Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Pour le commun des mortels, présenter ses vœux à l’occasion du Nouvel An ne présente absolument aucune espèce de dangerosité latente. Mais pour les aficionados que nous sommes, une telle démarche n’est pas sans risques, particulièrement quand votre interlocuteur n’est autre que votre revendeur attitré, et qu’il vous glisse tout de go dans la conversation un truc du style, A propos, j’ai reçu le PS500, si ça vous intéresse...
Et voilà comment, avec le concours d'un RS2i de la Maison Grado, j’ai eu l'opportunité d'inscrire un nouveau chapitre à ma balade, consacré cette fois au PS500, le Grado tout nouveau, tout beau, tout chaud !!!
Je ne pense pas provoquer un mouvement de panique en vous confiant que la boîte en carton qui l’abrite est de la même veine que toutes celles qui l’ont précédée. Histoire de battre le fer tant qu’il est chaud, j’ai également le regret de vous informer de la disparition corps et biens de la rallonge et de l’adaptateur Jack 6,35/3,5 mm, deux faveurs qui resteront exclusivement octroyées à son prestigieux aîné, le PS1000, ainsi qu’au GS1000i pour ce qui concerne la rallonge.
Estimés Membres de la Grado Team ainsi qu’à ceux en passe de le devenir, sachez que l’aspect et la finition du PS500 ne sèmeront pas en vous la moindre confusion. Bandeau d’arceau de cuir noir, solide arceau métallique, oreillettes noires en mousse (L-Cush), la forme et la taille des chambres, un bon gros câble droit, symétrique et inamovible, avec au bout de celui-ci une fiche mâle au format Jack 6,35 mm estampillée Grado, etcetera. Aucun doute à avoir ! C’est un Grado, dont l’aspect s’inscrit de plain-pied dans la plus pure tradition du constructeur américain. Je m’interroge toutefois quant à un éventuel futur changement de robe, à l’instar de celle qui revêt désormais le SR325is et à fortiori le… PS1000.
Grado reste égal à lui-même pour ce qui a trait au confort, relatif, de ses modèles supra-auraux. Dire que le PS500 est plus lourd que le RS2i relève d’une Lapalissade, le concept des chambres du PS500 étant calqué sur celui équipant les chambres du PS1000. Contrairement à celles du R2Si qui sont composées uniquement de mahogany (acajou). Cette différence de poids ne m’a pas gêné outre-mesure, ayant eu précédemment comme compagnon le SR325i. C’est une autre histoire, ou plutôt devrais-je dire la même, dans la mesure où je suis comme de coutume dans l’obligation de me séparer de mes lunettes lorsque je le chausse. Ca ne me gêne pas réellement, puisque je savoure généralement ma musique en ayant les yeux fermés ou dans la pénombre.
Fraîchement sorti de sa boîte, le PS500 me paraît affublé d’un caractère assez tranché vis-à-vis des modèles constituant la Reference Series, du moins de ce que j’en connais, c’est-à-dire les RS2i et RS-1 Classic. Je n'ai pu les comparer en direct, dans la mesure où je me suis séparé du RS-1. Néanmoins, sachez à coup sûr que le PS500 n'est pas aussi fun (coloré, typé) que le RS-1. Il ne monte pas aussi haut que la star, qu’il s’agisse du haut-médium ou de l’aigu, et enfin je pense pouvoir dire également de lui qu'il n'atteint pas son degré de « spontanéité », de « franchise » dans les attaques.
Ce qui m’interpelle d’emblée, c’est l’équilibre plus accru qu’à l’accoutumée. Sans s’inscrire dans une pseudo linéarité, on perçoit immédiatement que le médium du PS500 ne fait pas dans la coloration habituelle, ni dans l’emphase, mais plutôt dans la sobriété, voire la discrétion. Attention, sobriété n’est pas austérité, l’interprétation du PS500 n’étant heureusement pas dénuée d’un certain fun même si son médium n’est pas aussi pétulant que d’ordinaire. Bref, je ne suis pas du tout convaincu que le PS500 soit en mesure de vous faire battre la mesure comme sait si bien le faire un RS-1. Il est davantage axé vers une certaine "sagesse".
