[FEEDBACK TOUR TN] CRAFT EARS OMNIUM

[sausalito]

1: INTRODUCTION

L'essai des Craft Ears 6 en 2020 m'avait laissé une mauvaise impression: Un fit catastrophique et un son clinique sans âme. C'était deux bonnes raisons pour avoir envie d'essayer ce nouveau modèle.

Je remercie Craft ears pour le prêt des Omnium et kazou de l'équipe TN pour l'organisation du tour

Les Omnium sont des intras tribrides ayant les caractéristiques suivantes
- Un DD pour les graves
- Un Planar pour les médiums
- Un BA pour les médiums supérieurs
- Deux BA pour les aigus
- Deux BA pour les "Super aigus"
- un cross over de 6 voies
- la fréquence va de 8Hz à 40Hz
- L'impédance est de 12 ohms

Les Omnium sont livrés dans une boite contenant un étui de transport proche de la boite pélican
avec les intras, le câble avec deux terminaisons 3.5 et 4.4 et six paires d'embouts.
Ils sont à mon goût très esthétiques, beaux sans ostentation, par contre j'ai assez souvent remarqué que des retours notaient une fragilité de la coque aux rayures.
Le câble est un cuivre plaqué argent de quatre brins.

En ce qui me concerne, le fit est excellent, ce qui est une première surprise, mais il n'est pas évident que la grosseur et la longueur de la canule permette à tout le monde de dire la même chose!.


2: LE SON



a- Conditions de test

Ecoutes faites avec un Cayin N8ii en solid state et en tube
Je n'ai pas utilisé l'égaliseur ni changé de câbles, le but étant de tester le son "originel" des intras
J'ai comparé l'Omnium avec les EE Odyssey qui, ça tombe bien, ont souvent un son très différent.

b- Liste des morceaux utilisés et pourquoi

1- Bach - Prologue de la "passion selon Mathieu" - Bruggen - scène sonore,séparation, définition
2- Bach - "Suites pour Violoncelle" N°1, prélude - Queyras - basses,timbres
3- Vivaldi - "Les quatre saisons", l'été, presto - imagerie, vitesse, dynamique
4- Pavarotti/Clapton - Holy mother - "50 best tracks" - imagerie, transparence,timbres, registres
5- Coldplay - Viva la vida - "Live 2012" - scène sonore, "carré magique"
6- Beatles - A day in the life - "Sgt Pepper" - imagerie, registres
7- Angra - Carolina 4 - "Holy land" - vitesse
8- Radiohead - Nice dream - "the bends" - "carré magique"
9- The Connels - 74-75 - "Ring" -aigus, tranparence, vitesse
10- Alison Krauss - when you say nothing at all - "Don't close your eyes" - voix féminines, aigus
10- Zimmer - Jack sparrow - "Pirates des caraîbes" - imagerie, transparence
11- Radka Toneff- the moon - - hauteur!
12- Massive Attack - teardrop - "Mezzanine" - subs et basses
13- Renan Luce - repenti - mp3 de mauvaise qualité
14- Queen - the show must go on - dsf

c- Le son

Un petit rappel des définitions du "Carré magique"
La résolution est la capacité à individualiser une voix ou un instrument,c'est donc un synonyme de détourage,elle est le plus souvent liée à une perception organique du son.
La séparation est la capacité à ressentir de l'espace entre les musiciens,il peut y avoir une bonne résolution avec une séparation insuffisante .
La Définition est la capacité à percevoir un maximum d'informations,il peut y avoir une grande définition sans séparation ni résolution
La transparence est la capacité à retranscrire les nuances et subtilités de la musique,une grande définition sans transparence donnera un rendu analytique et "clinique"

le ou les chiffre(s) entre () dans chaque item renvoie(nt) au numéro du morceau de musique.

