Je trouve que, plus Dieudonné vieillit, plus il ressemble à Mister T.
Autrement, j'aime beaucoup cet humoriste aussi, que je trouve très talentueux, et je partage nombre de ses idées, notamment sur le silence scandaleux qui entoure l'ampleur réelle de l'esclavage et des massacres coloniaux en Afrique, la fondation du capitalisme sur le commerce triangulaire, dont on ne parle pas encore assez à mon goût, ou l'incroyable et puante contradiction qu'il y a toujours eu en France entre pensée des Lumières et mépris pour les "races inférieures" (contradiction que portaient, par exemple, un Voltaire, homme d'affaire avant d'être littérateur et armateur de navire négrier, ou encore Montesquieu, qui estimait excusable l'esclavage dans les pays chauds, à savoir ceux où se cultivaient justement les denrées dont la production et le commerce faisaient la fortune des nantis de son Aquitaine natale). MAIS de là à faire du génocide juif une chanson humoristique ou, pire encore, à inviter le négationniste Faurisson sur scène et, qui plus est, en l'introduisant avec un assistant en pyjama rayé... Non, non et non! Il y a une limite, tout de même, et dépasser cette limite est non seulement gerbant mais crétin, tant l'histoire de la Shoah et les témoignages terribles qui nous en sont revenus ont à nous apprendre sur la condition humaine et ses zones d'ombre. Se moquer de cette souffrance qui, si nous faisons effort pour la comprendre, peut considérablement enrichir notre propre sens de l'humain, c'est, àmha, ne rendre service à strictement personne.
Maintenant, faut-il pour autant interdire les spectacles de Dieudonné?... Personnellement, je ne le crois pas, pas plus que je n'ai jamais trouvé intelligent de sanctionner le révisionnisme comme un délit car c'est prendre le risque d'instituer une vérité officielle, une sorte de morale républicaine obligatoire dont on a déjà pu voir les dérapages pendant la révolution. (Du reste, je trouve qu'il y a un peu de Robespierre dans Valls, comme si, après Chevènement, il était un des nouveaux avatars du jacobinisme, cette hydre de l'autoritarisme de gauche qui fait toujours plus pencher le PS vers la droite...)