Intro :
SMSL est une marque Chinoise basé à Shenzhen. Shenzhen ShuangMuSanLin electronics Co LTD. a été fondé en 2009. Contrairement à d’autre entreprise de Shenzhen, ils sont totalement indépendant. Ils ne fabriquent pas pour les OEMs. En à peine 10 ans, SMSL est passé d’une jeune pousse à une entreprise qui “compte” et qui à acquis une certaine réputation.
La marque est passé maître dans la réalisation de produit très bon marché, proposant d’excellente performance audio. Dernièrement l’entreprise s’est même mise à faire des réalisations à la pointe de la technologie, en utilisant du matériel de dernière génération.
Ce qui est le cas du SMSL SP200 objet de ce test.
Présentation du SP200 :
Le SMSL SP200 est la dernière réalisation de l’entreprise, il s’agit d’un amplificateur casque symétrique. A première vue, rien ne distingue cet amplificateur du reste de la gamme, la marque ayant déjà bon nombre d’amplificateur casque symétrique à son catalogue. Mais un petit détail vient rompre la monotonie de tout ça. La mention d’une amplification THX sur cet amplificateur.
Depuis quelques années, THX développe une amplification baptisé “AAA” pour Achromatic Audio Amplifier. Il s’agit d’une amplification hybride à mi-chemin entre une amplification de classe A, AB et G. Le but étant d’avoir une amplification très efficiente, à la fois en puissance / dissipation thermique et en distorsion. Il s’agit de l’une des amplifications du marché qui propose le plus faible niveau de distorsion.
Cette amplification peut se faire en utilisant des composants discrets où des circuits intégrés suivants les besoins.
Fermons cette parenthèse et revenons au SP200. Donc, SMSL a fait le choix d’utiliser une amplification THX, et pas n’importe laquelle ! La THX-888. Il s’agit à l’heure actuelle de l’amplification la plus performante de THX.
Non seulement SMSL utilise une amplification très costaude, nous y reviendrons plus loin dans cette review, mais en plus, ce SP200 est vendu à moins de 300€. Et c’est un vrai “game changer” !
Au niveau de la bête, cet ampli casque est conçu dans un boîtier classique en aluminium de couleur noir. Petite excentricité, les côtés gauche et droit sont très légèrement “penché”. En façade nous avons une prise XLR4, une jack 6.35mm, trois interrupteurs à bascule (on/off, entrée xlr/rca et gain high/low) et enfin la molette de volume.
À l’arrière, il y a une prise IEC C14 (même prise que les alimentation de PC) une paire d’entrée XLR3 et une paire de prise RCA. Pas de sortie pré-ampli ni de bypass. C’est tout.
C’est donc un ampli casque pur.
Technique :
Plongeons maintenant au coeur du SP200.
Pour commencer, nous avons en haut à gauche la partie alimentation. Celle ci utilise, semble-t-il, un modèle à découpage réalisé par SMSL et protégé par un capot métallique. Deux tension de +18 et -18 volts sont créés afin d’alimenter la carte.
Au centre nous avons la partie amplification. Cette amplification est de type dual mono. Elle utilise des amplificateurs opérationnels et des transistors.
Nous avons un OPA564 de chez Texas Instruments. Cet opamp n’est, à la base, pas prévu pour des applications audio, mais ses performances s’y prêtent très bien. Courant de sortie très important de 1.5A, slew rate excellent de 40V/µs et bande passante large. C’est cet opamp qui fourni le plus gros du travail de l’amplification du SP200 mise au point par THX.
Autour de ces deux opamps, nous pouvons voir une très grande quantité de résistances, de condensateurs et quelques transistors. Tous ces éléments participent à deux concepts intégré dans cette amplifications. Le Negative Feed-back et le Feed-forward. Le negative feed-back est une technique consistant à réinjecter le signal de sortie de l’opamp dans son signal d’entrée. Il se crée alors une sorte de boucle. Cette boucle permet à l’opamp de fonctionner de manière plus stable, plus linéaire et de réduire la distorsion.
Le Feed-forward quand à lui est un peu plus complexe. C’est une technique qui utilise un opamp afin de “nettoyer” le signal et de se débarrasser de toutes distorsions. Théoriquement, on peut complètement supprimer les distorsions, mais uniquement avec un opamp “parfait” ce qui n’existe pas. Même l’OPA1612 qui est excellent, possède sa propre distorsion. Donc tout ne peut pas être annulé. La technique du feed-forward pose aussi des problèmes de stabilités à hautes fréquences et lorsque la charge est importante.
C’est là le génie de THX, ils ont utilisé les deux techniques (NFB et FF) afin que l’une puisse compenser les erreurs de l’autre.
Le résultat est une amplification très puissante, très linéaire et avec une distorsion très basse. Une manière de s’approcher un peu plus d’un amplificateur “parfait”.