REGISTRE: J'ai perçu une grande fluidité dans le passage d'un registre à l'autre

BASSES: Plus de sub sur les Odyssey et graves ayant plus de corps avec les Odyssey encore. (12)Par contre l'Omnium est plus contrôlé et plus rapide.Il y a concentration sur le rythme et la dynamique plutôt que sur la texture et la richesse

MEDIUMS: Ils offrent beaucoup de détails et une grande fluidité mais je ne peux m'empêcher d'y
trouver un manque de corps (4)(6)

AIGUS: brillance dans Vivaldi (3), grande extension sur (9) et (10). Le mode tube du cayin permet un contrôle des aigus qui deviennent excellents

RESOLUTION: La résolution est dans la plupart des cas énorme (6) (8)

SEPARATION: la séparation n'est pas au niveau de la résolution, bien que la qualité de cette dernière puisse donner l'impression du contraire, la comparaison entre les Odyssey et l'Omnium sur (8) par exemple est édifiante.

DEFINITION: la définition est de même qualité que la résolution, elle tend parfois à donner un côté clinique à la musique (4) (6) (11), il faut par contre noter que les dossiers style dsf sont très bien pris en compte avec un rendu magnifique

TRANSPARENCE: dans beaucoup de morceaux il y a un manque de transparence et d'âme,(1) (2) (4)

VITESSE: intras rapides,(3) (4) (7)

DYNAMIQUE: excellente dynamique dans tous les cas

SCENE SONORE ET IMAGERIE: grande largeur, ex sur (3) et (5), mais profondeur au centre peu importante, très belle hauteur également par exemple sur (11) mais j'ai l'impression d'avoir le visage colé contre une TV LED alors que j'ai l'impression d'une TV à tube avec les Odyssey !. à noter aussi que la scène sonore est moins "palpable" qu'avec les Odyssey


Scène sonore telle que je la perçois avec l'odyssey et l'omnium

POLYVALENCE: les fichiers musicaux de basse qualité passent mal là ou les fichiers de grande qualité montrent toutes les qualités de vitesse de définition et de transparence de l'Omnium . l'odyssey est plus arrangeant avec les mp3 et plus lourd et lent avec les dsf



EXEMPLE DE NOTES QUE JE PRENDS
RADIOHEAD
Om: résolution et définition +++, séparation et transparence ++
Od: séparation et transparence +++, résolution et définition ++
"Nice dream" est un morceau typique de radiohead, l'écoute attententive montre un grand nombre de motifs musicaux superposés, les qualités de résolution et définition de l'Omnium, ainsi que la dynamique et la vitesse rendent le morceau addictif. Le morceau permet d'entendre également que les Odyssée ont une bien meilleure séparation.C'est un de ces morceaux qui ne nécessite pas une grande profondeur et du coup pas de problème de scène sonore
BACH
Om: profondeur plus grande aux extrémités, les sons du centre ont tendance à être excentrés
sur les cotés, mauvaise imagerie
Od: bien plus centré , passage de droite à gauche plus progressif, son plus charnu



3: CONCLUSION

Les Omnium ont un son qui tend à la brillance, la sécheresse et la technicité
là ou les Odyssey sont plus chauds, charnus et musicaux. c'est en fait une coloration dans les deux cas, le terme de neutralité serait plus adapté à l'aroma audio jewel
les Omnium ont de grandes qualités de résolution et de définition ainsi qu'une scène sonore et une imagerie remarquable, avec malgré tout une profondeur qui montre ses limites avec de grands ensembles musicaux et qui l'empêche d'être un intra totalement polyvalent.

C'est en résumé d'excellents intras qui ont un très bon rapport qualité/prix

[gilou974]

merci pour ce feedback

[Glacier78]

Merci pour ce retour. La comparaison avec les Odyssey est très intéressante pour moi.

