J'ouvre le bal de l'ambient et des musiques atmosphériques avec un des labels qui ont le plus œuvré et publié dans le genre : Taâlem, qui nous régale notamment avec les copieuses compilations annuelles de ses artistes maison, les fameux "Homeworks". J'ai choisi, pour entamer ce topic, la troisième piste du premier volume de la série paru en 2016. et toujours disponible "au prix que vous voulez" sur Bandcamp : https://taalem.bandcamp.com/album/homework-year-1



Ce topic est aussi censé accueillir les compositions les plus rêveuses et/ou les plus évocatrices de la musique contemporaine et notamment celles de la musique dite concrète ou acousmatique, comme par exemple ce petit chef-d'œuvre de Bernard Parmegianni...



Et je continue avec une production plus moderne, avec un côté berceuse inquiète que personnellement j'aime beaucoup...

Echolov, "Zhar Dzhordano", extrait de l'extraordinaire mais assez confidentielle, hélas, One Different Compilation...
Cliquer sur l'image pour écouter le morceau.

La nostalgie est aussi une des émotions fondamentales de l'ambient, avec le sens des grands espaces.... et l'ivresse des profondeurs du temps.

Saluki Regicide (Chris P. McDill), "A Silver Dime". Cliquer sur l'image pour écouter le morceau.



Tout le catalogue du label de Chris P. McDill, Webbed Hand, est téléchargeable gratuitement sur son site : http://webbedhandrecords.com/wh295-myst ... revisited/

Tout chaud... et un événement, comme à peu près toutes les sorties d'Astral Industries.



Du même Toki Fuko, pseudo de l'artiste russe Sergey Korotaev, j'avais déjà adoré (et adore encore) l'extraordinaire Spring Ray sorti en 2019 chez Silent Season : https://silentseason.bandcamp.com/album/spring-ray

Texture et spatialisation sont les deux axes majeures de la création ambient, un genre où quelques sons bien choisis et surtout bien travaillés quant aux rapports entre leurs spatialisations et leurs textures respectives peuvent suffire à former une musique à la fois profonde et prenante, immersive et méditative.
Démonstration avec l'Anglais Phil Tomsett, alias The Inventors of Aircraft...



NB : tout l'album dont est extrait ce morceau est téléchargeable gratuitement sur Bandcamp : https://philtomsett.bandcamp.com/album/as-it-is

Une texturation très poussée et très travaillée peut naturellement mener à l'émergence d'une rythmique sans que, pour autant, soit trahie l'exigence spatiale caractéristique de l'ambient.

Techniquement, l'ambient est essentiellement composée de drones, c'est-à-dire de sonorités périodiques constituées par la mise en boucle d'échantillons sonores, enregistrés ou synthétisés.
La génération d'ondes simples (sinusoîdales, triangulaires, carrées, etc) et leurs divers mélanges sont, depuis l'avènement de l'électronique musicale, une source fertile de drones. Or la périodicité ou répétition est la matrice même du rythme et, souvent, c'est de l'écoute répétée d'une même boucle et de ses variations que, tout "naturellement", émerge parfois le beat de l'ambient, sa pulsation propre.

LJ Kruzer, "Tamz", extrait de Tam Variations.

<-- clic-clic

Espace + texture = rythmique latente.

La spatialisation texturée est comme le vide fertile des premiers instants ayant précédé la création de l'univers : d'un presque rien naît un paysage sonore animée par une attente sourde, un frémissement, une palpitation infiniment discrète qui peut (ou non) se tranformer en pulsation et en beat.

La texturation est parfois comme un fanal qui t'entraîne dans des abîmes, une sorte de signal faible au find fond d'espaces insondables. Un feu de naufrageurs.

Nous étions jeunes, nous étions beaux, nous faisions la fête sans penser au lendemain et aujourd'hui tout n'est plus que cendres...



Ce n'est pas tout fait de l'ambient mais plutôt de la psybient. Ou de la deep techno sans rythmique (mais pas sans cadencement).
L'ambient ne sait pas générer cette qualité de mélancolie qui est celle d'un coeur jadis vif qui ne bat plus que lentement, l'émotion qui nimbe le souvenir d'une joie profonde, existentielle mais irrémédiablement enfuie.
L'ambient n'a rien à voir avec la tristesse mais tout avec la peur. En fait, c'est une plongée dans l'abîme de l'instant qui n'à que faire du passé ou de l'avenir. C'est une fuite immobile face à la mort, une fugue intense du vivant, son affirmation dans le froid de l'éternité.