[Feedback] A propos du Victor.JVC HP-DX1000
Publié : 04 nov. 2012 15:26
Salut à toi l’ami(e),
Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Cinq ans, déjà ! Et quoi de mieux pour fêter le cinquième anniversaire relatif à ma ballade sur Headphone Road que d’avoir le plaisir d’héberger durant quelques jours un hôte de marque venu de très loin, et plus précisément du Pays du Soleil Levant ? Pas de doute là-dessus, cet émissaire nippon à la carrure impressionnante a amplement le souffle nécessaire pour éteindre les cinq bougies de mon gâteau. Mais de qui peut-il bien s’agir ?
- Stax ?
- Perdu !
- Audio-Technica ?
- Et non !
- Bon, ça vient oui ?!!
- Okay ça va, on se calme, hein !!!… C’est un JVC ou plutôt un Victor.JVC comme il est indiqué en lettres d’argent sur son coffret.
Voilà, trêve de devinette désormais, et qu’il me soit permis à présent de vous présenter par le menu mon honorable invité. En l’occurrence le HP-DX1000, quoiqu’il soit également susceptible de se présenter à vous sous le nom de HA-DX1000-E puisque c’est plutôt sous cette seconde identité qu’il voyage hors d’Extrême-Orient.
Il est difficile de trouver l’étui en carton gris foncé de dimension modeste qui l’abrite en accord avec ce qu’un Casque de cette gamme est en mesure de prétendre. On est tout de même en présence du modèle haut de gamme de la marque nippone. Mais ça ne me surprend pas outre mesure, expérience oblige. L’objet de toutes nos attentions repose donc librement sur un lit de satin noir, accompagné d’une brochure en papier glacé aussi succincte qu’incompréhensible à mes yeux d’occidental pour être entièrement rédigée en japonais. En guise d’accessoire, un adaptateur Jack 6,35/3,5 mm est fourni. Cependant, pour ceux qui souhaiteraient traiter avec le maximum d’égards dus à son rang le HP-DX1000, JVC propose un stand de bois assorti, répondant au doux nom de AA-DX1000J accessible au tarif tout de même moins doux de 350,00 $... Mais quand on aime, n'est-ce pas ?...
Revenons au HP-DX1000 en lui-même. Il s’agit donc d’un Casque électrodynamique de conception circum-aural et d’architecture fermée. En termes de spécifications, il allie une faible impédance de 64 Ω à une sensibilité de 102 déciBels. Ses concepteurs ont opté pour un cordon tressé inamovible de couleur noire et de conception symétrique. Celui-ci est équipé d’une fiche Jack 6,35 mm assortie au Casque et affiche une longueur respectable de 3,5 m. Chaque exemplaire est numéroté sur la face intérieure de son arceau. Ce dernier est serti d’un bandeau en cuir dont le moelleux est d'ailleurs en-deçà de celui des oreillettes. Hormis cela, je vous confie qu’un HP-DX1000 peut tout à fait en cacher un autre ! En effet, j’avais omis de préciser que mon hôte a subi de la part de son propriétaire (superfred21 en l’occurrence) un certain nombre de modifications opérées sur le plan acoustique.
Ce Casque est un véritable colosse. Le volume de ses écouteurs est imposant, peut-être même supérieur à celui d’un PS1000 ? J’ai tendance à le penser en tout cas rien qu’en contemplant ses volumineuses oreillettes de cuir. Alors soit, la finition est très bonne, mais j’avoue que le choix du plastique pour la structure principale a de quoi faire tiquer. Une remarque renforcée par la lecture de retours d’utilisateurs ayant essuyé des déboires à moyen terme. Certes, il était sans doute délicat de faire usage de matériaux plus robustes, ce qui aurait causé une élévation de son poids, lequel atteint déjà les 380 grammes. Mais à ce niveau de gamme, la construction ne pouvait être qu’en mesure de faire face au temps. Globalement, j’avoue que la comparaison avec un HD 800 ne lui est pas favorable, celui-ci étant plus confortable, plus abouti dans son ergonomie et d’une construction plus robuste en termes de matériau. Par contre, le look et la finition des coques boisées du Victor l’emporteraient plutôt.