Le son :
Les écoutes ont été principalement faites avec le matos suivant :
Dac Project Pre Box S2 > SMSL SP200 > Focal Elegia / Sennheiser-Massdrop HD6XX, le tout sur la prise XLR4 et la jack 6.35mm.
Autant le dire tout de suite, la différence entre les deux sorties est très subtil, avec juste un peu plus d’aération pour la XLR4. Pas de quoi transcender l’écoute, mais la différence est suffisante que pour préférer la prise XLR4 si on peut se le permettre. (La différence peu également venir du câble, aucun moyen d'en être sûr).
Venons-en à la restitution sonore de cet ampli SMSL SP200. Le résultat est étonnant ! L’amplification THX est d’une performance à couper le souffle. Je rappelle que le SP200 vaut moins de 300€.
À ce prix et venant d’un marque Chinoise, on s’attend à une très bonne électronique, bien mise en oeuvre mais qui ne va pas forcément tout chambouler sur ce que l’on croit connaître. Et bien on se trompe lourdement. Quand je disais en introduction que cet ampli casque est un vrai “game changer” ce n’est pas juste un superlatif pour le plaisir. La performance que propose cet ampli par rapport à son prix est démentiel. On est au niveau d’amplificateur très cher, il bat sans problème des amplificateurs plus haut de gamme entre 500 et 1000€ (je pense à certains Cayin par exemple ou Lehmann Audio).
Détaillons un peu tout cela. On va commencer par la spatialisation. Cet amplificateur casque ne propose pas la spatialisation la plus large, mais elle est très immersive. Il y a un réel sens de la profondeur et un aspect holographique assez grandiose. Le placement des instruments est très précis ! On peut facilement entendre des détails jusque là passé inaperçus. Par exemple dans la musique “Africa” de l’album “The essential Toto”, on peut entendre à deux secondes quelqu’un rire à l’arrière plan gauche. Un détail que je n’avais jamais perçu, pourtant j’écoute cette musique depuis de nombreuses années.
La séparation gauche/droite est parfaitement géré. Quand vous avez une musique avec des instruments se déplaçant dans l’espace il est très aisé de les suivres et de les situer. Par exemple la musique “Creation of Earth” de l’artiste “Thomas Bergersen” propose différent sons au début de la musique qui oscille entre les oreilles gauche et droite. On peut suivre la progression sans aucun problème.
Ce niveau de prestation sur le placement des sons permet aussi de correctement rendre les atmosphères des enregistrements. L’ambiance du dernier album Live de “Kylie Minogue”, “Golden : Live in Concert” est parfaitement retranscrite. On se croirait vraiment dans la salle avec un point d’écoute parfait ! (le public derrière, la chanteuse et les musiciens en face de nous).
Même type de sensation avec la musique “The Wisdom of standing still” de “Kathryn Roberts”. La chanteuse paraît chanter juste devant nous à seulement quelque centimètres.
En parlant de chanteuse, venons-en à la restitution des graves / médiums / aigus. Le SMSL SP200 possède un respect des timbres fabuleux. Cela va de paire avec la quantité de détails retranscrits. Le résultat est d’un naturel bluffant. Chaque instruments, chaque chanteur, chaque son électronique possède une authenticité que je peine à décrire. Les voix ont du corps, de la présence, la tessiture est parfaite. On perçoit chaque trémolo dans la voix, le souffle etc…
Idem pour les autres instruments. Prenons des percussions / batteries, on peut percevoir nettement la résonance de la caisse, la tension de la peau, le frottement de la baguette etc… Si on prend une guitare acoustique, tout va être retranscrit et sans exagération. Que ce soit le grattement sur les cordes, les harmoniques ou encore les imperfections du jeu (certains grésillements métalliques, ou le glissé de la main sur le manche).
Les basses sont du même acabit. Une reproduction parfaite. C’est ce genre de performance qui permet de se rendre compte du travail des artistes / ingénieurs son. “Angel” de “Massive Attack”, le sweep de basse de la musique est d’une clarté impressionnante. Les autres amplificateurs nous servent souvent une bouillie sonore et l’intro de “Angel” est plus vécu comme un moment désagréable. Au contraire ici ce sweep nous fait passer un très bon moment ! Ce qui démontre les excellentes capacités du SP200, autant en détails qu’en tenue en puissance.
