Oyez oyez, j'ai profité de la quiétude de ce dimanche après-midi, et de la confection de cookies, afin de pratiquer une expérience que j'espère toute autant enrichissante et agréable. Agréable, elle le fut assurément pour mes oreilles. Enrichissante, ce sera à vous de le juger. Bref, comme il s'agit de la section feedback et que vous savez lire les titres, votre sagacité alliée à des intelligences hors-du-commun vous permettent de déduire : un petit comparo HE-6 contre Susvara. Il fallait bien que ça arrive non ?
Les forces en présence
Pour la configuration, je ne me suis pas encombré, ayant désormais fait mes choix auparavant :
- la partie DAC (et lecture en fait) sera gérée par le Hiby R8 dont j'ai une haute opinion en tant que source analogique, en line-out quoi
- la partie ampli est elle aussi commune, ce bon Quloos QH1 qui aura donc eu raison du Bakoon HPA-01, qui lui-même eut raison des Aroma A100T, Cayin C9, Fiio Q7 etc...
Les points de différence désormais :
- il y a un HE-6 et un Susvara, sérieux
- le HE-6 est câblé en Vectura, le Susvara en DM-Audio, donc à la fois sur le plan tarifaire et le confort, le HE-6 tient la corde. Je ne me prononce pas sur le son car je n'ai jamais comparé les 2, je peux simplement dire que le DM-Audio du Susvara est infiniment plus qualitatif et confortable que celui de base, tout autant qu'il apporte plus de grain, de vie.
La zique les amis, la zique...
Et le nerf de la guerre, la musique qui permettra ce compte-rendu : étant dans une journée orientée pop, ayant eu de sublimes réminiscences du groupe, considérant que le volume un ne sera peut-être pas assez différenciant sur l'aspect purement qualité sonore, j'ai donc jeté mon dévolu sur Garbage - Version 2.0
Fabuleux album de pop/rock électro-isée, la production bien chargée et très clairement enregistrée permettra à mes oreilles de percevoir les déviations entre les deux monstres de Hifiman, représentatifs de deux époques différentes dans la vie de l'entreprise.
Priorité à l'aîné
Car clairement le HE-6 représente parfaitement les débuts. Déjà, il a connu 3 variations documentées. Un bon industriel propose un produit de qualité égale sur toute sa production, pas changeante au petit bonheur la chance. Ajoutez une construction poliment, "à l'ancienne", plus méchamment, "avec les moyens du bord". Le HE-6 n'est pas un casque inconfortable, changer de coussinets ainsi qu'adjoindre un rembourrage sur l'arceau permet d'obtenir quelque chose de décent, mais ce ne sera jamais son point fort. Qui plus est, il fait partie des poids lourds. Et surtout, surtout, il est notoirement connu pour ses faiblesses au niveau des jointures arceau/porte-driver. La soudure qui lâche n'est pas un cas isolé. Fort heureusement mon exemplaire n'a jamais connu ce genre de mésaventure et semble à l'abri pour quelque temps encore.
A noter, il est légèrement moddé, le "quarter mod" qui consiste à appliquer une pièce de mousse légère sur... un quart de la surface du driver. Le but étant de tamiser un peu les aigus que certains trouvent fatigants.
Puis grillons-la avec le deuxième venu
Le Susvara fait entrer dans un autre monde. Pour commencer, Hifiman a clairement eu la folie des grandeurs avec son introduction, n'hésitant pas à l'afficher à 6000 balles dès ses débuts (pour rappel le HE-6 a débuté à 1000$ pour finir à 1200). Pour le justifier, il a fallu, outre préciser qu'il est mieux, monter de plusieurs crans sur la qualité de fabrication et du confort. Mission réussie (quasi) ! Le confort est à des années-lumière. Vous percevrez immédiatement la différence. Plus discret sur les oreilles, plus léger, limite doux par rapport au vieux descendant, le port est vraiment un plaisir quand on vient du passé. La fabrication a également fait le même bond, avec un arceau en métal du plus bel effet, qui inspire confiance. Il est doublé d'un large bandeau en cuir fort léger au port et confortable, la répartition du poids sur une large surface est bien meilleure. La liaison avec les écouteurs ne fait plus peur, elle pivote d'ailleurs à l'infini dans tous les sens. Je ne sais pas si ça peut avoir une conséquence à trop le faire, je ne m'amuserai pas à tester.
Mais j'ai écrit "quasi". Premier point, j'ai la version avec les connecteurs 2,5mm. Je conçois qu'en terme de perception de la durabilité, ça puisse faire un peu peur sur le long terme. Perso, c'est un casque sédentaire qui restera à la maison soit sur mes oreilles, soit sur son support, il n'y aura pas de stress sur les connecteurs, mais ça s'entend. Deuxièmement, le casque craque. Oui, vous l'entendrez craquer même en bougeant modérément la tête. Est-ce mauvais signe ? Je ne pense pas car ça doit venir de sa conception en métal, mais oui, ça détonne. Enfin de manière plus amusante, étant en métal, et plus précisément en fer pour partie je pense vu le résultat, il est conducteur ! Ne vous étonnez pas de prendre quelques chtards au niveau des oreilles par temps sec...
