundstage devient ici plus frontal et enveloppant à la fois, avec une position de l’auditeur plus en avant que sur les MX1. La scène de ces écouteurs prend ainsi une allure quasi « gradoesque », avec une séparation latérale plus large que celle des MX1, mais encore plus naturelle et maîtrisée, et un excellent placement des sources dans le panoramique. Ce n’est pas encore l’impressionnante 3D, presque holographique, des Akg K319 mais déjà une présentation pleine d’aisance et d’aération.
La réponse fréquentielle des MX760 reste dans l’axe des productions Dasetn : essentiellement mid-centric. Mais les médiums sont ici encore un cran au-dessus de ceux des MX1 : plus en avant, plus charnus, comme vitaminés du bas et du haut, avec plus de corps dans le bas-médium et un haut-médium plus accentué. Cela se paie par quelques sibilances à l’approche des aigus mais sans rien de rédhibitoire : la signature des MX760 sait rester chaude et fluide à la fois. En fait, les médiums bénéficient d’une amélioration du spectre des MX1 aux deux extrémités. Les mid-basses sont ainsi plus percutantes sur les MX760, plus présentes, même si elles n’ont guère plus de corps et présentent peut-être un peu moins de texturation. Quant aux aigus, quoique moins brillants que ceux des MX1, ils semblent mieux articulés, plus détourés, plus distincts et, du coup, contribuent mieux à l’expression du signal. Maintenant, cette séparation fréquentielle est moins marquée dans les médiums, notamment dans le passage des mid-médiums aux bas-médiums, ce qui peut nuire, par exemple, à la lisibilité de la structuration d’un chœur mixte, les tessitures proches ayant tendance à se chevaucher sur les MX760. La séparation fréquentielle redevient plus tranchée à mesure qu’on descend les octaves, avec la meilleure résolution dans les mid-basses. (Les MX760 sont ainsi les oreillettes qui permettent sans doute le mieux de suivre une ligne de basse dans une section rythmique un peu touffue.)
Globalement, les MX760 offrent un rendu moins clair que celui des MX1. Ils pourraient même paraître au premier abord un peu sourds. En fait, ils présentent beaucoup de délié et de précision à la fois dans l’articulation. Alors, certes, ils respectent moins les micro-détails et les transitoires que les MX1 qui semblent, par comparaison, avoir une restitution plus fine et plus délicate, mais le redressement du spectre aux deux extrémités chez les MX760 ainsi qu’une dynamique supérieure permettent finalement à ces oreillettes de présenter une plus grande fidélité timbrale… tout en compensant une chute certaine dans la rapidité. Les timbres paraissent ainsi plus « pleins » et plus réalistes sur les MX760 qui offrent notamment beaucoup de présence et de subtilité dans le rendu des voix
En fait, et pour conclure, je dirais que ces écouteurs sont les charmeurs du lot, notamment pour l’écoute du rock en formation « classique » (guitare + basse + batterie + voix), avec un rendu plus « vibrant » et chaleureux, plus réaliste donc, que celui des MX1 qui, du coup, semblent plus techniques et plus « froids ».
A eux deux, en tout cas, ils forment une belle paire d’oreillettes complémentaires!
Coque: ø 17 mm
Impédance: [non communiquée à ce jour]
Sensibilité: [non communiquée à ce jour]
Disponibilité et prix: prototype vendu à une vingtaine d’exemplaires seulement dans le cadre d’un achat groupé organisé ici même par Valentin, donc seulement disponible en occasion à l’heure actuelle. Pour information, j’ai acheté ma paire 14 € fdpin à l’un des membres du forum qui avait eu la bonne idée de s’inscrire à cette vente… et de n’apprécier que moyennement ces oreillettes ! Edit du 12/03/14: dispo sous l'appellation M760 sur le site dasetn.com à 35,99 $ fdpin.