[patatchod]

Quel retour !!
Merci Doc Sausa
Je suis assez en phase avec toute cette analyse. Là ou je rajouterais bien un p'tit truc, c'est sur cette phrase :

Les Omnium ont un son qui tend à la brillance, la sécheresse et la technicité

Oui, certes, mais,à mes oreilles, ils gardent une musicalité marquée. Ils ne sont pas que techniques, secs ou brillants. Heureusement d'ailleurs car sinon ils seraient inaudibles pour moi...
J'ai hâte de récupérer mes Omnium.

[sausalito]

@patatchod
Merci,
Il est plus que probable que mon impression de brillance est en partie due à mon long pacs avec les Odyssey

[TheDecline01]

Bon ben ça va être difficile de faire un bon retour après ça... Bravo !

[MrLocoLuciano]

Merci Sausa pour ce joli retour

Les Omnium ont un son qui tend à la brillance, la sécheresse et la technicité

Oui, certes, mais,à mes oreilles, ils gardent une musicalité marquée. Ils ne sont pas que techniques, secs ou brillants.

Complètement d'accord

[Td310]

Les Crafts Ears Omnium viennent dans une boite type pelicase avec un câble en 2 pin, il est modulable au niveau du jack. Sans surprises, des embouts sont aussi présents. La câble est qualitatif et est composé de cuivre OCC plaqué argent.

L’intra est plutôt massif (poids et dimension), ce qui peut paraître justifié avec la technologie utilisée à l’intérieur : 6 BA, 1 DD et 1 planar. Le prix élevé correspond à leur flagship : 2499 euros. Il se positionne devant les Aurum 1395 euros et les Craft Six 1095 euros. Il est intéressant de préciser que les prix des versions custom sont identiques aux prix des versions universels.

Concernant l’ergonomie, je ne pense pas qu’ils conviennent à tous en universels. En effet, la canule est assez longue avec un angle qui peut rendre l’écoute douloureuse (c’est mon cas à environ 1h d’écoute). Les Omnium sortent beaucoup de mes oreilles et appuient fortement à l’entrée de l’oreille.

Les Omnium nécessitent pas mal de puissance. En effet, pour avoir le même niveau sonore qu’avec mes Hidition NT6, j’ai dû ajouter + 5 au volume de mon Cayin N6-II (carte Burr Brown en high gain).

Sonorité

L’écoute des Omnium a été faite sur mon Cayin N6-II avec carte Burr Brown, sortie 4,4 avec le câble stock. Les embouts utilisés sont les spinfit W1. Je n’ai pas pu écouter sur d’autres sources un peu plus neutres, désolé.

Les Omnium ont une sonorité plutôt neutre, vers la clarté, avec un boost dans les sub basses. La proposition est solide. La première impression a été des basses percutantes, des voix et des aigus détaillés et présents. Les transitions sont rapides, les aigus non agressifs (mais j’y reviendrai). L’écoute est « analytique » avec beaucoup de détails, mais pas dans le sens aseptisé et est plutôt joueuse. Une grande dynamique. Le son est plein, on peut dire massif dans le poids des notes. Il y a une épaisseur dans le son.

Je n’écoute plus trop mes intras, mais en écoutant les Omnium je pensais forcément aux miens, les Hidition NT6. Les NT6 sont assez vieux (2013, 1100 $, belle review ici pour les curieux. Il faut cliquer sur 2 et 3 pour lire les pages suivantes. https://theheadphonelist.com/hidition-nt-6-2/).

Clairement la technologie a bien évolué. Les Omnium ont selon moi un prix justifié au regard de la performance et de la technologie (on dira que je ne me sentirais pas volé à ce prix – à nuancer car n’ayant pas testé d’autres HDG…). Ils sont polyvalents, plus que les NT6. La spatialisation est aussi plus grande. Mais, il y a un mais, les NT6 conservent une identité unique. Les basses sur les NT6 sont peut être plus linaires et sèches, mais l’écoute est moins fatigante. De plus, la séparation est plus importante sur les NT6. Les aigus des NT6 sont selon moi au dessus des aigus des omniums. Ils sont plus liquides, plus fluides, plus diffus et nuancés. Certaines notes à l’extrémité droite du spectre me paraissaient sèches sur les Omnium. Ce n’est pas le cas sur les NT6. Alors peut être que mes oreilles sont habituées aux NT6 et que les Omnium sonnent plus dans le vrai, mais je préfère les NT6 sur ce point.