La comparaison sans fard
Bien Jean-Pascal, tu aimes déblatérer, on a bien compris, parle du son maintenant. Ok, ok, je m'exécute.
Alors oui, pour débuter, ce Version 2.0 est un vrai plaisir auditif. Les touches electro ne sont pas discrètes, il fourmille de détails lâchés en arrière-fond et le groupe joue vraiment avec la dynamique, cassant les parties pop douce avec des attaques franches. Bref, ce n'est pas un disque audiophile, pour autant il permet la discrimination.
J'ai d'abord écouté le disque en entier s'il-vous-plaît avec le HE-6. Expérience superbe. La puissance des basses rend hommage aux coups de butoir de la basse (l'instrument). Moins à la grosse caisse puisque celle-ci est de type pop, et donc pas bien grosse comme dans mon metal chéri. Le spectre sonore est couvert dans son entièreté avec maestria, à première écoute rien ne semble manquer et le casque est capable de rendre compte de micro-détails avec aisance.
La voix de Shirley est divine comme il se doit et les travaux sur les machines résonnent avec brio entre nos deux tympans. Bref, prestation de haut niveau si vous ajoutez le magnifique rendu des accélérations que le groupe sait placer, la frappe plus hargneuse s'entend clairement. Chapeau l'ancien.
Entre en scène le successeur. En terme de réglage, je n'ai finalement pas tant à ajuster que cela, à peine 3 crans de plus sur le potard afin d'arriver à un volume comparable à mes oreilles (ce n'est pas réalisé de manière scientifique avec un sonomètre). Mais demeure que le Susvara demande encore un peu plus de jus.
Puis la musique envahit mes oreilles. Mama... on ne sait jamais ce qu'on perd tant qu'on ne s'en rend pas compte. Aurais-je dû passer le reste de mon existence avec le HE-6, j'eus vécu heureux. Enfiler le Susvara sur sa tête c'est comme une loupe. Un révélateur. Souviens-toi l'été dernier ce que tu n'as pas entendu. Parmi les 2 points évidents : infra et dynamique. Les infra-basses seront les premières à vous sauter aux oreilles si l'enregistrement les met en valeur. C'est le cas de ce Version 2.0. La basse tonne. Les fréquences descendent suffisamment bas pour que les tympans ressentent physiquement les vibrations. Le HE-6 descend bas, il n'est toutefois pas capable de ce genre de prouesse. Rendre tactile la musique dans son caractère le plus intimement tellurique. Le Susvara le peut. Il lui faudra beaucoup de puissance pour le pouvoir, mais il le peut. Alors à la question "quel est le meilleur casque pour les amoureux des basses ?", oui le Susvara n'est pas une réponse évidente, pourtant, quiconque souhaite savoir ce qui se trame dans les tréfonds des fréquences devra se poser la question. Certes, il est bien trop fin par ailleurs pour combler le fana sans recul sur le sujet...
Le dynamitage
Et dynamique je disais donc. Je m'en vais vous conter une anecdote tout d'abord. J'ai eu 2 révélations sur ce qu'être dynamique signifie concrètement pour de la musique, et surtout pour les appareils la rendant. Ironiquement, la vie a voulu que ces deux expériences soient concomitantes. Commençons par la deuxième : une écoute d'une installation sédentaire absolument délirante, on parle de dizaines de milliers d'euros d'équipements, dans le cadre d'une démonstration dans un showroom. C'est prenant à ce niveau, j'ai ressenti comme jamais les différences de volume, les micro au sein d'une même instrumentation comme les macro lors de l'enchaînement de deux mouvements. Bam. Ca décoiffe. Et bien sachez que la première révélation fut quasiment de cette ampleur avec l'arrivée du Susvara. Oui, face au HE-6. Comme si on vous prenait, on vous reculait 2 fois et on montait le volume 2 fois. Sans bouger. Car voilà cette caractéristique fondamentale qu'est la dynamique, et qu'il est difficile d'appréhender aussi pleinement que possible sans la vivre à ce niveau d'excellence. Attention, face aux enceintes, le Susvara était ridicule. Mais il ridiculise le HE-6, c'est un fait. Dynamique mesdames messieurs. Ce n'est pas avoir de la pêche ou de l'énergie, non, c'est vraiment au fond des choses respirer entre deux niveaux d'énergie sonore. Le Susvara vous le fera comprendre en majesté.
Et tout le reste...
Maintenant que nous avons passé les plus évidents, sautons sur tout ce qui se trame par derrière. Car les différences, hormis la signature étonnamment plus claire du Susvara (j'y reviendrai), se perpétuent sur d'autres points. Les détails, ou plutôt micro-détails comme on aime les appeler. Ceux en arrière-plan. Ceux que les bons musiciens et producteurs placent pour apporter une dimension supplémentaire à la musique, mais qui se méritent. Ils apportent vraiment ce petit truc en plus quand on les entend. Et le Susvara les fait entendre à un niveau supérieur à celui du HE-6. J'ai écrit plus haut que le HE-6 faisait se rendre compte des micro-détails, ne vous inquiétez pas je m'en souviens. Sauf que le Susvara les rend plus évidents, et va puiser ceux qui se cachent une couche plus loin. Et il le fait grâce à sa définition supérieure, capable d'extraire les dernières (ou le croit-on) informations manquantes. Grâce à cette dynamique qui applique une respiration additionnelle au son. Et grâce à un étagement sublime. Car voilà une autre composante du son Susvara, il étage. Et donc vos instruments ont leur espace bien clairement délimité. Ils n'empiètent jamais sur les plate-bandes des autres, sauf si le mix le veut bien entendu. Et cette caractéristique permet de se perdre dans les délices du micro-détail.