Creative Aurvana Air
Le soundstage des CAA impressionne surtout par son étagement des plans en profondeur. Non que la scène de ces écouteurs soit fortement creusée. Elle est même un peu ramassée (ce qui nuit d’ailleurs parfois à la perception des espaces acoustiques qu’ils tentent de restituer). Mais leur respect des reverbs, voire leur tendance à les accentuer un chouïa, suffit à les rendre bien discriminants dans la dimension frontale. Ils offrent par ailleurs une séparation correcte dans le panoramique, sans excès de latéralisation et avec un placement globalement juste des sources.
Leur réponse fréquentielle paraît de prime abord contradictoire. Leur sonorité générale, très claire, semble en effet un peu « pointue » à la première écoute, voire aigre et, par ailleurs, leur rendu des basses impressionne immédiatement. En fait, cette paire d’oreillettes présente un équilibre en V à tendance descendante et c’est la relative sécheresse de ses médiums qui lui donne parfois une saveur un peu sure… Mais voyons les choses dans l’ordre et commençons par les graves des CAA. Ceux-ci, donc, sont de toute beauté : bien tenus et profonds à la fois, avec du corps et de la texture en même temps, autant qu’on peut en espérer des écouteurs-boutons dans la restitution de ce registre et, surtout, une très bonne extension (peut-être la meilleure de tout le comparo). Les aigus, en revanche, sonnent un peu fluets et ont l’air de manquer autant de présence que de résolution. Ils sont néanmoins bien filés et assez finement détourés. Ce sont les médiums qui gâchent le tableau général : les voix, sur ces écouteurs, paraissent en retrait et très sibilantes, symptôme d’une articulation hauts-médiums/aigus brouillonne et relâchée. Par ailleurs, si les hauts-médiums semblent souvent trop proéminents, les bas-médiums, eux, souffrent d’un creux assez marqué qui ôte de l’assise et de la chair à l’ensemble du registre. De façon plus générale, les médiums, quoique justes tonalement, manquent sur ces écouteurs d’ampleur et d’extension, de moelleux aussi, ce qui achève de les assécher.
Comme il fallait s’y attendre au vu de leur spectre plutôt accidenté, les CAA ont un respect des timbres variable suivant les registres : évident dans les graves, correct dans les aigus et médiocre dans le médium (et cela, essentiellement, par manque de corps)
Leur rapidité est en outre assez nettement en dessous de la moyenne, même si leur rendu est par ailleurs assez résolutif et détaillé.
Leur dynamique est en revanche très bonne, avec des attaques qui savent rester précises et percutantes, malgré l’accentuation des reverbs dans le grave.
Coque: ø 17 mm
Impédance: 32 ohms
Sensibilité: 102 dB
Disponibilité et prix: 59,99 € fdpin sur le site de la marque.
AKG K319
Le soundstage des AKG frappe immédiatement par sa très grande aération. Celle-ci peut parfois sembler excessive et comme gonflée par des reverbs artificielles… mais non : on a tout simplement affaire, avec les K319, à la plus belle scène du comparo, tellement meilleure que celle des autres écouteurs qu’on pourrait en venir à lui reprocher son manque de naturel… alors qu’en fait elle sort juste de l’ordinaire ! Sa latéralisation est sans aucun excès, aussi distributive dans le panoramique qu’étagée en profondeur. On la « sent » bien (elle a du reste une forme perceptible, plutôt ronde) et, surtout, elle a de la hauteur, ce qui la rend sensiblement sphérique et achève d’en faire une exception remarquable dans le monde des oreillettes HDG. Autant dire que les K319 sont aussi les écouteurs-boutons qui respectent le mieux le rendu des reverbs…
Leur réponse fréquentielle offre un équilibre nettement montant se traduisant par une sonorité globalement claire et une signature plutôt analytique. Hélas, cette clarté a un prix : les basses coupent assez tôt et manquent autant de corps que d’impact. Ce sont clairement les moins consistantes du comparo. Des mid-basses au bas-médium, en revanche, il y a plus de présence et de texture. Le même paysage se retrouve dans les médiums, également en retrait et plutôt fluets, mais fins et réalistes malgré tout… sauf dans le haut-médium, trop en avant, aigre et sibilant! Par comparaison (et c’est fort dommage) les aigus contigus ont l’air eux aussi contraints et serrés alors qu’ils sont juste équilibrés et franchement bien filés.
