Je crois que tous les films de Haneke que j'ai vus, sans exception, m'ont à la fois impressionné et paru très quelconques aussi.
Bizarre...
En fait, ses scénarios sont généralement d'une simplicité qui confine à la pauvreté et, à force, on se prend à douter de l'intelligence du monsieur. C'est certainement une illusion mais... quand même, derrière la beauté lugubre des images, la cruauté des cadrages, le rythme impitoyable du montage, je ne peux m'empêcher de sentir un bien grand vide, comme si Haneke, au fond, n'avait pas grand-chose à dire... ou alors un discours finalement très convenu (sur la violence, la société de consommation: on peut, par exemple, trouver
Le Septième continent aussi hilarant qu'épouvantable, même si Haneke a toujours tout fait pour ne pas qu'on rie de ses films...)
Je souscris totalement à cette critique fine et précise de
Funny Games par Jean-Claude Loiseau de
Télérama (rapportée dans l'article de la
Wiki consacré à Haneke):
« [...] peut-on impunément filmer l'horreur sans prendre parti ? L'impassibilité qu'il revendique amène Haneke à un curieux choix esthétique : ce qu'on pourrait appeler la pornographie de l'épure. Prenez le plan de sept minutes où il filme, de loin, un gamin mort, une femme, couverte d'ecchymoses, qui sautille pour se libérer de ses liens et un homme qui éclate en sanglots convulsifs. Apparemment, c'est parfait : pas de sang, une caméra immobile ou presque (un léger panoramique). On est dans la dignité irréprochable. Sauf que cette dignité est fausse. Les longs plans fixes d'un Angelopolous ou d'un Tarkovski bouleverseraient par leur sincérité. Celui-là est calculé, malin, artificiel. L'impudence naît de cette pudeur forcée. La première règle d'un cinéaste qui se respecte, c'est la liberté qu'il laisse aux spectateurs d'aimer ou non les personnages. Ici, les personnages sont des marionnettes, et les spectateurs des cobayes de laboratoire. Sur l'écran, les deux meurtriers nous font des clins d'œil, pour nous rendre complices du plaisir qu'ils prennent à tuer. »
"Calculé, malin, artificiel": c'est exactement ce que je pense aussi du cinéma de Haneke. Une absence d'implication au service d'une négation de la sensibilité et donc de l'intelligence; négation qui laisse, à terme, dans un état de catatonie impuissante.
Et pourtant, paradoxalement, j'ai toujours un petit frisson quand je mets un de ses films dans la fente de mon lecteur de DVD, comme si j'en attendais une révélation.
J'ai notamment
Le Ruban blanc dans ma pile de films à voir. Eh bien, je me réjouis à l'avance de le visionner... tout en sachant qu'il va à la fois me mettre mal à l'aise et me décevoir!
Haeneke rend maso.
Autrement, j'ai vu il y a peu
Beignets de tomates vertes, le tire-larmes américain de Jon Avnet.
J'ai passé un excellent moment.
Le film est pourtant bourré de clichés assez crispants, notamment sur le statut des femmes et les conditions de leur "libération" dans la classe moyenne américaine, mais il repose sur un scénario en or massif inspiré d'un roman qui doit certainement être excellent.
Les actrices sont épatantes, fort bien dirigées, et incarnent leur rôle avec un savant mélange de distanciation et de naïveté qui colle parfaitement au ton nostalgique de ce conte en images où amour et haine se combattent dans le théâtre d'ombres de la mémoire...
Une superbe histoire d'amitié, en tout cas, et ça, je trouve, c'est toujours plaisant.