Le confort du HP-DX1000 est donc moindre vis-à-vis de celui du HD 800, les pads en alcantara du Sennheiser sont plus agréables que ceux en cuir équipant le JVC, idem pour ce qui concerne leur bandeau d’arceau respectif. Cela étant, sa masse ne pose aucun problème, sauf peut-être si on est allergique à se contempler dans le miroir, ainsi affublé d’oreilles de Mickey. Le clamping est bien dosé, alliant maintien et stabilité sans oppresser.
Ce n’est pas sans une certaine appréhension que je coiffe le Victor, un bref essai de la veille m’ayant laissé un peu mal à l’aise vis-à-vis de mon Sennheiser de prédilection, le HD 800, comme vous vous en doutez.
Banzaï !
Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER drinking with strangers
Une guitare à gauche et la chanteuse à droite (0.52 mn)
Une seconde guitare se manifeste, cette fois à la droite de la chanteuse (1.02 mn)
Mmm... Le Sennheiser ne fait pas mieux en termes de séparation ou de présentation, le JVC restituant le passage avec aisance. En deux mots : Ca respire. L’écho vocal qui s’ensuit surprend, semblant plus accentué avec le JVC qu’avec le Sennheiser. Etonnant, puisque le premier est d’architecture fermée et le second d’architecture ouverte. Peu familier des Casques issus de cette catégorie, je m’imaginais percevoir l’inverse. Je laisse le morceau se poursuivre, la différence de caractère étant manifeste. Le médium du JVC est plus lissé, la voix de Jesse plus onctueuse, ce qui n’est pas probant lorsque que l’on est coutumier de son timbre de voix rocailleux. Le pincement des cordes de guitare perd de son grain. Le HD 800 est d’un caractère plus rigoureux, plus analytique, davantage dédié à une restitution encline à une certaine fidélité. Une chose est d’ores et déjà acquise, l’un et l’autre concrétisent une approche vraiment différente.
DIRE STRAITS Edition Super Bit Mapping love over gold
Les notes du clavier, papillonnantes, progressent de la gauche vers la droite pour revenir à leur point de départ, semblant tâtonner quelques instants avant de s’éteindre graduellement (5.26 mn/6.07 mn)
Le HP-DX1000 a le don de confirmer l’un des (très relatifs !) "Talons d’Achille" du HD 800, à savoir son degré d'ouverture, et ce depuis que je l'ai confronté à un GS1000. On pourrait supposer que l’architecture ouverte dont jouit le Sennheiser pourrait ici lui permettre de prendre l’avantage… Et bien non, nos deux boîtes à musique affichent une largeur d’image similaire. La restitution se fait plus transparente avec le HD 800. Le HP-DX1000, quant à lui, apporte plus de matière, ce qui n’est pas inopportun d’ailleurs au gré des sets de tubes que j’utiliserais parfois avec mon ampli Casque SinglePower MPX3, la brillance venant parfois jouer les trouble-fêtes avec le HD 800. La progression des notes ne s’élève pas davantage de part et d’autre. Sur le plan de la présentation, les deux Casques s’avèrent assez proches.
DIRE STRAITS Edition Super Bit Mapping it never rains
Le son DIRE STRAITS à son apogée, transcendé par une guitare aux accords goguenards et exaltés (4.58 mn/7.53 mn)
Si on est loin de la fougue d’un RS-1 ou « pire » de celle d’un Edition9, l’écoute n’est pas déplaisante. L’image est cohérente et sans confusion. Une présentation plus directe aurait été ici la bienvenue mais j’ai très vite le sentiment que le Rock n’est pas le genre où le JVC brillera. Il lui manque cette hargne dans les envolées finales des guitares électriques, cet éclat qui rendrait l’écoute plus accrocheuse. Parallèlement le Victor commence à me faire comprendre par-dessus tout ce qu’il est capable de faire entendre et ressentir au travers d’une restitution des basses fréquences peu commune. A l’inverse, le HD 800 est plus dégraissé dans le grave sans pouvoir le suspecter un instant de tronquer ou simplifier cette portion du spectre.