Au contraire de ce que j’ai pu relever chez certains de leurs concurrents, comme les MX1 ou, dans une moindre mesure, les PK1, la dynamique des K319 ne souffre pas de tassement ni de mollesse mais, au contraire, d’une trop grande agressivité, à la limite de la caricature : ça cogne sans cesse! Et c’est aussi inexact que fatigant, même si cela contribue à l’impression générale de clarté et de résolution. (Effet pervers de la haute sensibilité de ces oreillettes ?)
Paradoxalement, ce caractère outrancièrement incisif des attaques se double d’un défaut de rapidité dans le déroulement du signal. Les AKG sont plutôt lents et ont tendance à s’emmêler un peu les pinceaux sur les genres musicaux les plus « énervés »… d’autant qu’ils présentent par ailleurs un certain manque de délié dans l’articulation, en particulier dans la restitution des micro-détails et des transitoires, qui rend les timbres des voix et surtout des instruments aigus parfois un peu métalliques et qui se traduit également par un certain manque de raffinement dans le rendu des médiums. En revanche, ils démontrent une excellente discrimination des registres entre eux et des sous-registres au sein des registres eux-mêmes: les différentes octaves sont bien séparées et les instruments d’un même registre sont nettement différenciés.
Coque: ø 16,9 mm
Impédance: 32 ohms
Sensibilité: 128 dB
Disponibilité et prix: entre 60 et 70 € fdpin en import (par exemple 67,58 € fdpin sur Export-Privé ou encore 64,80 € fdpin sur ebay…) mais… attention aux fakes!
Dasetn Audio MX1/M1
Les MX1 ont un soundstage plutôt frontal mais à l’étagement en profondeur assez réaliste, même si moins résolutif dans cette dimension que celui des CAA. La latéralisation de la scène est également contenue, offrant un placement ainsi qu’une séparation des sources relativement précis : cela ne « part » pas sur les côtés.
La réponse fréquentielle et, plus généralement, la signature des ces écouteurs sont d’une très grande cohérence : c’est mid-centric et doux. Si les CAA brillent par leurs graves, ce sont les médiums qui font la valeur des Dasetn MX1. Ces médiums sont magnifiques sur toute leur étendue, avec de la chair dans le bas et de l’attaque dans le haut mais très maîtrisée, sans aucune sibilance : la transition haut-médium/aigus est totalement fluide et sans heurt. Les aigus, quant à eux, sont fins mais manquent peut-être de brillance et semblent un peu mats. Cela dit, ils m’ont paru réalistes, juste un peu trop « fondus » dans le signal global. Les graves sur ces oreillettes, quoique coupant assez haut, ont de la présence et même de la texture tout en manquant un peu d’impact et de beaucoup de corps. Les infra-basses sont en revanche quasi absentes sur les MX1 qui les donnent plus à deviner qu’à entendre.
Ces écouteurs ont un autre avantage, qui n’apparaît peut-être pas immédiatement mais qui devient évident dans le cadre d’un comparatif comme celui-ci : leur grande rapidité. Celle-ci compense d’ailleurs une dynamique plutôt molle (ou, si l’on préfère, « douce », à l’image de leur signature).
Enfin, malgré un spectre rogné aux deux extrémités, les MX1 savent généralement respecter les timbres des instruments et, en particulier, comme il fallait s’y attendre, ceux des voix auxquelles ils savent conférer beaucoup de présence, de détail et de réalisme.
Au bout du compte, on a là une restitution qui, malgré ses limitations, sait toujours rester souple et fidèle à la fois et qui peut s’écouter sans fatigue des heures durant.
Coque: ø 16,9 mm
Impédance: 18 ohms
Sensibilité: 105 dB
Disponibilité et prix: disponible sous l'appellation M1 (et en trois couleurs au choix), à 17,99 $ fdpin, sur le site Dasetn.com.
Yuin PK1
Les Yuin présentent non seulement une scène sonore latéralisée à l’excès, à la séparation confuse et brouillonne, mais également un étagement en profondeur relativement médiocre, ce dernier défaut étant principalement dû à un manque d’extension dans les basses ainsi qu’à un écourtage assez sévère des reverbs.
