

La fermière qui défie les chasseurs à courre
Chantal Villain a transformé ses 30 ha de terre en refuge pour cerfs et biches traqués par les équipages de chasse à courre. Récit d’une guerre entre pro et anti-chasse.
Nicolas Jacquard | Publié le 29.10.2012, 11h16
BEAUMONT-LA-FERRIÈRE (NIÈVRE), LE 24 OCTOBRE. Chantal Villain, s’est lancée dans un combat contre les chasseurs, les empêchant de pénétrer sur sa propriété de 30 ha pour traquer le gibier.
| (LP/CAROL AMAR.)
Une vie en état de siège. Quand d’autres profitent de l’automne pour dénicher cèpes ou châtaignes, Chantal Villain ne quitte pas sa maison. Cette quinquagénaire vit seule, à 1,5 km de la plus proche habitation, au bout d’un chemin forestier qui se termine par une bâtisse au toit d’ardoise. L’endroit, noyé entre haies, marais et forêt, a tout du havre de paix. Pourtant, Chantal Villain vit « un véritable enfer. » « Ça fait vingt ans que ça dure, mais ces derniers temps, le harcèlement a redoublé », soupire-t-elle, à bout.
D’abord, cette agricultrice exploitait 50 ha à Murlin. « Petite fille, les week-ends étaient immuables. Les chasseurs à courre arrachaient nos clôtures le samedi, et on les réparait le dimanche. » Un jour de 2004, Chantal a rendu les armes et déménagé quelques kilomètres plus loin à Margis, lieu-dit de Beaumont-la-Ferrière, où elle avait hérité de 30 ha qu’elle consacra à élever des salers et des porcs gascons.
Las, cette installation à la lisière de la forêt des Bertranges, l’une des plus grandes de France, n’a pas été synonyme de sérénité retrouvée. Dès son arrivée, « ça a recommencé de plus belle, les clôtures étaient détruites et mes animaux se sauvaient. J’ai dû m’en séparer ».
Alors, l’agricultrice s’est lancée dans le combat de sa vie : empêcher les veneurs de pénétrer sur sa propriété pour y traquer le gibier, et surtout le cerf, animal mythique que seuls 37 équipages sur les 420 existants en France sont habilités à pister.
Fervente partisane d’une vie en symbiose avec la nature, cette écolo qui en a longtemps refusé l’étiquette laisse la nature prendre ses droits sur ses terrains. Résultat : les animaux ont fait du lieu une arche de Noé. « C’est ce que les chasseurs à courre ne supportent pas, explique Chantal Villain. Que les animaux se réfugient chez moi. » En atteste le troupeau de biches qui batifole en cette fin d’après-midi. « Du coup, ils viennent la nuit et tirent pour que le gibier quitte ma propriété. Ils sont là généralement le mardi ou le samedi, parfois presque toute la semaine en fin de saison, quand ils n’ont pas atteint leurs quotas. »
De larvé, le conflit a viré à la guerre ouverte. Pneus du tracteur crevé, rétroviseurs arrachés, jets de pierres et même tirs à la chevrotine sur son toit ou son chien : Chantal Villain assure être devenue la bête noire des quatre équipages qui officient régulièrement dans le secteur et prennent leurs aises dans cette propriété stratégique, truffée de rivières et de mares où les animaux viennent boire.
Sous un soleil d’automne, attablée dehors, Chantal décrypte les notes jaunies qui portent le récit de plusieurs années d’affrontements. « En novembre 2011, ça a été terrible », raconte-t-elle d’une voix blanche. Photos en main, elle décrit ce cerf, venu se coller à l’entrée de sa grange. « Il y avait des dizaines de chasseurs qui m’insultaient. Je les ai tenus à distance pendant quatre heures avec une bombe lacrymogène. » D’ordinaire, le maire se déplace, ce qui a pour effet de calmer les ardeurs de la meute. « Là, il était en vacances. Les chasseurs ont appelé les gendarmes, qui sont venus récupérer les chiens. Le cerf a pu s’enfuir. »
Une seule fois, Chantal a déposé plainte, en 1998. « Mais ils n’ont rien pu faire, faute de preuves », ont-ils dit. Depuis, l’ex-agricultrice a laissé tomber la voie judiciaire. « Quand je vois un cerf poursuivi devant chez moi, je le laisse passer, et je jette du poivre ou des épices pour que les chiens perdent sa trace, décrit-elle. C’est déjà arrivé que deux cerfs se croisent, poursuivis par deux meutes différentes! Quand les chasseurs se rassemblent devant ma maison, je les prends en photo. » Maigre défense qui ne l’a pas empêchée, assure-t-elle, d’être frappée à plusieurs reprises. « Ils ont déjà menacé de me tuer. L’un d’eux m’a dit que je finirai dans le trou bleu », une ancienne mine inondée, à dix kilomètres de là. « Elle est seule, isolée, j’ai peur pour sa vie », souffle son amie Christine.