Francis CABREL l’essentiel 1977 - 2007
Un album-recueil de poésies musicales… Un aveu de la profondeur des sentiments au travers de la simplicité des mots et de la subtilité des notes qui les enlacent…
La justesse des timbres est incontestablement en faveur du HD 800. Alors soit, la fidélité n’est pas la vocation première du Victor mais il émane de lui un rendu organique qui donne, par exemple, au déroulement de cette mise à mort annoncée (la corrida) une dimension émotionnelle toute aussi émouvante que celle du Sennheiser. Le JVC est plus conciliant pour s’élever moins haut que le HD 800 dans les hautes fréquences. De facto, les cymbales se feront moins brillantes, certaines labiales moins blessantes. Ce qui n’est pas le fait d’un effet de masque, lequel serait alors imputable à un registre grave envahissant.
J’enchaîne avec les passantes. A nouveau, j’ai le sentiment que les échos sont un peu plus prononcés avec le HP-DX1000 qu’avec le HD 800. L’excellence en termes de spatialisation se confirme, toute à l’honneur du JVC puisque je n’ai pas encore ressenti une quelconque limitation qui trahirait son architecture close. Ceci dit, je n’ai pas encore poussé les choses à l’extrême non plus. Le bruit des applaudissements qui ponctuent le début et la fin du morceau reflètent l’équilibre tonal du Victor. Avec ce dernier, la restitution est plus mate, et je dois bien avouer qu’un accordéon au propos plus vivace et des timbres d’une plus grande justesse m’auraient plu davantage ici.
Loreena McKENNITT dante’s prayer
Les chœurs s’élèvent, solennels, semblables à une lame de fond (0.43 mn) Les divers bruits émis par l’auditoire avec les chœurs au second plan : Chuchotement sur la droite (0.54 mn) et crissement (1.00 mn)
Aucun des deux Casques ne prend réellement l’ascendant en ce qui concerne l’étagement des plans, c’est profond et cohérent de part et d’autre. Les bruits qui s’échappent de l’auditoire, le souffle qui s’exhale des chœurs… Tout est restitué sans effort apparent. Là où le Sennheiser est plus éthéré, le Victor est quant à lui plus charnel. Son architecture fermée ne le mettra aucunement en difficulté, la restitution n’est pas plus congestionnée que la sonorité n’est caverneuse. Je suis favorablement impressionné par sa prestation au sortir du morceau.
Patricia BARBER Original Master Recording if i were blue
A la fois sensible et sophistiquée, cette mélopée au charme pénétrant m’emmène loin d’ici, là où le temps et l’espace s’abolissent
Je ne suis désormais plus surpris de ce que le Victor me prodigue… Une restitution plus incarnée, moins soucieuse de véracité, aux guitares plus corpulentes et aux labiales plus voluptueuses. Encore une fois, la dimension scénique qui est la sienne me surprendra positivement. Le HD 800 est pour ce qui le concerne plus fouillé, plus rigoureux. La rondeur dans le haut du spectre du HP-DX1000 se fait plus éloquente sur cet extrait de haute volée, techniquement et artistiquement parlant. La voix de la jazzwoman est mise en exergue avec bonheur, peut-être un trait à mettre au crédit de l’ouvrage de superfred21 ?
Kenji KAWAI voyage to avalon (orchestra version)
L’ultime quête commence… Aux chœurs imprégnés de douceur et de pureté, tantôt témoins, tantôt compagnons d’un éloge vibrant ponctué d’élans à la fureur paroxystique… De ce prélude flamboyant… A l’inéluctabilité du final.
Si l’un comme l’autre connaissent à l’évidence le sens du mot subtilité, j’apprécie davantage celle du HD 800 sur l’ouverture, ce passage étant plus propice à se délecter de l’éclat et de la limpidité, toutes deux inhérentes au Sennheiser. Puis c’est le HP-DX1000 qui reprend l’avantage par une présence supplémentaire qui semble aller au-delà du simple fait que chaque instrument ou interprète prend de la substance. En fait, chacun de ceux-ci semblent en quelque sorte sortir de leur réserve et prendre leur élan afin d’atteindre une dimension lyrique supplémentaire. La maitrise, l’autorité du JVC ne font aucun doute. La scène sonore est d’une belle profondeur sans le moindre effet congestif. C’est du grand Art. L’équilibre tonal plus clair du HD 800 me laissera à nouveau avec la conviction d’une plus grande lisibilité. Et si son registre grave ne tonne jamais autant que celui du HP-DX1000, il reste un soupçon mieux articulé. Une fois encore, la restitution des grosses caisses sera rédhibitoire même si le son de celles-ci ne roulera pas sur les parois du JVC. Seul le Grado PS1000 câblé en Moon Audio Black Dragon aura su faire mieux que le Sennheiser HD 800 à ce jour. Ceci dit, la puissance et la portée de son registre grave laissent coi, l’écoute du générique de fin le confirmera éloquemment si besoin est. Quels que soient les extraits choisis, le HP-DX1000 ne m’aura jamais paru être à bout de souffle.
