Bien connu pour proposer des écouteurs boutons de très bonne qualité plutôt orientés vers le mid centric, la société Dasetn propose depuis quelques mois un modèle se démarquant de sa gamme habituelle : les Dasetn M3. Mais la riposte s’organise. La compagnie Awei, jusqu’ici reconnue pour proposer des intras (dont je ne connais pas la qualité), investit également le marché des écouteurs boutons à bas coût avec les Awei ES10.
S’inscrivant sur un segment où la signature chaude et/ou basseuse est de rigueur (Philips she 3800, Edifier H180, etc.), une petite comparaison entre ces deux systèmes me semblait bien intéressante.
PRESENTATION:
Achetés sur le site constructeur Dasetn, les M3 coûtent 9,81 € fdpin ; http://www.dasetn.com/1pcsdasetn-m3-mod ... p3288.htmlDeux petites semaines d’attente, assez rapide au final.
Encore plus rapide, les Awei es10, au prix extravagant de 4,55 € fdpin sur Focalprice. http://fr.focalprice.com/EP0287W/AWEI_E ... rrency=EUR
Packaging
Voici le type de boîte reçu avec les M3, ici des M1 bleus
A l’ouverture de mon enveloppe jaune Dasetn, c’est le grand luxe ! Une petite boite en métal protège des écouteurs nichés dans une mousse. Ajoutez à cela, le sachet de bonnettes et une pince, c’est royal.
Côté Awei, c’est une autre histoire. Présentation très « cheap », un emballage plastique style Philips bas de gamme en supermarché. Bien sûr, le reste des accessoires sont présents mais je dis « bof bof » sur la présentation.
Design
Dasetn est connu pour récupérer des coques de grands fabriquants. Avec les M3, on y échappera pas avec cette fois-ci des coques « Philips ». C’est plutôt costaud, la queue est un petit peu longue mais c’est correct. En revanche, les coques Awei sont beaucoup plus petites, plus passe partout, plus arrondies, plus adaptées aux petites oreilles.
La section câble des M3 est symétrique, correcte sans plus, tout comme le split. A l’opposé, Awei navigue vers d’autres flots. Majoritairement disponible en mode asymétrique (câble en « J ») je l’avoue, il faut y être habitué. Fin comme un cheveu, je ne suis pas certain de la durée de vie de ce câble notamment à la jonction des coques où la rupture est envisageable à terme. Bien dommage.
Les deux fiches jack ne font que confirmer mes propos, d’un côté correct (M3), de l’autre du très bas de gamme (ES10).
Confort
Les queues un peu longues des M3 ne sont finalement pas gênantes une fois les écouteurs installés.
Le port des Awei est très confortable à condition d’accepter de sentir un câble sur sa nuque.
Isolation
Très limitée comme attendu, il s'agit d'écouteurs bouton (!)
LE SON
Sandisk Sansa clip zip, égaliseur plat.
Tous les fichiers sont encodés en FLAC.
Dead Can Dance - Anastasis (2012) – 01. Children Of The Sun
Immédiatement, les ES10 retranscrivent admirablement bien la voix veloutée de Brendan Perry avec beaucoup de naturel et de limpidité. Ces écouteurs sont joueurs ! La scène sonore est un peu plus large, un peu plus rapide que ses concurrents. Les synthés sont mieux rendus que sur les Dasetn.
Les M3 ont peut-être un peu plus d’impact, plus de corps que les ES10. Les aigus sont moins incisifs, moins clairs même si les deux systèmes ne brillent pas dans cette partie du spectre. Les Dasetn sont plus sombres, ils collent mieux à l’ambiance du morceau mais ils sont moins musicaux.
The Common Linnets - The Common Linnets (2014) – 01. Calm After The Storm
Un morceaux plutôt intimiste et chaleureux où les ES10 sont à leur aise. Les basses sont bien tendues mais les voix sont un peu trop voilées à mon goût tout comme les solos guitares mais pas plus que le reste des instruments. Rien à signaler pour le reste.
Par contre les M3 ne sont pas à la fête. Les basses tapent (trop ?) dur sur ce morceau ce qui a pour conséquence de couvrir immanquablement une rythmique pourtant si entrainante à la guitare sèche. Pourtant, la séparation est excellente mais elle produit un étagement bien frustrant qui finalement gâche les qualités de ces écouteurs (basses au premier plan puis les voix et le reste plus lointain).