De tous les équipages auxquels Chantal s’est confrontée, le Piqu’avant nivernais semble le plus virulent. « Les relations sont d’autant plus difficiles que leurs suiveurs sont des locaux », analyse Christine. « C’est un des plus puissants de France. Au-delà de la chasse, ils veulent voler mes terres », accuse Chantal Villain. Dans un courrier, Philippe De Rouälle, maître d’équipage du Piqu’avant, lui proposait l’an dernier « une location de tout ou partie des prairies » qui pourrait « apporter paix et tranquillité ». Contacté, il n’a pu être joint. De son côté, le maire s’est plaint sans succès auprès de l’ONF, qui botte en touche. Chantal, elle, n’en démordra pas. « Je ne supporterais pas de partir d’ici, même avec de l’argent. Ce serait me renier. »
J'ai un long passif chez Sony de truc qui lâche le moi d'après la fin de garantie et toujours du matos qui m'a couté donc c'est une marque que je ne porte vraiment pas dans mon coeur...manwalk a écrit :J'ai pas d'action chez Sony.
Il en est de même sur mon HTC. HTC, c'est fini? Les derniers lecteurs dvd Philips sont de vrai bouses. Philips, c'est fini?
À ce rythme...
Denis Gaudineau a écrit :Une situation écoeurante, on a l'impression d'être dans un Chabrol ou au fin fond de l'Ancien Régime
http://www.leparisien.fr/faits-divers/l ... 275377.php
La fermière qui défie les chasseurs à courre
Chantal Villain a transformé ses 30 ha de terre en refuge pour cerfs et biches traqués par les équipages de chasse à courre. Récit d’une guerre entre pro et anti-chasse.
Nicolas Jacquard | Publié le 29.10.2012, 11h16
BEAUMONT-LA-FERRIÈRE (NIÈVRE), LE 24 OCTOBRE. Chantal Villain, s’est lancée dans un combat contre les chasseurs, les empêchant de pénétrer sur sa propriété de 30 ha pour traquer le gibier.
| (LP/CAROL AMAR.)
Une vie en état de siège. Quand d’autres profitent de l’automne pour dénicher cèpes ou châtaignes, Chantal Villain ne quitte pas sa maison. Cette quinquagénaire vit seule, à 1,5 km de la plus proche habitation, au bout d’un chemin forestier qui se termine par une bâtisse au toit d’ardoise. L’endroit, noyé entre haies, marais et forêt, a tout du havre de paix. Pourtant, Chantal Villain vit « un véritable enfer. » « Ça fait vingt ans que ça dure, mais ces derniers temps, le harcèlement a redoublé », soupire-t-elle, à bout.
D’abord, cette agricultrice exploitait 50 ha à Murlin. « Petite fille, les week-ends étaient immuables. Les chasseurs à courre arrachaient nos clôtures le samedi, et on les réparait le dimanche. » Un jour de 2004, Chantal a rendu les armes et déménagé quelques kilomètres plus loin à Margis, lieu-dit de Beaumont-la-Ferrière, où elle avait hérité de 30 ha qu’elle consacra à élever des salers et des porcs gascons.
Las, cette installation à la lisière de la forêt des Bertranges, l’une des plus grandes de France, n’a pas été synonyme de sérénité retrouvée. Dès son arrivée, « ça a recommencé de plus belle, les clôtures étaient détruites et mes animaux se sauvaient. J’ai dû m’en séparer ».
Alors, l’agricultrice s’est lancée dans le combat de sa vie : empêcher les veneurs de pénétrer sur sa propriété pour y traquer le gibier, et surtout le cerf, animal mythique que seuls 37 équipages sur les 420 existants en France sont habilités à pister.