Que dire ? Si ce n’est que le HP-DX1000 est le premier Casque que j’entends à même de faire figure d’exception en termes de restitution du grave. Il rallie sous sa bannière la tenue, l’opulence et la profondeur. Son appréhension de la ligne de basses relève de l’inédit pour ma part ni plus, ni moins. Lorsque l’on sait que les modifications apportées par superfred21 ont influé sur le comportement du HP-DX1000 dans les basses fréquences en les tempérant. J’ai juste envie de dire : Bigre !
Il serait toutefois regrettable de le résumer strictement à cela, son image étant elle aussi digne d’éloges. A aucun moment je n’ai ressenti de limites inhérentes à son architecture. On savoure la musique se déployer sans contraintes, y compris avec des grandes formations, même si on ne peut s’empêcher de noter que les échos et réverbérations semblent devenus plus accentués.
Alors soit, il faut bien reconnaître que le HP-DX1000 ne trouvera pas grâce aux oreilles des auditeurs attachés à une justesse des timbres, à une sonorité droite, plus véridique. Entre les deux, il va de soi que le Sennheiser HD 800 prendra l’ascendant sans réelles difficultés. Mais ce Casque possède un je ne sais quoi. Réflexion faite, il n’est pas sans me rappeler l’AKG K340 d’une certaine manière, avec son aigu écourté et surtout l’atypisme de son médium au charme étourdissant . Car si ce dernier ne sonne pas juste, il n’en est pas moins diablement séduisant.
Headphone Road
Septembre 2010
Ici encore, un grand merci à toi, superfred21 !
Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Cinq ans, déjà ! Et quoi de mieux pour fêter le cinquième anniversaire relatif à ma ballade sur Headphone Road que d’avoir le plaisir d’héberger durant quelques jours un hôte de marque venu de très loin, et plus précisément du Pays du Soleil Levant ? Pas de doute là-dessus, cet émissaire nippon à la carrure impressionnante a amplement le souffle nécessaire pour éteindre les cinq bougies de mon gâteau. Mais de qui peut-il bien s’agir ?
- Stax ?
- Perdu !
- Audio-Technica ?
- Et non !
- Bon, ça vient oui ?!!
- Okay ça va, on se calme, hein !!!… C’est un JVC ou plutôt un Victor.JVC comme il est indiqué en lettres d’argent sur son coffret.
Voilà, trêve de devinette désormais, et qu’il me soit permis à présent de vous présenter par le menu mon honorable invité. En l’occurrence le HP-DX1000, quoiqu’il soit également susceptible de se présenter à vous sous le nom de HA-DX1000-E puisque c’est plutôt sous cette seconde identité qu’il voyage hors d’Extrême-Orient.
Il est difficile de trouver l’étui en carton gris foncé de dimension modeste qui l’abrite en accord avec ce qu’un Casque de cette gamme est en mesure de prétendre. On est tout de même en présence du modèle haut de gamme de la marque nippone. Mais ça ne me surprend pas outre mesure, expérience oblige. L’objet de toutes nos attentions repose donc librement sur un lit de satin noir, accompagné d’une brochure en papier glacé aussi succincte qu’incompréhensible à mes yeux d’occidental pour être entièrement rédigée en japonais. En guise d’accessoire, un adaptateur Jack 6,35/3,5 mm est fourni. Cependant, pour ceux qui souhaiteraient traiter avec le maximum d’égards dus à son rang le HP-DX1000, JVC propose un stand de bois assorti, répondant au doux nom de AA-DX1000J accessible au tarif tout de même moins doux de 350,00 $... Mais quand on aime, n'est-ce pas ?...
