J'ai 42 ans à cette date mais je suis un tout jeune "audiophile". Mon baptême audio ne date en effet que de 3 ans, lorsqu'un ami musicien m'a fait écouter chez lui d'excellents enregistrements sur une paire d'enceintes actives que je lui ai chiper quelques jours plus tard. C'est l'an 0 de ma vie audio... Avant cela je n'avais jamais rien entendu de tel ni même imaginé qu'on puisse ressentir cette impression de présence, de relief et de transparence à l'écoute d'un CD !
Depuis lors, dans ma quête de sensations audio, j'ai fait quelques découvertes que je peux déjà partager ici avec les débutants comme moi. Toutefois, le chemin est long et je peux seulement contribuer à baliser le début du parcours. J'ai besoin de vous autres pour la suite, si vous le voulez bien.
C'est l'ambition de ce topic : donner des repères sur les étapes clefs du parcours, sur l'ordre des choses, le poids réel des ingrédients dans la recette.
Lorsqu'il lit tous azimuts les reviews des audiophiles accomplis le débutant est parfois comme un jeune athlète qui considèrerait sérieusement l'achat d'une combinaison de natation pour améliorer son temps... incapable de distinguer les nuances dans les differentes sources de progression qui s'offrent à lui à son niveau. Il en découle des déceptions, à cause de sommes mal investies et d'attentes irréalistes, qui conduisent les moins persévérants à dénigrer la quête, crier au mythe et à la fumisterie des équipements haut de gamme !
Le premier ingrédient de base que personne n'aura râté je crois, c'est un jeux de haut-parleurs de qualité (enceintes, casque ou intras). Ma première écoute d'un Grado SR-80 m'a offert un effet "live" qui m'a convaincu d'investir dans mon premier casque sédentaire.
Le second d'ingrédient fondamental, quelquefois négligé d'après ce que je lis, c'est la qualité de l'enregistrement. Ce ne sont pas les CD que j'avais apportés avec moi qui m'ont convaincu de la qualité des enceintes du copain dont je parlais plus haut. Ça sonnait bien, mais pas de quoi me faire chavirer. En revanche, lorsqu'il a choisi de passer les enregistrements de sa CDthèque... Là, je l'ai regardé avec des yeux ronds et je me suis dit... merde, c'est dingue !
Après ça, je me suis perdu trop tôt et trop longtemps dans les considérations d'encodage (formats et débits) pour finalement conclure que la qualité CD suffisait à transporter toute l'émotion dont j'ai besoin pour l'heure. J'évite les fichiers 128kB/s (streaming gratuit) qui sonnent "à plat" (comme derrière une vitre) en comparaison des CD. Le 320kB/s se défend bien (streaming payant) mais je ne me risquerait pas à encoder ma musique avec perte compte-tenu de ma démarche. En revanche, je n'ai rien pu tirer des fichiers 24 bits ou DSD à cette étape de mon parcours audio.
Côté lecteur, j'ai acheté trop basique au départ. Un petit objet dont je pensais qu'il sonnerait mieux que mon smartphone parce-qu'il était étiqueté "hi-res". Non en vérité, la capacité à décoder des formats hi-res grâce à une puce dédiée n'est absolument pas pas la garantie d'un rendu sonore hi-fi. J'ai procédé par petits sauts en donnant trop d'attention au Dac embarqué (ESS, AKM, CIRRUS), qui concentre une bonne partie des discussions, plutôt qu'à la qualité de l'amplification. Il s'avère que les DAP d'entrée de gamme n'ont pas d'étage d'amplification dédié et ça s'entend ! Ajouter un ampli nomade à mon lecteur m'en à fait prendre conscience. Mes casques et intras sonnaient immédiatement mieux, avec plus de profondeur. Or le relief sonore, s'il ne suffit pas, est essentiel à un rendu hi-fi.
Ayant reçu ce nouveau déclic, je me suis mis en quête de nouveau matériel et j'ai de nouveau été déçu par ce que j'entendais ou plutôt je ne trouvais pas ce que je venais chercher. Les premiers amplis casques haut de gamme dans lesquels j'ai posé mes oreilles m'ont d'abord laissé dubitatif sur leur plus value. Avec le temps, j'ai compris que mes attentes étaient mal placées et que mon attention ne se portait pas au bon endroit lors des écoutes.