Cable rolling

J’ai essayé quelques câbles pour voir si on pouvait calmer l’ardeur des sub et rendre les aigus un peu plus fins. Par rapport au câble stock. La meilleur association (Cayin N6-II (burr brown) + Omnium) était avec le AcePurple de NICEHCK en cuivre 7N OCC. Un câble produit en faible quantité (une centaine). Le son est moins dynamique, recentré vers les médiums. Les infras en recul en quantité, les aigus sont moins secs et moins présents. J’ai aussi essayé le AceLilac (cuivre 7N OCC et 7N plaqué argent), le son était trop brillant par rapport au AcePurple. Le SnowWings (cuivre 7N plaqué argent avec connecteur OFC) apporte une sonorité plus ronde : infra en baisse par rapport au câble stock et des basses en avant, aigus plus grossiers et moins détaillés, voix en avant. Il y a aussi une séparation moins importante.

Conclusion

Des intras neutres, légèrement boostés au niveau des subs, dynamiques et rapides. Toutefois, l’ergonomie en universel peut poser problèmes à certains.

[sausalito]

Merci pour ton excellent retour

[ttaazz]

Pareil, merci pour ton retour td310 et merci a Sausa également

[DaveStarWalker]

Merci pour ces retours

[TheDecline01]

A mon tour !

Craft Ears Omnium

Introduction

Superbe opportunité offerte que voilà, tant par Craft Ears que par TN pour nous permettre de bénéficier d’une paire d’exception, on parle de 2500€ tout de même, à peu de frais. Sans refaire un historique qui sera déjà fait, Craft Ears s’est fait un nom avec les Aurum, appréciés sur ces terres malgré une propension à réclamer du jus pour chanter. Et ce d’autant plus qu’ils sont à un tarif que l’on qualifie en 2025 de raisonnable : 1400€. Déjà des tribids comme on dit, et les Omnium perpétuent cette tradition, avec cependant un petit tour en plus : exit les electrostatiques (du peu de contact que j’ai eu avec cette techno, je n’en suis pas fan : très étendu certes, fluide, mais bien trop doux et en manque d’aspérités, donc vous imaginez aisément que leur disparition ne me chagrine point) et bienvenu le nouveau truc à la mode, le planar.

Les accessoires

Alors remplacement mais pas poste pour poste, le driver planar s’occupe des médiums là ou les électrostatiques prenaient soin des aigus. Choix intéressant disons philosophiquement car si nous connaissons la réputation des basses des casques planar, ainsi que leur utilisation pour les aigus, à ma connaissance, il s’agit d’une première en tant que porteurs des médiums. Bonne idée ou non ? A voir donc.

Sur la présentation des bestiaux, je suis assez peu sensible à toute forme de luxuisation donc j’apprécie une boîte sobre, en carton bien épais et solide. Pas d’esbrouffe, c’est très bien. Surtout si c’est pour laisser la place à un câble qui respire la qualité. Du cuivre si on en croit son apparence externe, excellemment souple et dotés de connecteurs 2 broches qui ont l’air solides côté écouteurs, et d’un jack interchangeable côté source. Superbe initiative surtout que ça a l’air d’être du costaud. Maigre défaut, le jack droit est plus long que la moyenne ce qui favorise les effets de levier lors des secouements dans une sacoche par exemple. A voir si ça peut porter à conséquence sur le long terme.