Revenons au HP-DX1000 en lui-même. Il s’agit donc d’un Casque électrodynamique de conception circum-aural et d’architecture fermée. En termes de spécifications, il allie une faible impédance de 64 Ω à une sensibilité de 102 déciBels. Ses concepteurs ont opté pour un cordon tressé inamovible de couleur noire et de conception symétrique. Celui-ci est équipé d’une fiche Jack 6,35 mm assortie au Casque et affiche une longueur respectable de 3,5 m. Chaque exemplaire est numéroté sur la face intérieure de son arceau. Ce dernier est serti d’un bandeau en cuir dont le moelleux est d'ailleurs en-deçà de celui des oreillettes. Hormis cela, je vous confie qu’un HP-DX1000 peut tout à fait en cacher un autre ! En effet, j’avais omis de préciser que mon hôte a subi de la part de son propriétaire (superfred21 en l’occurrence) un certain nombre de modifications opérées sur le plan acoustique.
Ce Casque est un véritable colosse. Le volume de ses écouteurs est imposant, peut-être même supérieur à celui d’un PS1000 ? J’ai tendance à le penser en tout cas rien qu’en contemplant ses volumineuses oreillettes de cuir. Alors soit, la finition est très bonne, mais j’avoue que le choix du plastique pour la structure principale a de quoi faire tiquer. Une remarque renforcée par la lecture de retours d’utilisateurs ayant essuyé des déboires à moyen terme. Certes, il était sans doute délicat de faire usage de matériaux plus robustes, ce qui aurait causé une élévation de son poids, lequel atteint déjà les 380 grammes. Mais à ce niveau de gamme, la construction ne pouvait être qu’en mesure de faire face au temps. Globalement, j’avoue que la comparaison avec un HD 800 ne lui est pas favorable, celui-ci étant plus confortable, plus abouti dans son ergonomie et d’une construction plus robuste en termes de matériau. Par contre, le look et la finition des coques boisées du Victor l’emporteraient plutôt.
Le confort du HP-DX1000 est donc moindre vis-à-vis de celui du HD 800, les pads en alcantara du Sennheiser sont plus agréables que ceux en cuir équipant le JVC, idem pour ce qui concerne leur bandeau d’arceau respectif. Cela étant, sa masse ne pose aucun problème, sauf peut-être si on est allergique à se contempler dans le miroir, ainsi affublé d’oreilles de Mickey. Le clamping est bien dosé, alliant maintien et stabilité sans oppresser.
Ce n’est pas sans une certaine appréhension que je coiffe le Victor, un bref essai de la veille m’ayant laissé un peu mal à l’aise vis-à-vis de mon Sennheiser de prédilection, le HD 800, comme vous vous en doutez.
Banzaï !
Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER drinking with strangers
Une guitare à gauche et la chanteuse à droite (0.52 mn)
Une seconde guitare se manifeste, cette fois à la droite de la chanteuse (1.02 mn)
Mmm... Le Sennheiser ne fait pas mieux en termes de séparation ou de présentation, le JVC restituant le passage avec aisance. En deux mots : Ca respire. L’écho vocal qui s’ensuit surprend, semblant plus accentué avec le JVC qu’avec le Sennheiser. Etonnant, puisque le premier est d’architecture fermée et le second d’architecture ouverte. Peu familier des Casques issus de cette catégorie, je m’imaginais percevoir l’inverse. Je laisse le morceau se poursuivre, la différence de caractère étant manifeste. Le médium du JVC est plus lissé, la voix de Jesse plus onctueuse, ce qui n’est pas probant lorsque que l’on est coutumier de son timbre de voix rocailleux. Le pincement des cordes de guitare perd de son grain. Le HD 800 est d’un caractère plus rigoureux, plus analytique, davantage dédié à une restitution encline à une certaine fidélité. Une chose est d’ores et déjà acquise, l’un et l’autre concrétisent une approche vraiment différente.