Fervente partisane d’une vie en symbiose avec la nature, cette écolo qui en a longtemps refusé l’étiquette laisse la nature prendre ses droits sur ses terrains. Résultat : les animaux ont fait du lieu une arche de Noé. « C’est ce que les chasseurs à courre ne supportent pas, explique Chantal Villain. Que les animaux se réfugient chez moi. » En atteste le troupeau de biches qui batifole en cette fin d’après-midi. « Du coup, ils viennent la nuit et tirent pour que le gibier quitte ma propriété. Ils sont là généralement le mardi ou le samedi, parfois presque toute la semaine en fin de saison, quand ils n’ont pas atteint leurs quotas. »
De larvé, le conflit a viré à la guerre ouverte. Pneus du tracteur crevé, rétroviseurs arrachés, jets de pierres et même tirs à la chevrotine sur son toit ou son chien : Chantal Villain assure être devenue la bête noire des quatre équipages qui officient régulièrement dans le secteur et prennent leurs aises dans cette propriété stratégique, truffée de rivières et de mares où les animaux viennent boire.
Sous un soleil d’automne, attablée dehors, Chantal décrypte les notes jaunies qui portent le récit de plusieurs années d’affrontements. « En novembre 2011, ça a été terrible », raconte-t-elle d’une voix blanche. Photos en main, elle décrit ce cerf, venu se coller à l’entrée de sa grange. « Il y avait des dizaines de chasseurs qui m’insultaient. Je les ai tenus à distance pendant quatre heures avec une bombe lacrymogène. » D’ordinaire, le maire se déplace, ce qui a pour effet de calmer les ardeurs de la meute. « Là, il était en vacances. Les chasseurs ont appelé les gendarmes, qui sont venus récupérer les chiens. Le cerf a pu s’enfuir. »
Une seule fois, Chantal a déposé plainte, en 1998. « Mais ils n’ont rien pu faire, faute de preuves », ont-ils dit. Depuis, l’ex-agricultrice a laissé tomber la voie judiciaire. « Quand je vois un cerf poursuivi devant chez moi, je le laisse passer, et je jette du poivre ou des épices pour que les chiens perdent sa trace, décrit-elle. C’est déjà arrivé que deux cerfs se croisent, poursuivis par deux meutes différentes! Quand les chasseurs se rassemblent devant ma maison, je les prends en photo. » Maigre défense qui ne l’a pas empêchée, assure-t-elle, d’être frappée à plusieurs reprises. « Ils ont déjà menacé de me tuer. L’un d’eux m’a dit que je finirai dans le trou bleu », une ancienne mine inondée, à dix kilomètres de là. « Elle est seule, isolée, j’ai peur pour sa vie », souffle son amie Christine.
De tous les équipages auxquels Chantal s’est confrontée, le Piqu’avant nivernais semble le plus virulent. « Les relations sont d’autant plus difficiles que leurs suiveurs sont des locaux », analyse Christine. « C’est un des plus puissants de France. Au-delà de la chasse, ils veulent voler mes terres », accuse Chantal Villain. Dans un courrier, Philippe De Rouälle, maître d’équipage du Piqu’avant, lui proposait l’an dernier « une location de tout ou partie des prairies » qui pourrait « apporter paix et tranquillité ». Contacté, il n’a pu être joint. De son côté, le maire s’est plaint sans succès auprès de l’ONF, qui botte en touche. Chantal, elle, n’en démordra pas. « Je ne supporterais pas de partir d’ici, même avec de l’argent. Ce serait me renier. »
Jan Fabre : la barbarie à visage artistique
Le Point.fr - Publié le 06/11/2012 à 15:02 - Modifié le 06/11/2012 à 18:33
Le philosophe s'indigne contre la dernière performance de l'artiste belge, le "lancer de chats".
Des chats ont été lancés sur les escaliers de l'hôtel de ville d'Anvers, en Belgique, pour une performance du plasticien flamand Jan Fabre. © Capture d'écran
L'artiste belge Jan Fabre, plasticien de renommée internationale, vient de susciter un tollé, et non seulement dans le plat pays, à la suite de son "lancer de chats" : des chats vivants jetés en l'air, pour les besoins d'un film retraçant la carrière de l'artiste, avant que de les faire retomber, parfois lourdement, sur les marches du grand escalier de l'hôtel de ville d'Anvers, première ville d'une Flandre en train de basculer, avec l'élection d'un nationaliste tel que Bart De Wever à la tête de sa mairie, vers un extrémisme de droite.