La réponse fréquentielle de ces écouteurs est en V à tendance montante, donc plus portée sur les aigus que sur les graves, mais sans rien d’agressif dans le plus haut registre qui est au contraire rendu de manière fine et aérée. En outre, les basses sur les Yuin, quoiqu’écourtées comme sur la plupart des oreillettes, sont audiblement présentes, certes relativement peu détourées et texturées mais avec de l’impact et du corps. Dans l’ensemble, le spectre des PK1 est assez complet, même s’il souffre d’un creux dans l’articulation bas-médiums/graves qui désincarne les voix, d’un retrait marqué dans les médiums proprement dits (qui, néanmoins, sont correctement articulés) et, surtout, d’une pointe dans la jonction haut-médium/aigus qui rend leur sonorité générale plutôt acide et génère pas mal de sibilances.
Hors ça, et malgré une dynamique un peu tassée, les Yuin ont de l’attaque et de la rapidité, ce qui leur permet d’offrir un assez beau délié dans l’articulation et de la finesse dans leur rendu des transitoires qui se montre précis et souple à la fois : leur restitution des arpèges d’une guitare, par exemple, peut être aussi fluide que précise.
Leur fidélité timbrale est dans la moyenne, sans plus.
Coque: ø 16,2 mm
Impédance: 150 ohms
Sensibilité: 109 dB
Disponibilité et prix: env. 110 € fdpin sur ebay.fr.
Blox ANV3SE
Le soundstage des Blox ANV3se est plutôt étroit en largeur et n’offre qu’une séparation latérale médiocre. Sa profondeur, quant à elle, est trouble : tantôt il paraît s’ovaliser vers le fond, tantôt se tasser frontalement, flottement assez désagréable qui tient peut-être à la position de l’auditeur qui a l’air relativement éloignée et comme mise à distance de la scène. Malgré cela, l’étagement des plans est assez résolutif, sans toutefois prétendre à la clarté : disons que ce n’est pas trop brouillon.
La réponse fréquentielle présente un équilibre nettement descendant. Les graves sont le point fort des Blox. Ils sont à la fois ronds, présents et percutants. Les mid-basses sont particulièrement bien tenues, quoique très légèrement en retrait. Les ANV3se offrent par ailleurs un début d’infra-graves assez plaisant. Cela ne descend pas très loin mais on sent quand même la vibration de ce registre. Contrairement à ce qu’on peut constater dans le rendu d’autres écouteurs-boutons, même HDG, la réponse fréquentielle ne donne pas le sentiment de chuter trop sévèrement dans le bas du bas. Les Blox sont même les oreillettes de ce comparo qui descendent sans doute le plus bas dans le spectre de fréquences, plus même que les CAA. Pour continuer dans l’excellence, les hauts-médiums sont magnifiques, aussi précis que clairs, sans agressivité ni sibilance et avec une belle extension spatiale en profondeur. Médium et bas-médium m’ont en revanche paru assourdis et comme voilés, plus particulièrement dans la restitution des voix. Cet effet de voile s’accentue malheureusement dans les aigus qui, quoique assez fins et pas trop mal filés, manquent de détail et de brillant, de présence, de contourage.
La sonorité globalement douce et feutrée des Blox est un peu vivifiée par une bonne précision dynamique : les ANV3se ont de l’attaque quand il le faut, de bonnes réserves de jus, notamment dans le bas-médium. (On sent d’ailleurs une légère accentuation de la réponse fréquentielle à cet endroit.)
Hélas, côté rapidité, ils sont très lents et régurgitent assez vite de la bouillie dès que les BPM augmentent.
Curieusement, et sans que je me l’explique vraiment, cela ne les empêche pas d’avoir une fidélité timbrale assez saisissante, en particulier dans le rendu des morceaux acoustiques. Avec eux, les live de folk, notamment, sont un pur plaisir !