DIRE STRAITS Edition Super Bit Mapping love over gold
Les notes du clavier, papillonnantes, progressent de la gauche vers la droite pour revenir à leur point de départ, semblant tâtonner quelques instants avant de s’éteindre graduellement (5.26 mn/6.07 mn)
Le HP-DX1000 a le don de confirmer l’un des (très relatifs !) "Talons d’Achille" du HD 800, à savoir son degré d'ouverture, et ce depuis que je l'ai confronté à un GS1000. On pourrait supposer que l’architecture ouverte dont jouit le Sennheiser pourrait ici lui permettre de prendre l’avantage… Et bien non, nos deux boîtes à musique affichent une largeur d’image similaire. La restitution se fait plus transparente avec le HD 800. Le HP-DX1000, quant à lui, apporte plus de matière, ce qui n’est pas inopportun d’ailleurs au gré des sets de tubes que j’utiliserais parfois avec mon ampli Casque SinglePower MPX3, la brillance venant parfois jouer les trouble-fêtes avec le HD 800. La progression des notes ne s’élève pas davantage de part et d’autre. Sur le plan de la présentation, les deux Casques s’avèrent assez proches.
DIRE STRAITS Edition Super Bit Mapping it never rains
Le son DIRE STRAITS à son apogée, transcendé par une guitare aux accords goguenards et exaltés (4.58 mn/7.53 mn)
Si on est loin de la fougue d’un RS-1 ou « pire » de celle d’un Edition9, l’écoute n’est pas déplaisante. L’image est cohérente et sans confusion. Une présentation plus directe aurait été ici la bienvenue mais j’ai très vite le sentiment que le Rock n’est pas le genre où le JVC brillera. Il lui manque cette hargne dans les envolées finales des guitares électriques, cet éclat qui rendrait l’écoute plus accrocheuse. Parallèlement le Victor commence à me faire comprendre par-dessus tout ce qu’il est capable de faire entendre et ressentir au travers d’une restitution des basses fréquences peu commune. A l’inverse, le HD 800 est plus dégraissé dans le grave sans pouvoir le suspecter un instant de tronquer ou simplifier cette portion du spectre.
Francis CABREL l’essentiel 1977 - 2007
Un album-recueil de poésies musicales… Un aveu de la profondeur des sentiments au travers de la simplicité des mots et de la subtilité des notes qui les enlacent…
La justesse des timbres est incontestablement en faveur du HD 800. Alors soit, la fidélité n’est pas la vocation première du Victor mais il émane de lui un rendu organique qui donne, par exemple, au déroulement de cette mise à mort annoncée (la corrida) une dimension émotionnelle toute aussi émouvante que celle du Sennheiser. Le JVC est plus conciliant pour s’élever moins haut que le HD 800 dans les hautes fréquences. De facto, les cymbales se feront moins brillantes, certaines labiales moins blessantes. Ce qui n’est pas le fait d’un effet de masque, lequel serait alors imputable à un registre grave envahissant.
J’enchaîne avec les passantes. A nouveau, j’ai le sentiment que les échos sont un peu plus prononcés avec le HP-DX1000 qu’avec le HD 800. L’excellence en termes de spatialisation se confirme, toute à l’honneur du JVC puisque je n’ai pas encore ressenti une quelconque limitation qui trahirait son architecture close. Ceci dit, je n’ai pas encore poussé les choses à l’extrême non plus. Le bruit des applaudissements qui ponctuent le début et la fin du morceau reflètent l’équilibre tonal du Victor. Avec ce dernier, la restitution est plus mate, et je dois bien avouer qu’un accordéon au propos plus vivace et des timbres d’une plus grande justesse m’auraient plu davantage ici.
Loreena McKENNITT dante’s prayer
Les chœurs s’élèvent, solennels, semblables à une lame de fond (0.43 mn) Les divers bruits émis par l’auditoire avec les chœurs au second plan : Chuchotement sur la droite (0.54 mn) et crissement (1.00 mn)
Aucun des deux Casques ne prend réellement l’ascendant en ce qui concerne l’étagement des plans, c’est profond et cohérent de part et d’autre. Les bruits qui s’échappent de l’auditoire, le souffle qui s’exhale des chœurs… Tout est restitué sans effort apparent. Là où le Sennheiser est plus éthéré, le Victor est quant à lui plus charnel. Son architecture fermée ne le mettra aucunement en difficulté, la restitution n’est pas plus congestionnée que la sonorité n’est caverneuse. Je suis favorablement impressionné par sa prestation au sortir du morceau.