Confronté séance tenante à mon RS2i, le PS500 fait preuve d’un surcroit de densité flagrant. Le bas du spectre se distingue tout particulièrement, par son extension, son impact et sa substance. De facto, en passant à la volée de l’un à l’autre, le RS2i sonne globalement plus famélique, plus sec et donc plus écourté dans les basses fréquences.
La transparence est avec lui, la dynamique également, même si elle n’atteint pas certains sommets connus et reconnus. Le PS500 n’est pas avare de détails, un cran au-dessus vis-à-vis du RS2i, je dirais. Il sait être démonstratif, mais uniquement à chaque fois que cela s’impose. De facto, il ne me donne pas du tout l’impression d’être enclin à la surenchère. Ce qui, somme toute, paraît assez correspondre à la vocation professionnelle inscrite en toutes lettres sur la façade de ses écouteurs.
Inutile de le nier, j’ai un penchant pour les Casques pourvus d’un équilibre spectral plus haut perché. Par conséquent, le RS2i, malgré sa signature plus raide, conserve une petite longueur d’avance. Son médium, loin d’être aussi typé que celui d’un RS-1, continue à savoir faire davantage vibrer la corde sensible, si j’ose dire. Le PS500 n’a pas cette touche de coloration que possède le RS2i, ce qui encore une fois, est parfaitement logique en regard de sa raison d’être. Son registre médium est, de facto, plus mat.
Le PS500 s’avère également moins indulgent envers les défauts de mastering. Je dirais de lui qu’il affiche une certaine sévérité à cet égard, sans que l’on puisse pour autant user du qualificatif d’intransigeant à son encontre. Le PS1000, en comparaison, ne fait pas de cadeau.
Ce qui me pose problème avec le PS500, c’est son image. Elle paraît assez comparable en termes d’ouverture vis-à-vis de celle d’un RS2i, et ne devrait pas être de nature à décevoir les attentes d’auditeurs en quête d’une image précise et cohérente, sans qu’elle puisse se targuer d’être d’une grande profondeur. Ce qui n’est pas de nature à me surprendre avec les Grado. Ah ! Que les inconditionnels de cette présentation frontale, caractéristique des Grado se rassure, le PS500 n’y déroge pas.
Ce qui me pose problème, disais-je ? Et bien, je n’ai pas eu pleinement le sentiment d’écouter un Casque d’architecture ouverte, une conception qui autorise la Musique à se déployer avec davantage de liberté dans l’espace, à mon sens. Je ressens le RS2i plus spatialisé et plus aéré, évidemment favorisé en cela par sa signature moins pléthorique et plus lumineuse. Cela dit, si la spatialisation du PS500 me semble plus restreinte, je n’irais pas jusqu’à qualifier celui-ci, loin s’en faut, de Casque à l’image étriquée ou confuse.
Précision, énergie, sobriété… Tout cela me paraît être le lot du PS500. Et puisque il y a une chaise vide dans mon bar depuis le départ du SR325i, l’inviter à s’y asseoir afin qu’il me tienne compagnie commence insidieusement à se frayer un passage dans ma petite tête, malgré la réticence que j’ai cité plus haut.
Complémentarité, encore et toujours… C’est mon credo. Et le PS500 me paraît avoir les qualités requises pour endosser la succession.
Pour ma part, j'appréhende davantage le PS500 comme une solide ébauche au PS1000. En quelque sorte, un second « baby PS1000 » pour reprendre à cette occasion le surnom qui fut donné, à l’époque, au HF2 sur Head-Fi. Autrement dit ? Il est sur la bonne voie, mais il y a encore du chemin à parcourir.
Le PS500 sait être transparent sans être agressif, impacté sans être brutal, sobre sans être insipide, expressif sans être profondément typé... Pour autant, je ne dirais pas de lui qu’il possède en majeure partie la richesse harmonique, ou l'extension, la texture, l'articulation dans le grave du PS1000, et à fortiori de la spatialisation, de l’aération, de la profondeur qui sont les siennes.
Headphone Road
Janvier 2012
Bonne Année, Eric…
J’hésite à vous présenter mes vœux l’année prochaine, Eric…
Non, je plaisantais, bien sûr… Merci, merci beaucoup, Eric.