Cet artiste controversé, quoique remarquable à bien des égards, est un adepte de ce que l'on nomme, pour le meilleur et pour le pire, la "performance artistique". Ainsi, parmi ses oeuvres maîtresses, émerge le revêtement intégral du plafond de la salle des Glaces du palais royal de Bruxelles : oeuvre somptueuse, composée de 1,4 million de carapaces de scarabée aux reflets d'émeraude, qu'inaugurèrent, en octobre 2002, les souverains de Belgique. C'est d'ailleurs la reine des Belges, Paola, qui, accompagnée par l'ancienne ministre française de la Culture Christine Albanel, inaugura en 2008 l'exposition que le musée du Louvre consacra à cet artiste : "Jan Fabre, l'ange de la métamorphose" était le titre de cette expo qui fit alors courir le Tout-Paris.
Mais il y eut surtout, dans des registres beaucoup plus scabreux au regard de la morale sociale comme du conformisme ambiant, ses fameuses incursions, que certaines des plus hautes instances de ce qu'il est convenu d'appeler "l'art contemporain" ne craignirent pas de taxer d'"artistiques", tant dans le domaine de la pornographie, avec un très sulfureux concours de masturbation scénique, que dans celui de la scatologie, avec, lors de l'édition 2005 du Festival d'Avignon, une pièce de théâtre centrée sur la thématique du sang et de l'urine, le tout assorti d'élucubrations sur les excréments. C'est dire si Jan Fabre, dont l'art de la provocation fait partie intégrante du fonds de commerce, est un habitué de la polémique. Il ne cesse même de l'aiguillonner : après le chic du choc vient, c'est bien connu en ces temps de surenchère médiatique, le chèque... Buzz is money !
"Tout art est immoral"
Mais voilà, patatras : la pompe à fric vient, soudain, de péter (ce qui ne devrait toutefois pas déplaire à cet apprenti scato) avec ce malencontreux, et surtout honteux, envol de félins. Car c'est bien cela que ce supposé "geste artistique" devenu tortionnaire d'animaux domestiques était censé répéter là, sur l'escalier d'honneur de l'hôtel de ville d'Anvers : reproduire le célèbre cliché, datant de 1948, du photographe Philippe Halsman figeant le peintre Salvador Dali, en compagnie de chats en suspension, dans l'espace. Une manière de retourner là, pour Jan Fabre, à ce surréalisme pictural dont la Belgique s'enorgueillit.
Morale de cette sordide histoire flamande ? Ceci n'est peut-être pas une pipe, comme l'aurait dit un certain René Magritte, pape du surréalisme belge justement ; mais il n'empêche que ces chats-là s'y cassent quand même vraiment, eux, la pipe ! Et cela, ce geste criminel envers des êtres vivants et dotés de sensibilité (bien qu'Aristote et Descartes les réputèrent, à tort, dénués d'âme, c'est-à-dire, en termes modernes, de conscience, sinon, conformément à cette monstrueuse théorie de l'"animal-machine", de pensée), est intolérable.
Attention, cependant ! Loin de moi la volonté de verser ici, par je ne sais quel amalgame outrageusement réducteur, et donc de mauvais aloi face aux inaliénables libertés de la création artistique, en un quelconque discours normatif, voire moralisateur. Au contraire : je suis un de ces philosophes préconisant, en matière d'art, la réduction de l'éthique à l'esthétique : "Il n'existe pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes", clamait à bon escient, dans Par-delà bien et mal, Friedrich Nietzsche. Et Oscar Wilde de lui emboîter le pas lorsqu'il énonça, dans Le Critique comme artiste, cette sentence définitive : "L'esthétique est supérieure à l'éthique. Elle appartient à une sphère plus spirituelle." Bref : "Tout art est immoral", y concluait-il à juste titre !
"Revendiquer la nullité"
C'est dire si, me réclamant de ces esprits éminemment subversifs que furent Nietzsche et Wilde, sans l'influence desquels il n'y aurait eu ni de Marcel Duchamp ni de Tristan Tzara, pas plus que d'Andy Warhol ou de Jeff Koons, je suis moi-même un ardent défenseur de l'art contemporain, y compris dans ses aspects les plus novateurs, provocateurs, transgressifs, et même trash. Un de mes derniers livres, intitulé "Du beau au sublime dans l'art - Esquisse d'une métaesthétique", en témoigne. J'y fustige même ce qu'un esprit pourtant aussi délié que Jean Baudrillard proféra un jour, concernant le statut de l'art contemporain, dans un article, ayant pour très paranoïaque titre "Le complot de l'art", qui fit date et que publia, le 20 mai 1996, le journal Libération : "Toute la duplicité de l'art contemporain est là : revendiquer la nullité, l'insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu'on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu'on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. [...] Et puis, il y a le délit d'initié, les faussaires de la nullité, le snobisme de la nullité. [...] Il ne faut pas laisser faire les faussaires." Soit ! Mais, enfin, tout n'est pas faux, hélas, en cette charge, particulièrement agressive à l'endroit de l'art contemporain, de Baudrillard.