Patricia BARBER Original Master Recording if i were blue
A la fois sensible et sophistiquée, cette mélopée au charme pénétrant m’emmène loin d’ici, là où le temps et l’espace s’abolissent
Je ne suis désormais plus surpris de ce que le Victor me prodigue… Une restitution plus incarnée, moins soucieuse de véracité, aux guitares plus corpulentes et aux labiales plus voluptueuses. Encore une fois, la dimension scénique qui est la sienne me surprendra positivement. Le HD 800 est pour ce qui le concerne plus fouillé, plus rigoureux. La rondeur dans le haut du spectre du HP-DX1000 se fait plus éloquente sur cet extrait de haute volée, techniquement et artistiquement parlant. La voix de la jazzwoman est mise en exergue avec bonheur, peut-être un trait à mettre au crédit de l’ouvrage de superfred21 ?
Kenji KAWAI voyage to avalon (orchestra version)
L’ultime quête commence… Aux chœurs imprégnés de douceur et de pureté, tantôt témoins, tantôt compagnons d’un éloge vibrant ponctué d’élans à la fureur paroxystique… De ce prélude flamboyant… A l’inéluctabilité du final.
Si l’un comme l’autre connaissent à l’évidence le sens du mot subtilité, j’apprécie davantage celle du HD 800 sur l’ouverture, ce passage étant plus propice à se délecter de l’éclat et de la limpidité, toutes deux inhérentes au Sennheiser. Puis c’est le HP-DX1000 qui reprend l’avantage par une présence supplémentaire qui semble aller au-delà du simple fait que chaque instrument ou interprète prend de la substance. En fait, chacun de ceux-ci semblent en quelque sorte sortir de leur réserve et prendre leur élan afin d’atteindre une dimension lyrique supplémentaire. La maitrise, l’autorité du JVC ne font aucun doute. La scène sonore est d’une belle profondeur sans le moindre effet congestif. C’est du grand Art. L’équilibre tonal plus clair du HD 800 me laissera à nouveau avec la conviction d’une plus grande lisibilité. Et si son registre grave ne tonne jamais autant que celui du HP-DX1000, il reste un soupçon mieux articulé. Une fois encore, la restitution des grosses caisses sera rédhibitoire même si le son de celles-ci ne roulera pas sur les parois du JVC. Seul le Grado PS1000 câblé en Moon Audio Black Dragon aura su faire mieux que le Sennheiser HD 800 à ce jour. Ceci dit, la puissance et la portée de son registre grave laissent coi, l’écoute du générique de fin le confirmera éloquemment si besoin est. Quels que soient les extraits choisis, le HP-DX1000 ne m’aura jamais paru être à bout de souffle.
Que dire ? Si ce n’est que le HP-DX1000 est le premier Casque que j’entends à même de faire figure d’exception en termes de restitution du grave. Il rallie sous sa bannière la tenue, l’opulence et la profondeur. Son appréhension de la ligne de basses relève de l’inédit pour ma part ni plus, ni moins. Lorsque l’on sait que les modifications apportées par superfred21 ont influé sur le comportement du HP-DX1000 dans les basses fréquences en les tempérant. J’ai juste envie de dire : Bigre !
Il serait toutefois regrettable de le résumer strictement à cela, son image étant elle aussi digne d’éloges. A aucun moment je n’ai ressenti de limites inhérentes à son architecture. On savoure la musique se déployer sans contraintes, y compris avec des grandes formations, même si on ne peut s’empêcher de noter que les échos et réverbérations semblent devenus plus accentués.
Alors soit, il faut bien reconnaître que le HP-DX1000 ne trouvera pas grâce aux oreilles des auditeurs attachés à une justesse des timbres, à une sonorité droite, plus véridique. Entre les deux, il va de soi que le Sennheiser HD 800 prendra l’ascendant sans réelles difficultés. Mais ce Casque possède un je ne sais quoi. Réflexion faite, il n’est pas sans me rappeler l’AKG K340 d’une certaine manière, avec son aigu écourté et surtout l’atypisme de son médium au charme étourdissant . Car si ce dernier ne sonne pas juste, il n’en est pas moins diablement séduisant.
Headphone Road
Septembre 2010
Ici encore, un grand merci à toi, superfred21 !