En fait, même si techniquement ils sont un peu à la traîne de ce comparo, les Blox ont une personnalité réelle et attachante qui se découvre avec le temps : délicate mais faussement relax, chaude, enveloppante, plutôt intimiste et réaliste… Si on aime ce genre de finesse, discrète et solide à la fois, c’est le pied !
Coque: ø 16,7 mm
Impédance: 32 ohms
Sensibilité: 107 dB
Disponibilité et prix: en occasion uniquement mais il n’est pas exclu que Blox en repropose à la vente sur son site. J’y ai acheté les miens neufs à 100 $ fdpin.
Sennheiser MX985
Les MX985 ont un soundstage tellement réverbéré que tout s’y perd ou presque. Même la profondeur de scène semble artificielle, comme si elle était l’effet d’un déphasage général du signal (ce qui est peut-être le cas !). D’un autre côté, la scène en devient immense, surtout dans le sens de la largeur, très aérée et donc bien distributive, avec une séparation latérale marquée des sources les unes par rapport aux autres. Mais, bon sang, comme l’étagement des plans manque de fermeté ! On sent bien que ces oreillettes prétendent à la profondeur mais, hélas, elles ne peuvent vraiment parvenir à une restitution naturelle des acoustiques à cause de la réverbération généralisée du soundstage. Il arrive cependant que la scène donne comme l’impression de s’ovaliser vers le fond. C’est une sensation fugace mais qui revient par à-coups, en fonction des enregistrements : tantôt inexistante sur telle prestation acoustique live, tantôt évidente sur certains morceaux de studio déjà fortement spatialisés en eux-mêmes. En fait, le soundstage des MX985 a l’air plus conçu pour refléter des choix de prod (« artificiels » donc) que des ambiances de concert (« naturelles »)… Mais bon, ces éclairs de grâce ne durent guère, tant la position de l’auditeur par rapport à la scène est par ailleurs flottante, achevant de brouiller la perception de l’espace sonore restitué par ces écouteurs.
La réponse fréquentielle est à l’avenant, avec une tubularité marquée à tous les étages de fréquence. Les hauts-médiums sont aigres, creux, dans le masque. Il en va de même pour les mid-médiums, très en retrait et étouffés même si, au final, ils ne sont pas trop mal articulés. Les bas-médiums sont mieux car moins affectés par la dispersion acoustique générale. (Pourquoi ? Je n’en sais rien !) Les reverbs de ce dernier registre, en tout cas, sont plutôt fidèles, précises, avec de l’extension. Les choses s’améliorent encore un peu dans les mid-basses, à la fois rondes et relativement détaillées, très tenues. Globalement les graves sont profonds et précis, même si leur extension, surtout dans les infra-basses, se perd pas mal dans l’immensité de cathédrale du soundstage. Les premiers octaves des aigus sont, quant à eux, mats et agressifs, dans le prolongement de la sonorité du haut-médium. Heureusement, à l’instar de la descente dans les basses, la montée dans les aigus s’accompagne d’un regain dans la maîtrise du signal, ce qui fait que les plus hauts registres, quoiqu’encore un peu en retrait, sont rendus avec assez de finesse et de naturel ou, du moins, sans le côté tubulaire qui plombe tellement le médium et ses alentours.
La sonorité générale est quand même assez étriquée, rigide, contrainte.
A cela s’ajoute une dynamique un peu molle (même si l’aigreur du haut-médium donne une impression d’agressivité de la restitution) et un certain manque de rapidité, les réverbérations de la scène et la tubularité de la sonorité globale nuisant bien évidemment à l’impression de vélocité du rendu.
Au bout du compte, c’est la restitution des timbres qui en pâtit. Faute de précision et de tenue, tant dans la spatialisation que dans la réponse fréquentielle, la fidélité timbrale a tendance à s’effondrer. Je ne dirais pas que tout sonne faux sur les Sennheiser… mais leur prestation, comparée à celle de leurs concurrents, m’a souvent amené à faire la grimace.
Coque: ø 16,3 mm
Impédance: 16 ohms
Sensibilité: 120 dB
Disponibilité et prix: environ 110 € fdpin un peu partout, notamment sur les différents Amazon européens.