Car l'art, contemporain ou non qu'il soit, devrait avoir aussi, n'en déplaise à ses inconditionnels, sinon ses limites formelles, dommageables sur le plan de l'esthétique, du moins son cadre conceptuel, souhaitable au niveau philosophique. À défaut de quoi, c'est la tentation fasciste qui, sans ce minimum de garde-fous (c'est le cas de le dire lorsqu'il s'agit du "génie artistique"), risquerait alors de l'emporter en ses nauséabondes visions de toute-puissance : cet homme divinisé qui, privé de toute loi morale, fit naguère l'infect lit du nazisme. Il est, du reste, des avant-gardes artistiques qui, pour prétendument révolutionnaires qu'elles soient, ont de très rétrogrades relents d'idéologie dictatoriale. Ce fut le cas, dans un sinistre passé, du futurisme, courant pictural pourtant majeur au début du XXe siècle, de Filippo Tommaso Marinetti : celui-là même qui s'acoquina, après avoir rédigé son Manifeste, avec les fascistes de Mussolini, puis avec les nazis d'Hitler !
Périlleuse dérive
C'est ce genre de périlleuse dérive qu'un artiste tel que Jan Fabre, citoyen d'une ville - Anvers - ayant naguère été le fief belge des pires collabos nazis avant de devenir aujourd'hui le bastion flamand de la droite la plus extrémiste, se devrait de méditer sérieusement avant de s'adonner, comme il le fit ces jours derniers avec cette pseudo-performance de "lancer de chats", à ce genre, aussi scandaleux moralement que dangereux politiquement, de violence... et, qui plus est, gratuite, sinon pour flatter, au mépris de la condition animale en ce cruel cas, son seul ego hypertrophié.
Car la question, à la fois philosophique et éthique, qui se pose ici est celle-ci : "Un artiste peut-il tout se permettre au nom de l'art ?" Ma réponse est "non" ! Affirmer le contraire serait donner raison, malheureusement, à Jean Clair, lequel, nonobstant ses lumières en matière de critiques artistiques, n'en demeure pas moins, en certaines des assertions contenues en son Journal atrabilaire, d'un dogmatisme non moins funeste pour le destin de l'art contemporain : "L'art s'étant engagé dans une course parallèle à celle dans laquelle s'est engagé le commerce érotique dans les années 70, on verra logiquement sous peu, dans une galerie ou dans une foire, la commission d'un meurtre, à l'image des snuff movies qui constituent pour l'instant le plus recherché de la production pornographique. Elle se fera au nom de la liberté imprescriptible du créateur. Et l'on trouvera des cliques pour applaudir, la voix cassée d'émotion, à ce geste suprême où s'accomplira le post-humain, et dont les amateurs achèteront les reliques."
C'est dire si l'art contemporain recèle parfois en lui, par-delà ses indéniables mérites, cette part maudite que j'ose nommer ici - puisqu'il faut bien appeler un "chat", c'est de circonstance, un "chat" - la barbarie à visage artistique.
REGARDEZ le "lancer de chats" de Jan Fabre :
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Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, auteur de Du beau au sublime dans l'art - Esquisse d'une métaesthétique (Éditions L'Âge d'homme et Académie royale des Beaux-Arts de Liège) et Manifeste dandy (François Bourin éditeur).
DarkZenith a écrit :TN, les soirs de fin de semaine, c'est comme la baie des cochons au Cap d'Agde: beaucoup de mateurs mais peu de participants.![]()
Tiens, d'ailleurs, le record actuel du nombre de connexions simultanées sur le forum a justement été établi un dimanche soir!
Mais bon, vous êtes sans doute mieux dehors à courir l'aventure qu'à zoner ici, les gars (et les filles). Je vous souhaite une nuit longue et douce.