Comparaison :
SMSL SP200 vs Cayin HA-1A mk2 :
La première chose qui frappe entre le SMSL et le Cayin c’est la signature sonore. Le SMSL laisse s’exprimer le casque qu’on lui associe, il n’impose aucune modification dans le ressenti sonore. Le Cayin lui donne tout de suite sa patte au casque. Le son est résolument plus “chaud”, plus musical, voir plus vivant. (est-ce dû au fait qu’on soit en présence d’une amplification “full tubes” ?). Quoi qu’il en soit, le SMSL SP200 me semble bien devant. Déjà concernant le spatialisation, le Cayin semble avoir une scène sonore beaucoup plus en profondeur et moins latéralisé. C’est excellent pour certaines musiques, mais pour d’autre ( par exemple des formations orchestrale ou des enregistrements live) la scène ne se déploie pas autant qu’on le souhaiterait. Cela n’entame pas la lisibilité et la séparation des instruments, mais cela rend la scène sonore plus frontale. Un peu trop à mon goût.
La signature du Cayin renforce également les basses, encore une fois c’est assez subtil. Mais ce n’est pas un point faible selon moi. La plupart des musiques profitent bien de cela. Je pense que c’est ce petit renforcement des basses qui permet au HA-1A d’avoir une si bonne profondeur.
Mais le point qui pêche par rapport au SMSL, c’est la quantité de détails / micro-détails retranscrite. Ici, le Cayin est clairement inférieur. Il possède moins de “grain” et certains détails qui peuvent être considéré comme “indésirable” (comme le souffle d’un chanteur) sont bien moins présent que sur le SP200. Les guitares ont moins de “crunch”, la harpe de l’artiste “Cecile Corbel” semble plus douce etc… Défaut ou qualité ? Pour mon type d’écoute c’est un défaut.
Cependant, tout cela n’enlève rien à l’excellente qualité du Cayin HA-1A mk2. Sa puissance est tout aussi phénoménale que le SMSL, et c’est un régal à écouter. De plus, on peut upgrader le Cayin en changeant ses nombreux tubes, il y a donc moyen de le rendre beaucoup plus performant. Et les amplis casque à tubes ont un charme certains, surtout celui-ci avec son design bois et aluminium. Néanmoins, avec un prix de base de 699€, son rapport qualité prix s’effondre par rapport au SMSL SP200. Si on change ses tubes, on peut facilement dépasser les 800€. Il est donc dur de le recommander.
SMSL SP200 vs Lehmann Audio Linear D :
Le Lehmann Audio Linear D (appelé LD par la suite) est pour moi le véritable concurrent du SMSL SP200. Nous sommes sur une restitution vraiment très proche. Le LD est très neutre, tout comme le SMSL, difficile de déceler une quelconque coloration, c’est notre casque que l’on écoute directement.
La spatialisation est excellente, contrairement au SMSL, la restitution est plus large et plus profonde. On bénéficie d’un étagement entre les instruments assez grisant. Il est très aisé de suivre un instrument en particulier.
La quantité de détails me semble aussi légèrement supérieur au SMSL. Mais ce qui marque le plus, c’est la “fluidité” de la musique. En comparant directement les deux, le SMSL va sembler plus “artificiel”, comme si il avait un son plus “métallique”. Je pense que cela est du au fait que le LD semble aller un tout petit peu moins loin dans les aigus. De fait le SMSL aurait une certaine pointe d’acidité que le LD n’a pas. Les médiums quant à eux sont d’une beauté saisissante, les basses semblent identiques. Les deux amplis ont une réserve d’énergie impressionnante, et peuvent donner du rythme à n’importe quelle musique, mais le LD le fait avec plus de finesse, moins d'agressivité.
Mais attention, tous ces bons points en faveur du LD (et il le mérite) sont des “détails” par rapport au SP200. Il n’y a pas de fossé séparant les deux, on est sur quelque chose de très proche. Et tout comme le Cayin HA-1A mk2, dès que l’on regarde le prix (1400€ vs 300€) là, on se rend compte de tout le travail réalisé par SMSL.
Donc, le Lehmann Audio Linear D est plus performant que le SMSL, mais de très peu.
Conclusion :
En bref, c’est un amplificateur qui m’a vraiment bluffé. Par son rendu, par sa puissance (qui permet de driver n’importe quel casque), par sa manière de vous présenter la musique. Il est un des rares appareils qui pour moi s’efface complètement au profit de la musique. Je serai bien incapable de vous dire qu’elle signature sonore il possède. Pour moi il n’en a pas. La seule “signature sonore” que je perçois est celle du casque auquel j’associe ce SP200.
Cet appareil, m’a permis d’apprécier des musiques que je n’aimais pas jusque là ! Par exemple Billie Jean de Michael Jackson. Pourtant l'une de ses musique phare, et bien cet amplificateur m’a permis de m’en délecter de la première à la dernière note !
Tout cela pour moins de 300€… Chapeau bas SMSL et THX ! Vous êtes arrivé à concevoir un amplificateur qui va secouer le monde de l’audio ! (enfin... Comme SMSL est Chinois, la majorité des gens qui trouvent qu'un appareil à moins de 2000€ est forcément nul, lui font déjà une réputation très mauvaise alors qu'ils ne le connaissent même pas... C'est bien triste...).