Autre effort notable sur les accessoires, proposer des embouts « connus », des Tri Clarion en l’occurrence. Pas mes préférés, mais ils sont notablement meilleurs que des embouts no-name no-plaisir. A cela s’ajoutent des double-flange. Autant être honnête, ayant une cargaison sévèrement burnée d’embouts déjà, je ne les ai même pas essayés pour me fixer sur des Divinus Velvet en M (pas les wide bore, moins bonne isolation et je n’ai pas ressenti l’apport de la plus grande ouverte sur des intras qui filent des hauts). Mais je salue l’initiative au même titre que le câble de proposer autre chose qu’une offre standard. Après à 2500€, on peut se permettre de pousser encore plus sur les embouts je pense (Azla, Divinus, JVC et bien d’autres promettent des associations plus qualitatives tant sonores que confort).

Et dans la boîte en carton, l’inévitable pelican pour le transport des intras. Enfin j’imagine. Je n’ai jamais compris l’intérêt de ces boîtes systématiquement offertes avec les intras un peu haut de gamme. Je les mets toujours bien soigneusement à l’abri dans un tiroir où elles prennent la poussière. Pour moi, un intra c’est dans une sacoche, et ma sacoche n’a pas la place de s’embarrasser d’une boîte pelican. Et je ne compte pas voir si un intra dans une pelican passe sans dommage sous un 36t. Bref. Si on en venait aux intras eux-mêmes désormais ?

Fabrication

Avant de s’attarder sur le son, la qualité de fabrication. Car on parle bien de qualité de fabrication. La coque laquée est impeccable. Les finitions irréprochables avec du noir et doré qui ne débordent pas, une jointure maîtrisée et une véritable impression de solidité. Je vous le dis car je viens des Spiral Ear SE6 Edge dont le plastique n’inspire pas confiance, et dont je peux témoigner le manque de résistance. Et même des Final Audio A8000 tout metal, mais dont les jointures sont moins maîtrisées, le cache connecteur montrant des signes de faiblesse. Ici, c’est super propre. Ça ne révolutionne pas l’industrie, mais c’est nickel, et le minimum à ce tarif. Du bel ouvrage.

Avant son !

Et pour la partie musique maintenant, car c’est bien pour ça que nous nous levons tous les matins. Sachez que j’ai fait un effort, j’ai essayé de sortir de mes sempiternels black et death metal. J’ai pioché dans de la pop sophistiquée chez Dredg – The Pariah, the Parrot, the Delusion, fort bien produit, la classique puissante du Rheingold de Wagner et quand même d’un bon Korn – Untouchables car c’est un peu le mètre-étalon de la grosse production metal. Et puis ensuite toute la palanquée de death metal, du Hate Eternal – Infernus, perle de death brutal excessivement bien produit, ou tout ce qui a pu passer selon l’envie, incluant du black metal mal produit à la Darkthrone, histoire quand même de voir si tout passe.

Alors oui, tout passe à mes oreilles, mais étonnamment, là où j’ai paradoxalement eu le plus de mal c’est avec le gros death brutal à grosse production. Les grosses caisses. Leurs battements à la quadruple croche, j’ai mis du temps à m’y faire, je vous le dis tout de go. La cause : les subs. Car si vous avez pris la peine de jeter un coup d’œil à la réponse en fréquence des Omniums, vous avez vu que ça remonte en bas. Dru. Très en fait. Car j’ai des A8000 qui sont loin d’être anémiques dans cette zone, là on est à un autre niveau.

Bienfait : vous ne serez jamais en manque de ligne de basse ou de grosse caisse (ou tout autre instrument de votre sphère d’appréciation produisant dans cette gamme de fréquence)

Malfait : vous ne serez jamais en manque de… etc

Autant j’ai toujours été plus ou moins à la recherche de la basse perdue (le prochain Indiana Jones), autant je crois avoir atteint mon point d’équilibre avec les A8000. Ça remonte franchement, c’est parfaitement audible, 6-7dB en gros, mais c’est progressif depuis 5-600Hz jusqu’au max situé à 45Hz, et sans artificialisation du son. Les Omniums font beaucoup moins dans la dentelle : à partir de 150Hz vous montez brutalement de 12dB pour finir à 20Hz. C’est colossal à mon goût. Et ça m’a posé problème initialement, me donnant l’impression d’en avoir trop, tout le temps, et avec une plasticité du bas peu agréable.

