Final Audio A8000 - Spiral Ear SE6 Nebula : le dialogue de sourds

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TheDecline01
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Final Audio A8000 - Spiral Ear SE6 Nebula : le dialogue de sourds

Message par TheDecline01 »

Bonjour à toutes et à tous.

Permettez-moi de vous présenter mon comparo bienveillant entre mes deux compagnons de route appelés à durer : Final Audio A8000 et Spiral Ear SE6 Nebula.

Rappel des conditions : Hiby R8, câble Effect Audio Cadmus 4,4mm et donc sortie symétrique pour les A8000, câble de base (recommandé par Spiral Ear !) en 3,5mm et donc assymétrique pour les SE6 Nebula.

Massive AttackAngel

Evidemment, une des chansons phares pour tester l’impact du grave, l’aspect tellurique des subs d’un appareil audio visant à l’excellence dans ce domaine. Nul doute que les A8000 sont ici dans un terrain à leur vaste convenance, basés qu’ils sont sur un driver dynamique en béryllium pur, alliant le mouvement d’air du dynamique à la rapidité du béryllium. Et dès les premières secondes il ne fait aucun doute que l’association détonne. Les battements de la basse vrombissent jusqu’à ce que les coups de la grosse caisse enfoncent le clou plus profondément encore. Les couches se superposent sans se chevaucher nullement, et l’on perçoit le réglage très fin effectué par les Japonais, cette remontée notable mais subtile dans les infras qui permet de conserver une signature claire tout en mettant en avant les capacités de grondement sourd du superbe driver dont sont affublés les A8000. La fin du titre permet d’ailleurs de profiter totalement des réverb, résonnances et autre maintien des vibrations dans les basses fréquences.

Cela ne doit pas faire oublier le placement remarquable des autres instruments, cymbales en début de chanson, les rebonds, les bruits de fonds. La rapidité du béryllium fait ici merveille en montant haut et vite, permettant de décortiquer et disséquer les multiples instruments qui entrent en jeu. Au sujet de la réponse en fréquence, ne pas écouter d’autres écouteurs auparavant permet d’apprécier à sa juste valeur cette signature si particulière, que d’aucuns considèreront claire, voire agressive alors qu’elle apporte une sublime aération doublée d’une mise en scène des détails franchement impressionnante. Cela sans se faire au détriment des médiums, parfaitement calés entre les deux pointes très en bas et en haut, par là détourés sans paraître secs ou creux.

Alors oui, c’est un parti-pris singulier, qui pourra faire grincer des tympans, mais dans le style, c’est franchement maîtrisé pour peu que vous trouviez les embouts adaptés. Car oui, la principale difficulté des A8000 est de leur trouver chaussure à leurs pieds, perso j’ai abandonné après… littéralement des dizaines d’essai et me suis résigné à la fabrication d’embouts sur-mesure. Ils m’ont sauvé !
En comparaison, forcément, avec ce style et cette emphase dans le bas, les SE6 Nebula sont bien moins démonstratifs. Ils parviennent à approcher les bas-fonds, mais sont bien incapables de mettre en mouvement autant d’air. Ce n’est pas leur guerre serais-je tenté de dire. Le terrain est par trop favorable aux A8000 pour qu’ils sortent grandis d’un duel. Pour autant, ils ne déméritent pas, imposant leur science du détail et du raffinement. Leur signature bien plus centrée sur les médiums (au sens large dirons-nous) paraît terne en comparaison directe. Sauf qu’ils respirent énormément malgré la densité de l’information dans cette bande de fréquence. La faute à une extension, discrète, mais impeccable dans les aigus. Grzegorz n’a jamais été adepte de l’agressivité, mais bien de la clarté. Et ce qui ressort des SE6 Nebula est cette marque de fabrique : une résolution de dingue rendue possible par l’embonpoint du haut médium (et bien sûr des armatures équilibrées du tonnerre).
Et comme une paire Spiral Ear ne serait pas une paire Spiral Ear sans profondeur, les SE6 Nebula enfoncent les portes déjà précédemment ouvertes. En ajoutant plus de largeur que dans mes souvenirs des SE5 Ultimate. Dès lors, la gamme SEx, déjà louée pour sa scène devient réellement impressionnante à ce niveau, même si encore une fois Angel n’est pas le genre de titre à les mettre parfaitement en valeur.

Hate EternalLocust Swarm

Inversons les rôles cette fois pour donner le flambeau aux Nebula en premier. Ce qui permet de frapper l’esprit en re-sautant vers les A8000 : que c’est clair ! Les SE6 Nebula ont ce soyeux, ce remplissage des guitares auxquels les A8000 ne peuvent prétendre. L’avantage du terrain vient de changer ! Sans les déclarer spécialistes du metal, les SE6 Nebula trouvent ici musique à leur mesure. Rapide, chargée dans les médiums, nécessitant parfois de gommer les agressivités naturelles du mix de ce death brutal qui ne fait pas dans la dentelle malgré une précision de tous les instants et une prise de son impeccable. Les Polonais baignent dès lors dans un environnement favorable et enquillent sans coup férir ce déferlement de brutalité. Le placement est toujours aussi bon, la structure tonale charme par son naturel et sa fluidité. J’entends par là une capacité à mettre en harmonie basses, médiums et aigus dans un tout d’une cohérence absolue.

Ajoutez à ceci la chasse aux micro-détails, le placement des instruments dont la localisation ne nécessite pas une concentration démesurée. La facilitation du rendu, voilà une notion qui accompagne parfaitement les Nebula.

