Salut à toi l’ami(e),
Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
... En matière de casques, les « poids lourds » ne m’ont jamais fait peur. J’en ai connu plus ou moins longtemps plusieurs d’entre eux, nommés Audeze LCD-X, LCD-2, LCD-3, JPS Labs Abyss AB-1266 ou Grado PS1000… L’Odin serait-il l’exception à la règle avec ses 780 grammes (câble bilatéral de 2 mètres inclus) affichés sur la balance ? Je dirais que le doute subsiste sur des sessions d’une plus longue durée que celle à l’origine de ce retour d’expérience, et ce en dépit de l’astucieux mécanisme d’ajustement dont l’Odin a été doté. Y avait-il possibilité pour moi de l’optimiser davantage ? Y aurait-il matière à améliorer le bandeau d’arceau afin d’optimiser le ratio poids/confort au profit de son auditeur ?... Les deux, mon capitaine ? Quoi qu’il en soit, je terminerais ce paragraphe par l’évocation des oreillettes, dont le cuir perforé qui les compose englobera avec souplesse mes pavillons d’oreilles sans produire d’effet congestif sur eux.
Le design est rustique mais les matériaux, la construction et l’ajustement inspirent rapidement une confiance qui ne se démentira pas durant notre rencontre.
L’amovibilité du câblage d’un casque a toujours eu mon approbation, Kennerton ne me décevra pas sur ce point ; les mini-connecteurs XLR sont de bonne facture. Mais le choix d’une fiche Jack 3.5 et non 6.35 millimètres, quant à lui, me laisse dubitatif. Certes, la sensibilité de 104 déciBels de l’Odin le rend effectivement compatible avec une utilisation nomade, mais s’agissant d’un casque d’architecture ouverte, il est difficile pour ma part de ne pas partir du principe que l’écoute sédentarisée est sa vocation première et qu’il doit donc être prioritairement équipé pour cet usage.
D’une très bonne polyvalence, l’Odin est un casque globalement équilibré, sans emphase marquée ou empiètement inter-fréquentiel intempestif. L’aigu est raffiné, le médium est riche et le grave est texturé. Il m’a semblé se faire plus expressif que l’Abyss à certains endroits dans le haut-médium, un soupçon plus lumineux dans l’aigu, et moins profond dans le grave. En fait, son équilibre tonal se démarque vis-à-vis des modèles orthodynamiques que j’ai eu l’opportunité d’entendre avant lui.
Ce que j’apprécie, entre autres aspects avec l’Abyss, c’est la matité dont il fait preuve sans sacrifier à la transparence, car je suis de ceux qui s’accommodent désormais difficilement d’un haut-médium un tant soit peu appuyé ou démonstratif. C’est d’ailleurs la première interrogation qui me vient à l’esprit lorsque je décide de m’essayer à tel ou tel casque. Avec l’Odin, je n’ai rien ressenti de tel, du moins en étant couplé en mode OTL à un AudioValve SOLARIS, puis à un AudioValve MARK – 3, je le précise. Aucune projection, dureté et sibilance ne se feront ressentir. Aucune rondeur et trainage ne se feront entendre. Bref, l’Odin possède la musicalité qui convient et aussi l’énergie qui s’impose en ce qui me concerne, car s’il n’impacte pas autant que sait le faire un Abyss, il n’en est pas non plus extrêmement éloigné.
Evidemment, l’Abyss reste incontesté en termes d’image… Pour autant, cet Odin ne manque pas d’ouverture, ni de relief, et démontre à l’évidence qu’il sait faire preuve d’aération entre les pupitres et les notes. Sa présentation est de facture classique, à mi-chemin de son auditeur si je puis l’exprimer ainsi, autrement dit ni trop frontale ou très en retrait.
Fallait-il obligatoirement que je confronte l’Odin à l’Abyss ? C’était inévitable dans un premier temps étant donné leur prix vis-à-vis de leur potentiel respectif, sans oublier de mettre dans la balance l’épineux volet de l’amplification, les exigences du premier étant significativement inférieures à celles du second. Ceci fait, si on se décidait à ne retenir que l’aspect acoustique, je ne serais pas réfractaire à voir la complémentarité se substituer à la rivalité, l’Odin sachant se faire plus précis dans l’espace qui est le sien, plus intimiste quand cela s’y prête davantage et parfois subtilement plus expressif dans sa musicalité que l’Abyss. Pour ou contre ? C’est à chacun de voir ou plutôt d’entendre...
Headphone Road
Février 2016