Alors on continue les écoutes et on s’y fait petit à petit. Car les musiques calmes déjà ne souffrent pas de ce défaut, étant bien moins affamées de cette extrémité, et surtout y recourant avec parcimonie. Puis même les musiques brutales ont su se faire dompter, bien que j’ai toujours en tête cette chanson lancinante « et si on en mettait un poil moins quand même ? ». Bref, vous aurez compris que cette emphase marquée (très) et tout à fait assumée est bien à prendre en compte. Sachez où vous vous situez.

Toutefois, ayant possédé les Fatfreq Maestro mini (le « bas » de gamme), les Omnium s’en tirent bien mieux. Déjà parce qu’ils en tartinent pas partout (les mini débutent leur remontée vertigineuse dès les mid basse ce qui prend beaucoup plus de place dans le spectre), ensuite parce que le driver doit être bien plus rapide, donc pas de sentiment de boueux. Bref, maîtrisé. Pourtant l’ajout de dB en-dessous de 50Hz est étonnamment similaire entre les deux (bon, quand même 5dB d’écart en faveur des minis, mais à ce niveau…). Vous aurez compris que le changement de gamme se fait bien sentir.

Pour le reste du spectre, à mes oreilles. Attendez, je vais l’écrire en plus gros. A MES OREILLES. C’est équilibré. Les aigus filent très haut, les médiums ne sont pas timides, chaque gamme de fréquence tient sa place. Les aigus paraîtront certainement en avant car en fait ils ne plongent pas après 10kHz, chose courante dans le monde des intras, merci la technologie sans tube ici usée je pense (j’ai un souvenir similaire des Tia des 64audio). Equilibrée, et donc sans agressivité (ai-je écrit auparavant, « à mes oreilles » ?). Ce qui fait que même le black metal crade de Darkthrone ou les débuts de Emperor ne m’ont pas gênés. Mais à quel prix ?

En fait le prix se paie par rapport aux sub, car si l’équilibre est présent sur l’arc médium-aigu, le déséquilibre existe en amont dans les subs. Et il se répercute sur la perception du reste, semblant plus bas, et donc timoré. Pousse le volume Gégé alors ! me dites-vous à raison. Certes, mais d’une, je tiens à mes tympans, et deux ça veut dire que je pousserais également les subs, et ça, je ne le veux franchement pas. Alors égalise sale paresseux. Oui, certes. J’eusse pu. Mais je ne l’ai pas essayé car si je souhaitais faire un test « brut » ici, je suis doublé d’un paresseux.

Une sonorité globale qui en comparaison au hasard de SE6 Edge, pourtant pas les chantres ultimes de la clarté, mais au haut médium bien plus protubérant face aux basses, les Omnium paraissent ternes. Et de ce fait, pour moi, mes tympans, ils manquent de brillance, zone que je valorise particulièrement car elle amène cette touche d’agressivité qui rend la musique vivante, condition quasi indispensable pour passer le cut chez moi.
Et je ne saurais dire si c’est une autre conséquence, ou alors plus une caractéristique liée aux drivers, qu’importe, la dynamique est en retrait. S’entend, par rapport à mon référentiel qui, au même titre que la clarté, met très haut le critère de dynamique. Et que les choses soient claires, la vraie dynamique, celle sui se mesure entre le son le plus bas et le plus haut d’un enregistrement. Celle qui te fait vibrer sur une écoute enceinte à 100 mille balles. Celle qui te dit qu’un Susvara fait vraiment mieux là sur un point précis qu’une paire de HE-6, ou celle qui indique que les Final Audio A8000 vont plus loin sur ce point que les Omniums. Et comme je la valorise, alors cela me permet de classer.