Encore une fois, il manque une présence dans les aigus pour les deux paires.
Lana Del Rey - Ultraviolence (2014) – 04. Brooklyn Baby
Pour les Awei, l’impression laissée par le morceau précédent est similaire : un voile vaporeux sur les voix même si l’on ressent tout la sensualité de Lana. Les ES10 restituent correctement l’écho de la chanteuse autant que la voix masculine du refrain en fin de morceau. La scène sonore s’est aussi élargie.
Curieusement, le rendu est même meilleur avec les M3. Le grain de voix ressort beaucoup plus, est plus naturel, mais je reste surpris par la tenue des basses non envahissantes. Par contre, la voix masculine est beaucoup trop effacée.
Mechina - Acheron (2015) - 02. Earth-Born Axiom
Difficile de ne pas sentir que les petits Awei veulent en découdre ; leur facilité à gérer un signal rapide est manifeste. Pourtant, ils demeurent un peu dépassés par la densité du morceau : voix, orchestre symphonique, basses puissantes, malheureusement tout lui échappe, le rendu s’en retrouve embrouillé !
Les M3 sont plus à leur avantage surtout grâce à l’énoooooorme impact qu’ils renvoient de ce morceau même si les parties orchestrales restent un peu en retrait. Peu importe. La maîtrise du bas du spectre est jouissive. La séparation ne peut être meilleure. Ça cogne un max sans pour autant effacer le reste des parties calmes créant ainsi plus de contrastes. Le pied !
Metallica - Black Album (1991) - 01. Enter Sandman
Avec les Awei, les guitares sont bien retranscrites mais elles manquent à mon goût un chouïa d’animosité malgré le bel impact. C’est très bon dès le début, mais on en voudrait un peu plus ! Pourtant, sa générosité laisse à penser que finalement, c’est suffisant. Notamment les contrastes dans la retranscription des toms ; les cymbales aussi claquent bien ! Le morceau met bien en avant les ES 10 (ou c’est le contraire ?).
Dès l’intro, l’animosité des M3 est perceptible. Les aigus coupent vite et les guitares (médiums) sont un peu en arrière (quoique bons), mais ça défouraille grave les amis ! C’est du lourd car très profond. Les basses puissantes sont toutefois bien maîtrisées soulignant encore une fois le caractère technique de la bête. La scène sonore est resserrée mais avec un tel morceau d’anthologie…
SYNTHESE ET CONCLUSION
Nous avons ici affaire à deux paires d’écouteur bouton très dynamiques, à la trajectoire descendante, colorées, tout en assurant une belle présence.
Les Dasetn M3 sont des écouteurs basseux, vraiment basseux, qui selon mes impressions descendent plus bas que les Awei ES10. Je dirai que les basses sont bien profondes et bien tenues tout en proposant une puissance d’impact hors du commun pour des écouteurs boutons. Sa scène sonore est plutôt étroite et dans l’ensemble le bestiau est très percutant. Les aigus sont doux mais manquent cruellement de présence, plus que chez son concurrent. Les médiums sont propres, nets mais pas non plus prédominants. Ils ont juste ce qu’il faut. Les aigus, par leur présences discrètes me semblent plus nets que sur les Awei.
Les M3 me font penser à mon petit Wavemaster Dakota, épousant leur philosophie plutôt sombre, impactant dans les basses et très neutre sur le reste ; il est très rigoureux et technique. Je les conseillerais pour les musiques électroniques, métal moderne, hip-hop et ses dérivés.
J’ai trouvé les Awei ES10 plus rond et un bas médium assez riche. Cependant, pour moi, ils sont trop gras dans le bas du spectre. Le son m’est apparu trop étouffé et sur des morceaux riches en information, la maîtrise générale devient trop approximative. Même si les médiums sont excellents, j’ai cru y apercevoir comme d’autres personnes un léger voile. Les aigus coupent aussi trop tôt mais ils sont plus présents que sur les M3. La scène sonore est beaucoup plus large aussi. Ces écouteurs boutons sont donc polyvalents, passe partout et dans l’ensemble très très fun.
Au final nous avons affaire à deux moutures tout à fait dignes d’intérêt, très musicales à des tarifs très agressifs, et qui sauront conquérir un maximum d’auditeur.
A titre personnel, je ne les garderai pas car trop sombres à mon goût, mais je ne regrette pas d’y avoir goûter quelques mois.