Mon erreur était d'espérer quelque chose de plus quand, finalement, le propre de l'équipement était plutôt d'enlever quelque chose : moins de bruit, un voile qui se lève, moins d'écho, des notes moins agressives, moins hachées... par exemple... ce qui contribue in fine à rendre la musique plus naturelle et réaliste et non pas plus démonstrative au sens d'exagérée. C'est le casque qui se charge de l'équilibre tonale, pas l'ampli... du moins pour l'essentiel et tant que le casque n'est pas sous alimenté, ce qui est facilement le cas, même avec des casques dit de faible impédance (30 ou 60 ohms dans mon cas).
C'est de façon inattendue, lors d'écoutes détendues que des informations clés m'ont sauté aux oreilles alors que les écoutes soit disant attentives me fermaient paradoxalement à toute perception utile, parce-qu'elles focalisaient mon attention sur des aspects de la musique où il ne se passait rien. Gare donc à ne pas se tendre en voulant entendre quelque chose.
Ce qui fonctionne bien pour moi, pour être vraiment attentif à ce que donne un système audio, c'est de fermer les yeux et d'imaginer la scène... Où est l'artiste par rapport à moi ? Proche ou éloigné(e) ? Qu'est-ce qu'il y a en arrière plan ? Combien de plans ? Dans quel espace somme nous ? Une voiture, une pièce close, sous la couette, une rue, un Zénith, un stade ? Sous cet angle de vue, disons la scène sonore et la transparence, il est finalement aisé de distinguer mon smartphone, mon DAP et mon ampli sédentaire qui offrent une sensation d'espace et un niveau de réalisme progressif.
Sans cela, à la première écoute, je ne juge que l'équilibre tonale du casque... C'est cela qui prédomine, et ni le DAC ni l'ampli ne va changer cela, ou peu.
Pour faire l'exercice ci-dessus, il y a des titres plus révélateurs que d'autres. Par exemple, sur la piste 5 "(Guitar)" de l'album "An Awsome Wave" d'Alt-J, une guitare joue au premier plan avec des bruits de rue en arrière plan. Sur le smartphone, ce scénario sonne artificiel : la guitare et la rue se mêlent mal, car la guitare résonne comme dans une boite ce qui ne colle pas avec un espace ouvert. Sur l'ampli sédentaire en revanche, les murs tombent, la scène s'ouvre en largeur et en profondeur pour un résultat tout à fait crédible. Le DAP offre un résultat intermédiaire dans mon cas, pas absolument réaliste mais déjà agréable et reposant à l'écoute. On peut faire le même exercice avec la piste 8 "Parking Lot" de l'album "A Star is born" (Le film mettant en scène Bradley Cooper et Lady Gaga). Devant l'arrière plan venteux, le smartphone me donne à imaginer ce dialogue dans une voiture, quand je dirai plutôt à l'abris d'un mur avec le DAP et à l'abris d'une veste avec l'ampli sédentaire. Outre la scène sonore on perçoit vraiment des différences de transparence.
Autre angle d'écoute révalateur de nos systèmes, mais déjà plus subtile et, surtout, à l'encontre de la recherche du "gros son" : est-ce que l'écoute est fatigante ? Est-ce que la musique coule comme de l'eau ? Y a-t-il des passages "acides" ou "bourratif" ? Je le dis avec mes mots
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Moins intellectuel mais assurément objectif, le meilleur baromètre de qualité d'un système audio : les battements de pied, le dandidement de la tête ou du corps, la chaire de poules, les larmes, les écoutes tardives... Si vous n'avez rien eu de tout ça, bonne nouvelle : vous avez une marge de progression
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En parlant d'écoute tardive... je vais aller me coucher je crois !
Au plaisir de vous lire sur ce sujet s'il vous plaît, car j'ai besoin que vous me balisiez les prochaines étapes
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Bref... Pouvons nous ici faire oeuvre commune pour guider un peu l'éducation de cette chose toute personnelle qu'est "l'écoute" et qui nous permet d'apprécier de plus en plus la musique et la hi-fi à mesure que ce sens s'aiguise ?