C’est fort dommage car sur ce qui est de ramener les derniers détails d’un enregistrement, séparer les fréquences tout autant que les instruments, les Omniums sont au top niveau. Pour quiconque souhaite décortiquer la musique sans s’imposer un exercice de concentration de dingue, ils se posent là. Il faudra bien sûr toujours mettre en balance cette propension à produire des subs, mais encore une fois, je pense également que le type de musique que j’écoute n’est pas adapté à ces intras (enfin, plutôt l’inverse en vrai).

Tu conduis ?

Et la puissance dans tout ça ? Alors je me suis amusé à les brancher sur mon ampli trans-portable le Quloos QH1, bête qui sort 6,5W à 32 ohms, largement de quoi se faire saigner. En faisant gaffe à bien régler le son pour ne pas me faire saigner justement, c’est toujours très bien, mais face au bon vieux Hiby R8 qui fut mon compagnon principal d’écoute, pas de gain notable, et ce même en se laissant des chansons complètes avant de repasser à l’autre.

Sur le R8 donc, pas de difficulté majeure à driver. Je suis resté en low gain. Je suis resté sans mode turbo. J’ai même dû descendre le son. Là où j’écoute les A8000 à 45, les SE6 Edge à 43, les Omnium m’ont paru à leur aise dans un premier temps à 40, puis ensuite plutôt 42 une fois que j’avais admis que de toute façon, il y a beaucoup de sub décidément.

Sur l’isolation, honnêtement, c’est du haut du panier. Je n’entendais pas le train avec la musique dans les oreilles. Et même sans musique, on sent que les intras sont bien remplis, bien épais et avec les embouts qui vont bien, ça isole superbement. Le dernier point d’accrochage pourra être le confort. Enfin… je n’ai eu aucun problème à les tenir, avoir l’isolation et je n’ai jamais ressenti de gêne ou d’inconfort même sur plus d’une heure. Par contre, ils sont GROS. Et la canule est longue. Alors si ça participe à la facilité du port, ça fait aussi diablement sortir les intras des oreilles. Tant et si bien que le câble, éloigné de votre oreille, peut avoir tendance à sortir de derrière l’oreille pour pendouiller dans le vide. Pas franchement l’argument pour dire « Non j’achète pas », mais si vous y êtes sensibles, ça peut jouer.

Conclusion

J’ai aimé le temps passé avec les Omniums. Je suis ravi d’avoir eu le privilège de croiser leur route, tester des intras aussi haut de gamme, avoir un aperçu de ce que donne le meilleur en 2024 (je sais que nous sommes en 2025 mais les intras sont sortis l’an dernier). C’est impressionnant sur certains points, mais sur d’autres je me trouve mieux lotis. Qui plus est, la signature, finalement le point le plus évident quand on chausse des intras, ne me convient pas plus que ça. Je pourrais vivre avec hein, mais définitivement, trop en bas, pas assez en haut à mes goûts.

[Glacier78]

@Td310 @TheDecline01 merci pour vos superbes retours !

[Jkay]

Alors remplacement mais pas poste pour poste, le driver planar s’occupe des médiums là ou les électrostatiques prenaient soin des aigus. Choix intéressant disons philosophiquement car si nous connaissons la réputation des basses des casques planar, ainsi que leur utilisation pour les aigus, à ma connaissance, il s’agit d’une première en tant que porteurs des médiums.

Sur les Szalayi, il est également fait appel au planar, pour s'occuper des mediums. Et les mids, c'est justement LE point fort de ces Oriolus bleus...

Excellent retour que le tien, au sujet de ces Omnium. Très bel effort (c'en est un...), merci à toi.

[sausalito]

@TheDecline01
Merci pour ce super retour
Marrant et instructif de constater que nos différences dans le perçu sont liées
aux différences dans nos setlists