AMAISO a écrit :je viens d entendre sur LCI un confrere psychiatre qui a eu la chance (pour ne pas dire autre chose) d accompagner sa maman dans ses derniers moments dans le cadre d un IPAD .
Il parlait du cote inhumain de laisser ces personnes agées mourir sans l acompagnement de leur famille .
Qui pourrait ne pas etre d accord avec lui .
Il proposait qu 1 voir 2 personnes de chaque famille puissent etre presentes dans ces moments difficiles , mettant en avant , outre la detresse des personnes agées , le traumatisme familial , déjà bien present a l entrée en maison de retraite ....
Peut on raisonnablement ne pas etre d accord ?
En tout cas la chaine de television n a pas presente de contradicteur .
Je pense moi aussi en tant qu ancien medecin coordonnateur a toutes ces familles qui sont dans le malheur ...
mais il faut quand meme qu elles sachent qu en entrant dans ces maisons de retraites infectees , elle prennent un risque pour eux meme mais aussi pour toute la population .
Prendre actuellement des mesures d hygiene afin que les familles puissent entrer , c est aussi utiliser du materiel qui manque actuellement cruellement au personnel soignant en premiere ligne .
Je suis actuellement de tout coeur avec ces familles qui souffrent mais je suis persuade que ce confinement horrible doit etre respecté à tout prix . Excusez moi cher confrere...
Je vais apporter mon témoignage sur ce point précis, étant moi même infirmier en EHPAD.
Il y'a trois jours, une résidente est décédée dans mon établissement.
Elle était suspectée d'être infectée par le COVID et elle est décédée une heure après que son test par écouvillon soit revenu négatif. Néanmoins, on sait maintenant que ces tests présentent de nombreux faux négatifs (dans quelles proportions ? Certains parlent de 30%,ce qui est énorme, mais aucun chiffre officiel sur ce point précis ne circule)
Les directives du groupe pour lequel je travaille font mention d'une seule personne de la famille autorisée dans la chambre pour une personne en fin de vie. Donc AVANT le décès.
J'avais prévenu un de ses enfants par téléphone du décès imminent de cette dame et là le premier problème s'est posé. 3 enfants, une seule personne autorisée, donc je me mets à la place de cette famille. On tire à pile ou face pour savoir qui a le droit de voir maman une dernière fois ?
Sachant sa sœur sur la route qui était en train de parcourir la fin des 1000 kms qui la séparait de notre EHPAD, il a préféré laisser lui céder sa place, dans l'espoir qu'elle arrive à temps. Évidemment, elle est arrivée trop tard...
Parti de là, si j'avais dû respecter les consignes à la lettre, personne n'aurait pu rentrer dans l'établissement.
On a pris la décision d'autoriser le fils à se recueillir au lit de sa maman.
J'ai dû lui dire qu'il ne pouvait rester que 10 minutes dans la chambre, à 2m de distance, sans pouvoir la toucher. J'ai dû l'habiller de la tête aux pieds pour qu'il puisse dire au revoir à leur maman, en chemise de nuit, la bouche et les yeux entrouverts. Je sais pas si on peut imaginer ce qu'on ressent dans ces moments là.
A un moment donné, en prenant bien sûr toutes les précautions nécessaires, il faut se poser la question de pourquoi on fait ce métier et chercher dans des situations dramatiques pour les familles de remettre un minimum d'humanité.
Finalement la sœur s'est présentée au portail, en pleurs, nous demandant si elle aussi pouvait venir voir une dernière fois sa mère.
Nous n'avons pas sû dire non. Impossible pour moi, sinon j'arrêtais ce métier ce jour là.
Est ce qu'on a fait prendre un risque aux autres résidents ? Tous confinés dans leurs chambres respectives ? Je pense qu'avec les mesures prises (Charlotte, masque, surblouse, surchaussures, désinfection de tout ce que la famille a pu potentiellement toucher, etc) le risque était quasi nul.
Mais au moins j'ai la maigre satisfaction d'avoir pu contribuer à rendre cette situation un peu moins inhumaine qu'elle ne l'était déjà
Et je parle pas de la mise en bière directement dans la chambre, ça m'a retourné le bide.