Pour les A8000, cette capacité à frapper fort et vite dans le bas demeure un sacré atout tant les roulements de double grosse caisse sont présents. La remontée limitée de la réponse en fréquence tout en bas esquive l’aspect boueux des signatures trop chargées dans le grave et mal accompagnées par un driver pas suffisamment précis (j’ai ici le souvenir des Fatfreq Mini, rendant désagréable ce genre de titres).
Indubitablement le mix fait ressortir la clarté des Final Audio (ce qui nous verrons plus bas n’est pas une tendance universelle selon les fréquences mises en avant par la chanson), les cymbales frappées vite et fort dans le lointain ont un splash splendide. Dans l’ensemble on peut néanmoins s’accorder pour dire que les A8000 vont peut-être un poil (oh, un micro) trop fort dans l’agressivité, notamment audible dans la caisse claire dont la fréquence de frappe et la prépondérance dans le mix appuient là où ça fait mal. Des intras qu’il faut chausser l’esprit alerte, en sachant bien ce que l’on veut (et nos limites).

DarkthroneTransilvanian Hunger

Le point faible de ce comparo, le black metal bien dégueu des Norvégiens légendaires. Ici il sera bien plus question de tolérance que de précision ou de résolution ultime. Etonnamment les A8000 ne sonnent pas outrageusement agressifs et s’autorisent de rendre hommage à cette chanson salement crade. Le mix étant de base décharné, l’aspect en retrait des médiums ne souffre pas d’un empilement des moins, mais épouse plutôt ce manquement.

Seule éclaircie du tableau de la prise de son, la place acceptable acceptée à la basse, reléguée à l’arrière-plan mais pas si loin qu’on aurait pu le craindre. Les A8000 font magistralement le boulot en la détourant pour rendre son suivi totalement aisé, chose dont ne peuvent se prévaloir tous les systèmes audio. Partition agréable, et même étonnante tant je m’attendais à souffrir de la saturation d’aigus (haut médiums en fait) présents dans le mastering. Les A8000 dévoilent qu’ils peuvent être raisonnés sur le sujet.

En comparaison les SE6 Nebula paraissent malgré tout polis. Sans taper aussi haut dans le spectre, ils sont plus généreux dans la transition des hauts médiums vers les aigus. Ils font donc sonner le mix plus clair que les A8000 malgré des médiums plus charnus, la faute à cette saturation vers le haut des fréquences du mix. Etonnamment le chant si purement raclé de Nocturno franchit une étape dans l’abrasion, frôlant la stridence. Inattendu. Sûrement, le pic fréquentiel des Polonais se trouve ici atteint. La basse reste en arrière-plan, mais un poil plus loin encore, les SE6 Nebula ne bénéficiant pas de l’emphase des A8000 dans les fondations.

Pourtant, malgré le mix difficile et les saillies du haut médium, les SE6 Nebula confirment leur magnifique cohérence. Les fréquences semblent réellement liées entre elles, ce qu’elles perdent probablement dans la mise en avant absolue elles le gagnent dans le travail en commun, et ce même dans les situations les moins favorables.

Conclusion

A l’heure du choix, vous comprendrez bien que je n’en ferai pas. Ces deux paires sont de haut vol, chacune dans son domaine de prédilection. Elles bénéficient d’apport bien différents, rendant le ping-pong de l’une à l’autre particulièrement agréable et complémentaire. L’humeur du moment en quelque sorte.

Si j’ai besoin de vrombir ou de castagner, les A8000 sont le choix évidents. Pour l’explosion des détails également. Sitôt que le besoin de fluidité et de densification du son se fait sentir, direction les SE6 Nebula qui accomplissent l’exploit d’ajouter à ceci une bulle spectaculaire dans toutes les directions, avec comme point d’orgue malgré tout la légendaire profondeur Spiral Ear. Et donc un étagement des plans saisissants.
Alors oui ils sont trop sages et n’ont absolument rien de spectaculaire à proposer immédiatement, d’autant que l’enrobage (finitions, câble) n’a absolument rien à faire valoir… MAIS ils sont seuls dans leur créneau et ils le font tellement bien que ça mérite le coup d’oreille pour avoir cette sensation de faire partie d’un monde à part.

Les Final Audio A8000 sont les grandes gueules pas bégueules. Intelligents malgré ce qui pourrait s’apparenter à de la brutalité. Sauf que tous les excès sont maîtrisés au millimètre, sachant s’arrêter à chaque fois pile, mais pile pile, avant la limite (enfin, les miennes tout du moins, pour d’autres ça passera pas, et c’est bien leur boulet ultime).

Des opposés qui s’attirent dans mon référentiel. Des représentations totalement différentes qui ne se croisent jamais et qui permettent un vrai choix. Une vraie adaptation à la musique écoutée également. L’un peu sembler plus facile à vivre tant en terme de signature que de simple port, pourtant on a toujours envie de vivre à la dure des fois… Et donc à l’heure actuelle de ce moment précis je ne me vois pas vivre sans l’un ou sans l’autre. Certes tour à tour ils parviennent à m’énerver, mais au final ce sont ces caractères bien trempés, un peu orthogonaux aux définitions les plus répandues depuis quelques années, qui les rend spéciaux à mes petites oreilles.
En nomade : Hiby R8 > Final Audio A8000/Spiral Ear SE-6 Nebula
En sédentaire : Hiby R8 > Quloos QH1 > Fosi audio Mono v3 > Hifiman Susvara (!!)

Je crois qu'on peut dire que je suis bien là.
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