Dernier point d'attention, et là j'avoue que je ne saurais vraiment l'expliquer par des caractéristiques sonores bien définies, le Susvara est le premier, et le seul pour l'instant, casque que j'ai croisé à me faire cet effet : ressentir quasi physiquement des instruments. Un coup sur un tom. La frappe d'une cymbale. Les sons saccadés-grattés electro. Mon cerveau a régulièrement cette impression que ce qui est frappé, ou pulsé, l'est là, physiquement à côté de mes oreilles. Et ça peut devenir fascinant d'essayer à comprendre, décortiquer le comment de cette perception intellectualisée se transformant en représentation tactile. Déroutant et étonnant.
La signature enfin. Je l'ai évoquée, développons-la. Le Susvara est plus clair. Par l'artifice d'un haut-medium plus poussé en avant. Là où le HE-6 monte très haut dans le medium/début du haut-medium, le Susvara décale sa bosse dans le haut medium, et de manière plus modérée que son glorieux aïeul. Il n'est donc pas agressif, il ne sonne pas déséquilibré, et il sonnera clair uniquement en comparaison d'un autre casque. Soyeux, c'est le terme qui revient régulièrement dans les retours sur le Susvara, et c'est bien ce qu'il est, car avec sa rapidité le son atteint cette fluidité soyeuse. Vos oreilles pourront ne pas apprécier, mais c'est un trait technique impressionnant.
Pour finir
Sans surprise vous comprendrez ma préférence. Je pense réussir à éloigner le spectre du porte-feuille obligé de se justifier, c'est un putain d'investissement excusez du terme !, et laisser vraiment les oreilles et le cerveau parler. Le Susvara parvient à pousser les curseurs du HE-6 tous un peu plus loin. Voire étonnamment, beaucoup dans le cas de la dynamique. Il descend plus bas, étage mieux, arrache plus de détails. Bref, à moins de ne pas aimer sa signature, impossible de préférer un HE-6 selon moi. Et je suis heureux d'avoir pu entrer dans cette caste très fermée des super casques, cette zone où l'air se raréfie. Il n'y a plus beaucoup de choses plus haut, c'est très bien ainsi pour le moment.
Jusqu'à récemment, j'aurais écrit en conclusion qu'on a vraiment l'impression d'avoir des enceintes sur les oreilles. Depuis cette fameuse expérience dans un showroom, je me garderais bien de le faire. Par contre c'est très certainement l'expérience qui s'en rapproche le plus.
Bonjour à toutes et à tous, l'équipe de tellement nomade vous souhaite une bonne année 2025
[Feedback] Deux Hifimans se baladent, Susvara et HE-6, qui tombe à l'eau ?
- TheDecline01
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[Feedback] Deux Hifimans se baladent, Susvara et HE-6, qui tombe à l'eau ?
Dernière modification par TheDecline01 le 23 déc. 2024 15:38, modifié 1 fois.
En nomade : Hiby R8 > Final Audio A8000/Spiral Ear SE-6 Edge
En sédentaire : Hiby R8 > Quloos QH1 > Hufiman Susvara (!!)
Je crois qu'on peut dire que je suis bien là.
En sédentaire : Hiby R8 > Quloos QH1 > Hufiman Susvara (!!)
Je crois qu'on peut dire que je suis bien là.
On sent la passion
Un retraité audio.
Un retraité audio.
Actuel
- Hisound audio Studio - V| Samsung Galaxy Note
- STAX SR007A MK2 Omega 2 | Earsonics EM6 | Earsonics EM2-Pro | Phonak PFE 122 | Grado 325
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Quel retour !
Merci pour le lecture.
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Calyx M + Noble Katana
Mojo 2 - Poly + Wilsound Mk2
HM-650 - carte IEM ou Balanced+ Noble N4
Mojo 2 - Poly + Wilsound Mk2
HM-650 - carte IEM ou Balanced+ Noble N4
Sympa à lire comme d'hab
Bien vu le rapprochement avec des enceintes, c'est comme ça que j'avais découvert le susvara chez pierre à sa sortie, passage aux enceintes puis au susvara.
Casque magnifique, c'est clair que le HE6 est débordé, même mon SR009 que j'avais challengé à l'époque tirait la langue pour suivre.
Bien vu le rapprochement avec des enceintes, c'est comme ça que j'avais découvert le susvara chez pierre à sa sortie, passage aux enceintes puis au susvara.
Casque magnifique, c'est clair que le HE6 est débordé, même mon SR009 que j'avais challengé à l'époque tirait la langue pour suivre.