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Longue interview en 4 parties de Christian Gourcuff, qui arrive très bien à montrer que c'est un vrai bon entraîneur, tout en expliquant pourquoi il n'a jamais vraiment réussi, et ne réussira probablement jamais, au plus haut niveau. Vu sa façon de penser, ce qu'il attend de ses joueurs, sa vison du rôle d'entraîneur, ça ne peut pas fonctionner sans un effectif rempli de joueurs intelligents, responsables et profondément collectifs. Pas exactement le profil du joueur foot professionnel ces dernières années en fait
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Ah, et le mec donne l'impression d'avoir une haute opinion de lui-même aussi, mais ça ce n'est pas vraiment un scoop, et ça n'enlève rien à l'intérêt de cette interview
Quelques petits extraits choisis :
Christian Gourcuff a écrit :Dans le football, ce qu’il y a de plus remarquable, ce sont les passes inutiles. Ce sont des offrandes : le joueur donne un temps d’avance à son partenaire afin d’avoir davantage de confort dans le choix de jeu. Elles sont fondamentales dans le jeu collectif. Et ça traduit déjà, au-delà des aspects techniques, une spontanéité relationnelle. Le problème actuel du football, c’est l’individualisme des joueurs dans leur façon d’appréhender le jeu. Ils prennent le ballon, veulent faire une action individuelle et, lorsqu’ils sont en difficulté, cherchent un partenaire. C’est complètement différent du joueur qui va chercher son partenaire et, s’il n’est pas dans les meilleures conditions, va faire une action individuelle. Il ne s’agit pas de nier l’intérêt de l’action individuelle, mais de placer des priorités. Iniesta est un excellent dribbleur, mais le dribble n’est jamais sa première intention. C’est juste une arme dans une situation. Les bons dribbleurs sont ceux qui créent l’incertitude.
La suite du propos permet de nuancer un la partie en gras, mais sur le moment ça m'a fait tiquer, parce que ça semble assez contradictoire, le mec est un grand admirateur de Guardiola, qui est je pense à l'exact opposé de ça : tant que le joueur n'est pas pressé, il avance avec le ballon, la passe ne doit avoir lieu que quand l'adversaire est proche, elle doit servir à éliminer.
Instant philo de comptoir
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mais pour une vision au départ similaire du foot, basée d'abord sur le jeu collectif, j'y vois la différence entre d'un côté Gourcuff et un football plus romantique, presque "humaniste" : la passe inutile a du sens parce qu'elle est une marque de partage, même si ce n'est pas l'option la plus efficace. De l'autre côté Guardiola et un football qui doit gagner, qui cherche l'efficacité avant tout, où chaque geste doit avoir pour finalité de mettre un but.
Chose assez amusante, aucun des deux ne semble prévoir dans sa philosophie une spécificité pourtant très barcelonaise : la passe inutile humiliante, la passe à dix juste pour donner l'occasion aux supporters de faire des "Olé !". Je serais curieux de connaître le sentiment de Guardiola là-dessus.
Christian Gourcuff a écrit :Oui, mais des jeux qui répondent à un objectif. Parce que le football est un jeu. Et la préparation physique est intégrée. Vous vous entraînez au football en faisant du football, c’est une évidence. Les échauffements qui consistent à faire des tours de terrain, c’est une aberration. Ça n’a aucun sens. Ça ne prépare pas physiologiquement à l’effort des matchs, ça enlève l’enthousiasme, donc ça ne correspond à rien.
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. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il a tort, le football professionnel (le sport professionnel d'une manière générale même) est tellement exigent physiquement qu'il faut bien passer par du renforcement physique chiant.
Christian Gourcuff a écrit :Je sais que des joueurs ont été dopés, mais je n’y ai jamais été confronté directement. C’est quelque chose qui a existé et qui existe. C’est illusoire de croire qu’il n’y a pas de dopage dans le football. Je suis en train de lire un livre qui s’appelle La société dopée*, qui dit que le dopage est inévitable dans une société de profit et de marché, où le mot d’ordre, c’est gagner. On est en décalage, et la mondialisation n’a fait qu’accroître ce phénomène. Je pense qu’on arrive au bout d’un monde. La Chine achète l’Afrique, les désastres écologiques sont en cours, ce n’est pas très optimiste. Il faut retrouver une autre philosophie et une autre éducation. Il faut prôner des valeurs collectives. Ce n’est pas un discours révolutionnaire, mais l’écologie, c’est ça. On est dans une recherche de croissance à un moment où on ne peut plus croître. Elle n’est pas exponentielle. Elle l’a été, mais elle a un seuil. On va épuiser les ressources. Le problème n’est pas de faire plus, mais de vivre mieux. Le sport est une façon de vivre mieux : l’échange, le partage… Il peut aider à retrouver des repères. Encore faut-il qu’il soit construit sur d’autres valeurs.
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